Avec la perte brutale d’Amadou Gon Coulibaly, candidat investi sous les couleurs du Rassemblement des Houphouëtistes pour la démocratie et la paix (Rhdp), pour la course à la présidentielle du 31 octobre, Ouattara serait prêt à renier son engagement à ne pas briguer un troisième mandat, pour se mettre sur les rangs. Confortant ainsi le président guinéen, Alpha Condé dans sa posture, quand on sait que celui-ci, n’a jamais fait l’ombre d’un mystère, de ses intentions de conserver le pouvoir au-delà de 2020.
Le chef de l’Etat ivoirien vient de confirmer Hamed Bakayoko au poste de Premier ministre, fonction dont il assurait l’intérim depuis la perte brutale d’Amadou Gon Coulibaly, le 08 juillet dernier.
Le vide créé par la disparition du candidat désigné du Rassemblement des Houphouëtistes pour la démocratie et la paix (Rhdp), pourrait sans doute contraindre Ouattara à se mettre sur les rangs, dans la course à la présidentielle du 31 octobre prochain, et doucher ainsi les espoirs de ceux qui rêvaient d’un renouvellement générationnel.
En effet, après avoir brandi la menace de briguer un troisième mandat, afin d’empêcher que son pays « ne retombe dans les mains de ceux qui l’ont détruit », (allusion faite aux anciens présidents Bédié et Gbagbo Laurent), Alhassane Dramane Ouattara, âgé de 78 ans, avait fini par renoncer à se représenter à la présidentielle prévue le 31 octobre prochain. Jetant son dévolu sur son Premier ministre Amadou Gon Koulibaly, féal parmi les féaux du chef de l’Etat ivoirien.
Mais le sort en a voulu autrement, puisque le dauphin désigné n’a pu survivre aux séquelles du coronavirus, mal foudroyant dont il fut atteint, juste au lendemain du congrès ayant marqué sa désignation pour porter les couleurs du Rhdp aux prochaines joutes électorales.
Le décès de Gon Koulibaly ramène donc la Côte d’Ivoire au statu quo ante. Et rebat les cartes de ce scrutin qui ne manque pas d’enjeux. Car si beaucoup d’eau a coulé sous les ponts, plus d’une décennie après la guerre civile qui a déchiré ce pays de la sous-région, faisant plus de 3000 victimes, la Côte d’Ivoire demeure toujours fragile. Faute de justice et d’une réconciliation véritable.
Ouattara qui a supplanté Laurent Gbagbo en 2011, a dirigé le pays d’une main de fer dans un gant de velours.
Écartant quasiment tous les empêcheurs de tourner en rond. Comme Soro Guillaume, renié au profit du fils prodigue Amadou Gon Coulibaly. Malheureusement que Dieu en a décidé autrement. Face à l’électrochoc provoqué par la mort de son dauphin, Alhassane devra dorénavant affronter Henry Konan Bédié, ancien chef de l’Etat ivoirien, chantre de l’ivoirité. Devenu une sorte de vieille baderne pour ses contempteurs.
Si cette présidentielle ivoirienne passionne autant les Guinéens, c’est tout simplement parce que l’affaire de troisième mandat est devenu un crève-cœur pour de nombreux guinéens. Qui craignent de voir leur pays replonger dans l’incertitude par le fait d’une présidence à vie.
Contrairement à Ouattara qui misait sur le renouvellement générationnel comme alternative à son départ des affaires à la fin de son second et dernier mandat, Alpha Condé, lui, semble donner raison à ses opposants qui lui prêtent depuis au début des velléités de briguer un troisième mandat.
Son investiture prévue pour le 6 août, lors de la convention de son parti, viendra mettre fin aux supputations autour de cette candidature qui divise.
En s’agrippant au pouvoir, au mépris de l’alternance, Alpha et Ouattara sont pour ainsi dire du même tonneau.