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Soupçons de corruption aux examens à Tiro : les élèves s’expriment par le chaos et la destruction

Ce vendredi matin, le 19 mai, plusieurs élèves du collège de Tiro, une sous-préfecture de Faranah, ont pris d’assaut les rues de la localité, vandalisant au passage les locaux de la mairie, les postes de police et de gendarmerie, le centre NAFA, le domicile privé du point focal de Plan International Guinée, ainsi que les installations de Plan International Guinée et plusieurs boutiques.

Le maire de la commune a été blessé et sa moto a été endommagée. Les bidons de peinture de l’entreprise chargée de la rénovation de la mairie ont été emportés. Le puits amélioré du point focal de Plan International ainsi que ses latrines ont été détruits.

Quelle est l’origine de cette manifestation violente ?

On évoque la collecte d’une somme d’argent exigée aux candidats des différents examens nationaux par les responsables des écoles et le délégué sous-préfectoral de l’enseignement élémentaire, destinée aux dépenses des futurs délégués des centres d’examen dans la sous-préfecture de Tiro. C’est cette situation qui serait à l’origine du mouvement violent des élèves.

Selon les informations recueillies sur le terrain, un montant de 35 000 FG aurait été demandé à chaque candidat du brevet d’études du premier cycle, 17 000 FG à chaque candidat de l’examen d’entrée en 7ème année, et aux autres élèves des classes intermédiaires qui ne sont pas candidats, il leur aurait été demandé 2 mesures de riz et 1 poulet, le tout dans le but de « corrompre » les délégués des centres d’examen qui seront à Tiro pour les examens nationaux, afin d’assurer leur succès, selon nos sources.

Rencontré dans son domicile vandalisé, Sory 1 Kagbè Oularé, président du comité de développement local de Plan International Guinée à Tiro, revient sur les événements : « Avant-hier, Plan International Guinée m’a informé d’un cas de corruption au sein de la sous-préfecture de Tiro. Selon leurs informations, l’école primaire réclame 17 000 fg aux candidats de l’examen d’entrée en 7ème année et 35 000 fg à ceux du Brevet d’étude du premier cycle. En tant que responsable de la protection des enfants chez Plan International, j’ai été chargé de donner notre version des faits. Nous avons immédiatement contacté le DSEE (Directeur des Services de l’Éducation de l’Enseignement) chez le maire, qui a confirmé que ces pratiques clandestines existaient. Nous avons remonté l’information à Plan Guinée, qui a informé le ministère. Ce dernier a alors mandaté l’Inspecteur régional de l’éducation de Faranah pour enquêter sur la situation. Une fois arrivé à l’école, l’inspecteur a contacté le maire et les représentants de Plan. Le directeur de l’école primaire du centre, Ibrahima Camara dit Bendolaire, le DSEE Mamoudou Kourouma et le principal du collège Mamady Koumba Touré n’ont pas nié les faits. Chacun d’entre eux a confirmé que ces pratiques étaient réelles, mais qu’elles étaient effectuées de manière clandestine. Le directeur de l’école primaire du centre, Ibrahima Camara dit Bendolaire, le DSEE Mamoudou Kourouma et le principal du collège Mamady Koumba Touré ont, chacun, confirmé que c’est vrai, mais ils le font clandestinement. Ils exigent 35 000 fg par candidat pour le soutien au BEPC et 17 000 fg par candidat pour l’examen d’entrée en 7ème année.

L’inspecteur a déploré les actions de ces responsables scolaires et a promis que des sanctions seraient prises. À notre surprise, nous avons appris hier que l’inspecteur avait envoyé une note de service suspendant le principal, le DSEE et le directeur de l’école primaire du centre, avec leurs adjoints assurant l’intérim. Pendant la nuit, le directeur d’école et quelques voyous ont tenu une réunion pour saccager mon domicile, en raison de mon rôle de représentant de Plan International Guinée et de ma remontée de la situation. Le lendemain matin, le principal a réuni les élèves de la 9ème et de la 10ème année à l’école et leur a dit : ‘J’ai été sanctionné, si vous ne prenez pas vos dispositions, vous allez échouer cette année.’ Ensuite, il s’est rendu au centre de santé. Au moment où le commissaire, le sous-préfet et le commandant attendaient la délégation de l’éducation préfectorale de Faranah, les élèves ont commencé à se révolter. Ils ont attaqué ma résidence depuis la mairie. Ils ont emporté les installations du plan Guinée, soit trois ordinateurs et trois tablettes, ainsi qu’une somme de 10 millions de francs confiée à moi par la mairie. Tous les documents ont également été volés et les toilettes ont été vandalisées. De plus, un puits d’une valeur de trente millions a été endommagé, ainsi qu’une moto KTM. Je suis déterminé à faire respecter la loi et à obtenir justice pour ces actes.

De son côté, la deuxième victime, le maire de la commune rurale de Tiro, le Commandant à la retraite, Bangaly Major Oularé, revient sur les circonstances de la manifestation : « Il y a 72 heures, le DSEE a convoqué une réunion de ses enseignants à l’école pour les mandater à collecter certains montants : 35 000 fg par candidat du BEPC auprès du principal du collège, et 15 000 fg pour l’examen d’entrée en 7ème année, ainsi que deux mille fg pour l’enrôlement. De plus, il était demandé 20 000 fg, 2 mesures de riz et un poulet par élève qui n’était pas candidat aux différents examens. Ils sont alors venus me voir à la maison pour m’expliquer cela. Je leur ai demandé s’il existait un acte officiel qui les autorisait à procéder à cette collecte. Leur réponse fut négative. J’ai alors déclaré que si aucun acte n’était présent, ils devaient restituer tout ce qu’ils avaient collecté aux ayants droit dans les 24 heures et arrêter immédiatement leurs actions. C’était mon ultimatum. J’ai rédigé un rapport que je comptais envoyer au préfet en guise de compte-rendu. Cependant, ce rapport a connu un léger retard. Ce matin, lorsque j’étais prêt à envoyer ce rapport, le DSEE est venu me voir, affirmant que la direction préfectorale de l’éducation devait envoyer une délégation pour installer des intérimaires. Les trois personnes sanctionnées (le principal, le DSEE et le directeur de l’école primaire du centre) se sont réunies pour encourager les élèves à refuser cette mission de passation de service. En conséquence, tous les élèves se sont levés. J’ai alors informé la première vague d’élèves que les sanctions étaient annulées et ils sont retournés à l’école. Ensuite, j’ai aperçu le principal du collège devant un autre groupe d’élèves qui se dirigeait vers la mairie. Ils ont endommagé le rétroviseur de ma moto, m’ont frappé avec des pierres et ont continué à saccager la commune. J’ai interpellé le principal du collège en lui demandant s’il se tenait devant ces élèves. C’est à ce moment-là qu’il a commencé à calmer les élèves. Je lui ai dit que c’était trop tard pour réagir après les événements. C’est comme le médecin après la mort. »

Faut-il préciser que sur le terrain, nous avons tenté de tendre notre micro à ces dirigeants scolaires accusés d’inciter les élèves à manifester, afin d’obtenir leur version des faits, mais ils se sont abstenus de tout commentaire.

Aux dernières nouvelles, aucun élève n’a été arrêté pour le moment, mais il semblerait qu’un parent d’élève et le principal du collège soient sur le point d’être arrêtés.

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