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Sports : à la découverte du macramé, un art et une passion pour Madame Lucrèce Camara

C’est à la demande de nombreux lecteurs suite à l’interview qu’a bien voulu accorder Mme Lucrèce Camara à Guineenews dans sa rubrique ‘’Que sont t’ils devenus que nous rencontrons pour la seconde fois cette passionnée de cet art appelée Macramé.

Art très méconnu en Guinée, Mme Lucrèce Camara, livre ses impressions sur ce qu’elle appelle aujourd’hui son ‘’art’’ et surtout sa passion.

Lisez l’interview

Guinéenews : Bonjour, peut-on savoir aujourd’hui ce que c’est le macramé et quel est l’origine de cet art ?

Mme Lucrèce Camara : Je vous remercie pour revenir à moi. C’est vraiment un plaisir. C’est un plus qui prouve que ma passion essaye d’être comprise parce que le macramé est un art qui n’est pas connu dans notre pays. Et il serait bien qu’il se fasse connaitre.

C’est un art qui a beaucoup de vertus, qui permet de s’évader sans stupéfiants, de voir autre chose parce que la création permet d’aller dans une autre dimension de cette vie-là. Je voulais dire tout simplement que le macramé est un art à partir du fil, de la corde, des morceaux de tissus, d’écorce, de câbles, de lianes, ou quoi que ce soit, à partir d’éléments longs, faire des nœuds et l’agencement de ces nœuds, permet de créer un tissu, un contenant.

Pour son origine, dit-on, il vient de l’arabe. On parle du macramé à partir du 13ème siècle. On s’est rendu compte finalement depuis très longtemps que les hommes faisaient des nœuds, et même le fait de nouer une corde, d’attacher une tente, faire les franges d’un châle tout cela est du macramé.

Guinéenews : Dans quels domaines cet art intervient-il ?

Mme Lucrèce Camara : Sans risques de se tromper, cet art intervient dans tous les domaines de la vie. De la décoration intérieure et extérieure, de l’habillement, de la sculpture, on peut tout faire en macramé. Du porte-clés au tapis en passant par les tentes, les tableaux, des mandalas, des attrapes-rêves, des maillots de bains, des porte-chapeaux et porte-pots… En réalité, le macramé sert de structure pour retenir ou empocher toutes choses de quelque poids qu’elles soient.

Guinéenews : Quelles sont les particularités évidentes dans la conception de cet art ?

Mme Lucrèce Camara :Il faut connaitre d’abord les nœuds de base. C’est bien de les connaitre et de les assimiler, et ce n’est pas tout. Il faut savoir les agencer et pour cela, il faut avoir l’esprit créatif. Tu peux copier ailleurs une ou plusieurs fois des articles à macramé.

Dans cet art, c’est le ressenti qu’on met dans un ouvrage. C’est tout comme la dentelle qui est faite à partir des motifs. De mon coté, je suis dans la création, pure et dure.

Guinéenews : Certes, ce sont des nœuds qui sont au départ de cet art. Vous l’aviez affirmé lors de notre dernière interview. Créer et concevoir, c’est autre chose. Comment êtes-vous parvenue à maitriser et à aimer cet art ?

Mme Lucrèce Camara : Je ne sais pas et je pense que c’est un don. Il faut énormément de patience et je pense aussi que mon profil d’ingénieure m’a beaucoup permis de mieux m’épanouir dans cet art. Vous voyez par exemple cet article que je suis en train de faire, il y a une question d’équilibre des nœuds, une question d’équilibre des surfaces, des vides, des pleins et il y a énormément de calculs.

On pense que c’est de l’artisanat pur et dur. Non ! Et ce profil d’ingénieur me permet d’arriver à créer et à découvrir tous les jours. La création dans le macramé est indéfinie.

Guinéenews : Pour un débutant, sur quel marché guinéen pouvez-vous le diriger afin de se procurer les matières premières qui entrent dans la conception de cet art ?

Mme Lucrèce Camara :Il faut chercher, il faut fouiner, aller au marché. En Guinée, on ne vend pas le fil de macramé. En général, je fais venir mon fil de l’étranger. Ce fil que j’utilise présentement est un fil de pêche et il faut le chercher.

Guinéenews : Personnellement, vous n’êtes jamais allée dans un marché guinéen ou de Conakry pour vous approvisionner en matières premières ?

Mme Lucrèce Camara : Si je vais à Madina, je cherche   et j’ai trouvé des fils que je peux utiliser pour le macramé. Ce ne sont pas des fils spéciaux pour macramé. Ces fils utilisés ici, pourrissent à cause de l’humidité surtout quand vous êtes à proximité de la mer. On peut l’utiliser en décoration intérieure, mais extérieure, ils ne peuvent pas tenir.

Guinéenews : Aviez-vous eu des expériences pratiques ou professionnelles acquises ailleurs ?

Mme Lucrèce Camara : Non ! J’ai appris mes premiers nœuds avec ma cousine. Elle m’a donné les rudiments, les premiers nœuds à faire un travail. Je suis autodidacte et je continue mon parcours.

Guinéenews : Sur le plan national, êtes-vous affiliée au secteur ou au département de la Culture, de l’Aartisanat et du Tourisme ?

Mme Lucrèce Camara : Non ! je ne suis pas encore affiliée mais je vais le faire. J’étais fonctionnaire de l’Etat et mes occupations ne m’ont pas permise de m’exercer. Je suis prête à activer ce processus.

