Au siège national du RPG Arc-en-ciel à Gbessia, ce samedi 28 avril, l’ex-ministre Secrétaire général de la Présidence sous Lansana Conté, Alpha Ibrahima Kéira, est largement revenu sur l’affaire Vincent Bolloré, a-t-on constaté sur place.
En effet, Ibrahima Kéira qui s’exprimait au nom du RPG, a exprimé l’indignation de son parti face à ce qu’il considère comme une ‘’diffamation’’ de la part de certaines personnalités et institutions étrangères.
«Dans cette affaire, il a été dit que le président aurait donné le PAC (Port Autonome de Conakry) à un de ses amis en contrepartie du financement de sa campagne. Le RPG et ses alliés sont frustrés, choqués par cette accusation fortuite et diffamatoire de la part de certaines personnalités françaises et institutions, qui porte atteinte à l’honneur de notre grand parti et de notre champion le Pr. Alpha Condé qui a été magistralement élu à la tête de notre pays suite à vous ( militants, ndlr) et à vos sacrifices depuis l’élection de 2010, plébiscité dans ses fonctions par le peuple de Guinée par un score écrasant que certains qualifient de coup KO en 2015», a-t-il déclaré l’ancien ministre.
«Dire que quelqu’un est venu de l’hexagone pour financer la campagne de notre champion afin qu’il ait le pouvoir en Guinée, peut-être qu’il l’a aidé à être maire en France, mais pas en Guinée», ironise-t-il.
Poursuivant, M. Kéira a annoncé que le RPG proteste vigoureusement contre cette ‘’diffamation’’ et lance un appel à ce que cela s’arrête. «Si nous avons un compte à rendre, c’est au peuple de Guinée que nous devons le faire. Depuis 1958, la Guinée n’a de compte à rendre à aucune institution étrangère et à aucun pays étranger», a-t-il martelé.
Ce qui est réellement passé dans la résiliation du contrat entre GETMA international et le Port Autonome de Conakry
«En 2008, j’occupais le poste du ministère Secrétaire général de la Présidence de la République. Un appel d’offre a été lancé, plusieurs sociétés ont soumissionné. Une commission technique de négociations et d’évaluation des offres a été mise en place. Ce, conformément au code du marché public guinéen. Le président Alpha Condé était encore opposant au régime. Les négociations ont eu lieu sans lui. Après il y a eu un classement qui n’a jamais été contesté. GETMA international est venu premier suivi de Bolloré (…). Le port de Conakry étant autonome, a transmis le document au président Lansana Conté. Etant son collaborateur direct, il nous a renvoyés le document pour que nous donnions notre avis juridique. Après l’examen du dossier, nous avons trouvé que cette convention avait un dispositif qui ne prenait pas en compte nos préoccupations et que les intérêts de l’Etat n’étaient pas suffisamment protégés (…). Donc, il a été question de réaménager la convention avant sa mise en vigueur ou dans le cas contraire, de la mettre en suspension (…)», a-t-il expliqué.
Et de poursuivre : «après le décès du président Lansana Conté, la convention a été portée à la connaissance des nouvelles autorités de la transition. A rappeler qu’au niveau du gouvernement Conté, la convention a été élaborée et il était question de l’amender avant son application. Donc, la suspension avait été ordonnée. Pendant la transition, le président Moussa Dadis Camara en tenant compte de plusieurs informations, est parvenu à prendre deux décrets quelque peu contradictoires sur l’effectivité de cette convention. Je ne connais pas beaucoup parce que je n’étais pas de la transition. Mais tout le monde a su qu’on n’avait mis la convention en vigueur avant de l’arrêter encore.»
A en croire M. Kéira, GETMA international n’a jamais respecté ses engagements après deux ans et demi d’activités. «De 2010 à 2011, le Port Autonome de Conakry a constaté que les raisons pour lesquelles il a signé cette convention de cession du terminal à conteneurs, n’ont pas été atteintes. Les promesses de GETMA international n’ont pas été tenues et il n’a fait que balayer le terminal tout en continuant à percevoir les royalises du PAC sans pour autant pouvoir poser même une brique en banco pendant deux ans et demie. On appelle cela escroquerie ou abus de confiance. Ce sont des actes qui peuvent entrainer l’annulation d’un contrat (…)», a rappelé le ministre Kéira.
Dans ses explications, il a fait savoir que la Direction générale du PAC a interpellé plusieurs fois GETMA international sur ses défaillances. «A l’époque, Alpha Condé n’était pas président de la République (…). Après plusieurs mises en demeures adressées à Getma International pour les défaillances, la direction du PAC a adressé une lettre à son CA (Conseil d’Administration) pour statuer sur le sujet de la convention de cession. Le CA a abouti à la décision, après avoir entendu toutes les parties que le GETMA n’était pas en mesure de satisfaire les obligations mises à sa charge et auxquelles il avait souscrit librement et volontairement en induisant le PAC en erreur sans présenter ses excuses et sans faire amande honorable ne serait-ce qu’en tirant les conséquences de droit. C’est-à-dire en demandant au PAC de procéder à la résiliation du contrat avec GETMA international», a-t-il rappelé.
Enchainant, il souligne : «étant donné que le PAC était sur le chemin d’être délaissé (…), il fallait se battre pour le revaloriser. C’est l’objectif qui nous a ramenés à prendre des actions pour résilier le contrat. Je précise qu’Alpha Condé n’a été nullement associé. Il n’a été informé que sur la résiliation du contrat avec GETMA International qui devrait être faite par décret (…)».
La Guinée a gagné le procès contre GETMA International
«Après la résiliation du contrat, de manière surprenante, GETMA international a porté plainte contre l’Etat guinéen au CIRDI (Centre International de Règlements et Différends Internationaux) en Europe (…). Le CIRDI, après avoir reçu les mémoires des deux parties, a condamné la Guinée. La procédure voulait qu’on reconsidère notre position et qu’on se pourvoie en cassation. Le procès a été repris et le CIRDI a donné raison à la Guinée (…).
En principe, dans les situations de ce genre, le premier étant incapable, on se rabat sur le deuxième. Etant un Etat indépendant, si nous voulons, nous lançons un nouvel appel d’offre, dans le cas contraire, nous prenons le deuxième. Bolloré a été pris, le président Alpha Condé ne savait même pas (…)».