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Transition en Guinée : gardons-nous des mouvements de sous…tiens !

Notre pays vit, depuis dimanche dernier, une page nodale de son histoire. A feuilleter le registre de son évolution tourmentée, l’on convient aisément que d’autres époques toutes aussi marquantes et identiques à celle en cours, ont jalonné son développement. Mais, hélas, sans jamais connaître l’aboutissement espéré.

Qu’est-ce qui a prévalu, peut-on se demander ? Des facteurs multiples ont compromis l’issue heureuse de tous ces processus qui, au départ, ont auguré des lendemains meilleurs pour notre pays et bénéficié de l’accueil enthousiaste des populations. Les premiers de ces écueils sont à chercher dans les arcanes de la politique. S’y ajoutent les effets nocifs de certains comportements, apparemment anodins, qu’on a laissé prospérer et se systématiser. Ils ont fini par distraire et gonfler de prétention les décideurs qui se sont détournés de leurs objectifs pour se muer en autocrates encensés de partout.

Il s’agit, ni plus, ni moins des mouvements dits de soutien aux autorités en place. Une véritable spécialité pour bon nombre de nos compatriotes en mal de positionnement social ou de ressources financières. Il suffit qu’un régime politique s’installe pour qu’on en crée à l’infini, avec une frénésie à donner le tournis. On en a connu de toutes les épithètes, de tous les acronymes et de toutes les abréviations laudatives.

Sous la première république, les slogans portaient pour l’essentiel sur la révolution et son guide suprême. Ils magnifient le parti et pourfendent l’impérialisme et ses suppôts. Le tout, sous-tendu par un culte de la personnalité érigé en système.

Sous le règne du Général Lansana Conté, l’imagination des géniteurs de ces mouvements de soutien a fait naître des noms aux rimes dignes des meilleurs alexandrins. A titre d’exemple, on avait le son ‘’alac ‘’ que l’on retrouve dans Mosalac, Cosalac, Morelac et bien d’autres créations encore.  Dans le lot, nous pouvons ajouter le mot Koudaȉ voulant dire « pour toujours » qui a donné le Koudaȉsme, comme une marque de fabrique. Mais, nous en oublions tellement la gamme est étendue !

Au fil du temps, le phénomène s’est étendu. Il a essaimé, du domaine politique pourvoyeur de strapontins, à celui du mécénat culturel, jugé à même de remplir les poches vides. Pour des raisons pécuniaires, les ministres et tout ce qu’on a de gros bonnets financiers dans le pays, sont sollicités à longueur de journée pour le parrainage d’activités de tous genres. On inaugure par ci, on dédicace par-là, ainsi de suite. Rien que du banal, de l’insipide. Juste pour se faire une notoriété ou empocher des dividendes. Pendant ce temps on démobilise de grands commis de l’Etat qui ont forcément mieux à faire ailleurs.

A noter qu’à aucun moment nous n’avons souvenance que l’on ait pensé à faire parrainer quoi que ce soit par un cadre moyen ou un citoyen lambda, quelques soient ses qualités comportementales ou professionnelles. Les critères d’éligibilité sont stricts. Il faut être nanti pour atteindre le statut de donateur capable de débourser du coup, des millions de nos francs au profit d’une cohorte de sangsues voraces et insatiables.

Ces multiples sollicitations faisaient l’objet d’infinis tintamarres dithyrambiques repris par tous les moyens de communication disponibles.

Devant l’ampleur du phénomène, les autorités ont bien tenté d’y mettre fin à un moment donné. Mais leur intention est restée vaine.

Sous l’ère Dadis, cette tendance a continué de prospérer. Un des ‘’champions-inventeurs’’ de l’époque a poussé la réclame au plus haut degré imaginable. Il nous a servi le slogan : « Dadis ou la mort. » C’était le comble !

De tous les régimes que nous avons connus, c’est le tout dernier, avant l’arrivée du CNRD, qui a atteint le summum dans la floraison et l’usage de slogans, mouvements de soutien et communicants en tous genres et qualités. Il serait long, voire fastidieux de les énumérer tous. Ils sont encore présents dans notre mémoire, pour les avoir entendus, lus et vus, partout et longtemps à travers le pays.

Le CNRD, conscient de l’adage qui dit que tout flatteur vit aux dépens de celui qui l’écoute, n’a pas daigné tomber sous le charme de ces sirènes louangeuses qui prétendent soutenir tous les régimes. Ainsi, dès les premières heures, les a-t-il formellement interdit.

A bien observer ces charmeurs qui peuplent nos villes, l’on remarque la promptitude qu’ils ont à dire à tout pourvoyeur qui les gratifient de bienfaits : « ok ; merci ; en avant ; nous sommes ensemble ; mon soutien est acquis ; je jure fidélité ; toi ou rien ; on met l’adversaire ko ; etc. » Mais aussi, ils sont très enclins à tourner le dos à leur bienfaiteur, dès lors que celui-ci n’est plus à même de leur être utile. C’est dans le genre « vive le roi, à-bas le roi. »

Disons-le sans ambages, tout cela n’est qu’opportunisme, démagogie, distraction, fainéantise et tromperie. Tout cela participe de la recherche d’intérêt mercantile : une notoriété, un poste dans l’administration ou de l’argent. Tout cela distrait les autorités et les fait dévier des objectifs. Tout cela incite à l’enrichissement illicite des pseudo-mécènes qui dilapident les fonds publics pour entretenir des escouades de louangeurs qui se complaisent dans le gain facile, l’oisiveté, la mentalité d’assisté permanent, les intrigues et le rejet de l’autre.

Tout soutien d’une cause ou d’une personne doit se départir de la flagornerie déloyale et intéressée et se baser sur un accompagnement actif, fidèle, constant et sans ostentation.

Si vous voulez ou devez soutenir, alors ne dites rien, ne réclamez rien, agissez plutôt. Payez d’exemple dans votre attitude et participez du mieux que vous pouvez à atteindre les objectifs visés.

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