Guinéenews : Pour la réalisation d’une œuvre, cela vous prend combien de temps et quelle est la  durée estimative pour réaliser une parfaite contenance ?

Mme Lucrèce Camara : Cela dépend tout d’abord de l’inspiration, du type d’œuvre, du fil selon son diamètre car, les temps ne seront pas les mêmes. Cela peut dépendre aussi de la surface à couvrir.

Par exemple, si vous avez un panneau qui couvre une surface de 3×3 mètres, le temps de travail est beaucoup plus grand que pour un petit attrape-rêve de 15 cm de diamètre. Pour un porte-clés, un bracelet, je peux faire au minimum, une heure et tout fini. A comparer les surfaces, il faut aussi tenir compte du temps de réflexion qui est aussi plus grand que le temps d’action.

Guinéenews : Un art méconnu en Guinée. Aucune école ou centres de formations à propos. Comment vous parvenez à réussir dans cet art ?

Mme Lucrèce Camara : Actuellement, je travaille pratiquement seule. Je n’arrive pas à avoir quelqu’un avec qui travailler car les gens sont très pressés. Ils veulent vite arriver au résultat. Or, avec le macramé, il faut une très grande patience.

Guinéenews : Peut-on dire que cette passion vous a-t-elle rattrapée si tard ?

Mme Lucrèce Camara : Cette passion ne m’a pas rattrapée si tard. Je crois que je l’avais en moi. Ce sont les occupations comme je vous l’ai dit auparavant, qui m’ont freinée et pas totalement. Mais le soir, devant la télé, j’ai toujours aimé touché les fils et me laisser guider par mes doigts.

Guinéenews : Certes, vous n’avez pas d’employés dans ce domaine comme vous l’avez indiqué. Connaissez-vous d’autres artistes qui évoluent dans ce domaine artistique ?

Mme Lucrèce Camara : Je sais qu’à un moment, à Fria et à Kamsar, des expatriés ont donné certaines notions à des Guinéens. Je ne sais pas, s’il y en a qui continuent la pratique.

Guinéenews : Plusieurs foires sont organisées en Guinée pour promouvoir l’artisanat guinéen. Avez-vous participé pour faire connaitre cet art à ces nombreux publics qui y prennent part ?

Mme Lucrèce Camara : Non ! je n’ai jamais participé aux foires. J’ai participé déjà à des ventes privées mais pas aux foires, et rassurez-vous que c’est mon objectif, faire découvrir de manièrenationale mon art. C’est vrai que je suis sur des réseaux sociaux. Il y en a qui me suivent à partir de là. Et j’aimerai faire une exposition parce qu’on peut tout faire avec le macramé.

Guinéenews : A ce jour, vous n’avez eu aucune exposition au niveau d’un stand aux foires de Guinée. Avez-vous au moins eu la présence de vous faire connaitre ailleurs ?

Mme Lucrèce Camara : Oui, je viens de finir une expo-vente sur une place de la capitale. Il n’y a pas deux semaines. Le public commence à comprendre et même les expatriés sont un peu étonnés puisqu’ils ne s’attendent pas à voir de telles œuvres réalisées en Guinée.

Guinéenews :Vous évoluez en autodidacte. Avec toutes ces pratiques et expériences acquises, quelles pourraient être les premières leçons d’apprentissages que vous pourrez dispenser aux élèves qui s’intéresseraient à cet art ?

Mme Lucrèce Camara : Les premières leçons, c’est d’abord expliquer qu’il faut travailler avec du fil, et puis leur montrer les nœuds de base, qui leur permettront de faire des ouvrages.

Guinéenews : Avez-vous l’intention de vulgariser cet art et si oui, par quels moyens ?

Mme Lucrèce Camara : C’est par des ateliers de formation que je compte organiser pour vulgariser cet art. Le macramé apaise. J’ai une amie qui est médecin et qui s’intéresse à cet art. Dans son domaine, je crois que des cours dispensés pourraient apaiser ses patients. Elle a promis et j’y tiens aussi.

Guinéenews : Que conseillerez-vous à cet artiste amateur ou professionnel au besoin, pour décorer une maison en macramé ?

Mme Lucrèce Camara : Je lui proposerai de faire des tapis en macramé, des teintures, des étagères, des portes-pots en macramé, de décorer avec des bouteilles, des pots ou des vases recouverts de macramé. Mettre sur ses abat-jours des couvertures en macramé et tout peut se faire en macramé.

Guinéenews : Pourquoi faire du macramé et non pas autres solutions envisageables ?

Mme Lucrèce Camara : Le macramé permet de décorer moins cher, c’est plus accessible bien qu’on me dise que je suis chère. Il est vraiment abordable relativementet comparativement à d’autres objets qu’on achète hyper chers. Le macramé résiste longtemps et c’est à vie.

Guinéenews : A l’intention de ces nombreux lecteurs de ce quotidien d’informations, quels conseils avez-vous pour les intéresser au macramé ?

Mme Lucrèce Camara : Venez accepter de décorer vos maisons tant à l’intérieur qu’à l’extérieur à l’aide du macramé. Vous aurez une atmosphère pleine d’énergie, parce que le macramé est fait de mains et il n’y a pas d’instruments de travail (…).

Entretien réalisé par Ly Abdoul pour Guinéenews

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