En assemblée générale extraordinaire ce mercredi 4 juillet à la Bourse du Travail à Kaloum, la Fédération Syndicale Autonome des Banques et Micro Finances de Guinée (FESABAG) s’est non seulement désolidarisée de sa centrale mère, l’USTG mais aussi, son Secrétaire général, Abdoulaye Sow a estimé que le secteur financier devrait avoir, sa propre centrale syndicale. «Nous participons à des grèves où les mots d’ordre sont suspendus sans aucune raison», a-t-il déploré.
Abdoulaye Sow très remonté, a rappelé qu’en février 2016, le gouvernement, le Syndicat et le Patronat se sont réunis au ministère de l’Economique et des Finances pour négocier la baisse du prix du carburant de dix mille francs guinéens le litre à la pompe à huit mille francs guinéens. A l’époque, a fait savoir le syndicaliste Sow, la vérité voudrait que le litre soit vendu à 4 500 fg ou 5 000 fg. «Par la magie des négociations, nous sommes arrivés à huit mille francs guinéens. Depuis cette période jusque maintenant, le prix du carburant a subi une tendance baissière très forte mais en aucun moment, le prix du carburant a baissé en Guinée», a-t-il rappelé.
Dans la même logique, M. Sow se dit ne pas comprendre le réajustement du prix du litre de carburant à la pompe. Une équation que personne ne peut traiter, estime-t-il. «C’est maintenant que nous sommes en face des institutions de Bretton Woods, face à la montée du prix du baril du pétrole, que le gouvernement a procédé unilatéralement à la hausse du prix du carburant sans nous expliquer comment nous sommes arrivés à dix mille francs guinéens», a-t-il regretté. «Pourquoi ils ne nous ont pas expliqués à l’époque comment nous sommes passés de 10 000 fg à 8 000 fg alors que nous devrions être entre 4 500 fg et 5 000 fg. Il y a des équations en Guinée que personne ne maîtrise. Le plus grand mathématicien du monde ne pourra pas résoudre les équations en Guinée…», a-t-il ajouté.
Sans détour, Abdoulaye Sow a affirmé que la FESABAG est la locomotive de toutes les grèves qui se déroulent en Guinée. «Parfois nous accompagnons les grèves et au finish, nous n’avons rien. Ce sont les autres qui bénéficient… Alors que, nous n’avons pas les mêmes occupations professionnelles. Nous n’allons pas continuer à suivre comme des moutons de Panurge. Nous devons faire nos propres revendications et en fonction de nos réalités…», a-t-il annoncé.
Et de poursuivre : «hier nous avons été voir le président de l’APB (Association Patronale des Banques). Nous lui avons dit que nous avons fortement perdu le pouvoir d’achat. La première proposition faite, est qu’aujourd’hui au niveau des institutions, il y en a qui ont la prime de carburant en litre. Ceux-ci n’ont rien à perdre. Par contre, ceux qui l’ont en numéraire, l’APB dit qu’il y a eu une concertation. C’est-à-dire, si tu as l’habitude d’avoir la valeur de dix litres, tu auras toujours cette somme. Nos préoccupations ne se limitent pas à cela seulement, il y a nos charges familiales qui augmentent…. Dans la même journée, nous avons été voir le gouverneur de la BCRG (Banque Centrale de la République de Guinée), Loucény Nabé. Nous lui avons posé la même question. Il nous a répondu que nous avons l’habitude de grever avec les autres. Qu’il ne souhaite pas que nous nous lançons dans une grève par solidarité et qui ne n’apportera rien. Il a dit de trouver un moment pour voir ce qu’on peut changer dans le secteur financier. Nous allons faire des propositions à temps utile», a-t-il rappelé.
Dans son speech, Abdoulaye Sow n’a pas manqué de rappeler ce que Aboubacar Soumah du SLECG dénonçait souvent lors des pourparlers. Celui-ci a toujours dénoncé le fait que des sacs noirs circulaient pendant la suspension des mots d’ordre de grève. «Toutes ces pratiques sont devenues une préoccupation pour la FESABAG. C’est pourquoi je pense que tout le secteur financier devrait former une centrale syndicale au lieu d’accompagner des centrales syndicales qui ne sont que des fonctionnaires et qui n’ont pas les mêmes préoccupations que nous (…)», a-t-il fait savoir.
Plus loin, M. Sow a rappelé qu’en 1990, le syndicaliste, Dr. Ibrahima Fofana, avait dit à Dr. Samba Kébé, ancien Secrétaire général de la CNTG, que la FESABAG se retire de la CNTG parce qu’elle n’avait pas les mêmes préoccupations. «C’est ce qui amené la création de l’USTG», a précisé Abdoulaye Sow qui conclut en annonçant que la FESABAG va bientôt déposer un préavis de grève dans l’intérêt de ses travailleurs dans le secteur financier.