Pour une opération de vol dans laquelle chacun d’eux n’aurait eu qu’environ 200 000 francs guinéens, trois jeunes de la commune de Dixinn sont en prison depuis plus de huit ans. Mardi 16 octobre, leur jugement a enfin débuté devant le tribunal criminel de Dixinn. Mais, l’audience a été renvoyée à huitaine à la demande de Me Abou Camara, l’avocat de la défense qui a voulu « se mettre en harmonie avec ses clients ». Déjà, deux des accusés ont reconnu les faits en partie. Ils reconnaissent être du groupe qui a cambriolé en 2010 la boutique de Mamadou Kana Bah à Belle-vue (commune de Dixinn). A l’audience du 23 octobre, l’audition du dernier accusé devrait être suivie de la plaidoirie et réquisition.
A la barre, Karamoko Keita alias Moko a indiqué que c’était en août 2010 quand de passage, il a trouvé un groupe de jeunes hommes sur la voie ferrée, au quartier Kénien. C’était vers 23 heures. Il connaissait certains des jeunes. Il leur avait alors demandé de quoi ils parlaient. Ceux-ci lui avaient dit qu’ils partiraient quelque part à 1 heures du matin. « Je leur ai demandé de m’informer quand ils seraient prêts pour partir », a relaté l’accusé.
Poursuivant sa narration des faits, Keita a indiqué que le groupe avait quitté Kénien entre 1 heure et 2 heures. Sur le lieu, ils pouvaient être six ou sept. Il ne se rappelle pas bien du nombre exact, mais il se souvient que c’est le nommé Caster, le leader du groupe, qui avait défoncé la porte de la boutique à l’aide d’un pied-de-biche. « Il n’y avait pas grand-chose dans la boutique. Apparemment, on venait de l’ouvrir », a indiqué Karamoko Keita.
Selon Keita, le nommé Khaly, qui avait pris le peu d’argent qui se trouvait dans la boutique, avait menti au groupe en disant qu’il n’avait rien pris. Le groupe s’était alors disputé avant de se disperser. « C’est quand j’allais chez moi que les policiers m’ont arrêté au carrefour de Kénien », a-t-il dit.
A la suite de Karamoko Keita, son coaccusé Sekouba Camara a avoué sa présence au lieu de l’attaque dans cette nuit du mois d’août 2010, entre 1 heure et 2 heures du matin. Comme Karamoko, Sekouba dira que c’était sa première participation à une opération de vol. « J’étais resté dehors, les autres étaient rentrés dans la boutique. Dès que j’avais entendu le cri du propriétaire de la boutique, j’avais pris la fuite pour retourner chez moi », a-t-il dit. Cette partie de ses explications contraste avec celles de son coaccusé qui a dans un premier temps dit qu’ils n’ont trouvé personne dans la boutique, avant de dire que la personne trouvée dans la boutique n’avait pas crié.
Par contre, les accusés n’ont pas reconnu que le leader Caster avait une arme. Pourtant, dans leurs versions rapportées par l’ordonnance de renvoi, les deux accusés reconnaissent que Caster avait l’unique arme du groupe. Une arme avec laquelle il avait mis au respect le propriétaire de la boutique avant que le groupe ne procède au vol. « Je reconnais le vol, mais on ne possédait pas d’arme. Ce sont les policiers qui nous ont attribué la détention d’arme », a dit Sekouba qui dit avoir été torturé à l’enquête préliminaire. La torture, Karamoko Keita dit également en avoir subi.
Karamoko et Sekouba ont aussi indiqué que Mohamed Camara, le troisième accusé dans cette affaire, n’a jamais participé au vol à Belle-vue. « C’est à la prison qu’on s’est connu. Les autres membres du groupe, à part Banjou, n’ont pas été arrêtés. Quant à Banjou, il a été libéré depuis le commissariat », avait dit Karamoko avant que Sekouba ne le confirme par la suite.
Face à l’insistance de ses clients qui disent n’avoir jamais utilisé d’arme, Me Abou Camara a eu du mal à assoir sa ligne de défense. A deux reprises, il a donc demandé la suspension de l’audience en vue de s’entretenir avec ses clients. Une demande à laquelle le tribunal a fini par céder en renvoyant l’affaire pour la suite des débats.