La pression du gouvernement guinéen sur les miniers de faire la transformation des matières premières en Guinée semble porter fruit avec l’annonce de la signature d' »un accord non contraignant avec une filiale d’Emirates Global Aluminium pour la construction d’une importante raffinerie d’alumine » dans la zone bauxitière de Boké où elle dispose d’une concession d’exploitation du minerai.
Cette information est confirmée par Emirates Global Aluminium (EGA) sur son site Internet qui écrit que « la plus grande entreprise industrielle des Émirats arabes unis et Aluminum Corporation of China (Chinalco), ont signé un accord-cadre faisant progresser leur coopération pour le développement d’une raffinerie d’alumine en République de Guinée ». Ces 2 entreprises ont désormais l’intention de faire progresser ensemble la faisabilité du projet et l’investissement commun, précise le communiqué.
Selon l’agence de presse Reuters qui annonce avoir eu la confirmation avec le ministère guinéen des mines, Guinea Alumina Corporation (GAC), construira une raffinerie d’une capacité de deux millions de tonnes d’ici septembre 2026. La production initiale est prévue à 1,2 million de tonnes par an.
La concession initiale de GAC en 2007 était pour la construction d’une raffinerie d’alumine d’une valeur de 3 milliards de dollars US à Sangaredi, par la junior Global Alumina en conjonction avec Mudabala et BHP. Le projet sera abandonné après que le président guinéen Alpha Condé ait autorisé GAC à commencer par l’exploitation de la bauxite. Une erreur stratégique, car Mudabala avait déjà construit sa propre raffinerie à Dubai et ne voyait pas l’urgence de faire une autre raffinerie en Guinée.
Si cette annonce se réalise, elle sera la troisième usine d’alumine en Guinée. En plus de la vieille raffinerie de RusAl à Fria, l’homme d’affaires guinéen, Fadi Wazni, lors de son passage à Paris, à l’occasion du Forum, Investir en Afrique, a annoncé un projet de construction d’une raffinerie d’alumine de nouvelle génération, peu énergivore, en Guinée, à côté du port de Dapilon, terminal d’exportation de la société des mines de Boké SMB qu’il dirige. Le projet, qui représente un investissement de 1,4 milliard d’euros, sera financé à 40%, sur fonds propres et un appui de la France a été recherché. Qualifié de « projet d’intérêt national » pour la Guinée, les travaux auraient commencé et la raffinerie devrait voir le jour d’ici trois ans en 2027, selon Wazni à la presse francaise.
Malgré l’exportation de milliards de dollars de bauxite pendant des décennies dans la zone Boké-Boffa-Kamsar, certains critiques constatent que les localités avoisinantes n’ont pas vraiment profité de cette manne, avec un manque criard d’infrastructures de base, notamment les routes, l’adduction l’eau et la fourniture d’électricité. En plus, la pollution de la poussière minière et les boues rouges compliquent les activités des agriculteurs et des éléveurs de la région. Une situation qui inquiète la société civile et les écologistes, tant en Guinée qu’à l’étranger.
Quoique des détails du contrat n’ont pas été divulgués, il faut noter qu’une société émirati Streit Group fournirait des centaines de blindés en échange de bauxite, selon Africa Intelligence, dans son édition en ligne.