Pendant que les perturbations dans la desserte en électricité sont perçues comme la conséquence de l’explosion du principal dépôt d’hydrocarbures de Conakry, l’ancien Premier ministre, Kabinet Komara révèle un autre problème. Il s’agit du niveau d’eau qui aurait baissé à Souapiti, le plus grand barrage hydroélectrique du pays.
L’ancien chef du gouvernement sous la transition version Capitaine Dadis Camara a pris la parole lors d’une cérémonie organisée ce vendredi 9 février, dans un réceptif hôtelier de la place.
Dans son intervention, M. Komara annonce que «depuis un mois, Souapiti ne peut produire que 2/3 de sa capacité par manque d’eau ». Enchainant, il interroge l’auditoire sur «la gravité» de la cause du «manque d’eau ». Puis de répondre, «parce que nous déboisons . La pluie baisse ».
Poursuivant, il explique que «ça veut dire que dans quelques années, tous les produits sur lesquels nous basons notre développement ne serviront à rien. Parce que nous aurons détruit notre environnement. Nous n’avons pas travaillé sur le développement durable….»
L’autre problème évoqué dans la même veine par l’ancien PM de la transition de 2010, c’est celui de la cohabitation difficile entre les éleveurs et les agriculteurs dans la zone forestière. «Du fait qu’il n’y a pas de verdure au Fouta, les gens déménagent vers la forêt. Ça créé des conflits entre les paysans de la forêt et les éleveurs du Fouta… », relève-t-il. Sans oublier les conséquences du feu de brousse…
En guise de solution, l’ancien banquier et haut-commissaire de l’organisation pour la mise en valeur du fleuve Sénégal (OMVS) préconise que le numérique soit utilisé pour informer et sensibiliser sur l’assèchement du pays.
Mais parlant du numérique, à écouter M. Komara, la situation n’est pas non plus rassurante. Et pour que ça change «… il faut que nos services soient protégés en matière de cybersécurité », entame-t-il. En tout cas, alerte l’orateur, «nous sommes en danger ». Avant de suggérer que «la Guinée doit investir beaucoup dans ce domaine ».
Insistant sur l’état des lieux, l’ancien fonctionnaire international déplore le fait que «de façon très insouciante, nous sommes en train d’héberger beaucoup de choses, créer des bases de données à l’étranger. Nous n’investissons pas dans des data centers pour garder nos données. Donc nous laissons aux autres la possibilité de nous manipuler demain ».
Un réquisitoire sans équivoque assorti de pistes de solution. «Pour changer, l’Etat doit investir très rapidement dans les data centers pour que toutes nos données, en tout cas la moitié soit conservées chez nous. De la même manière, nous devons encourager soit des privés, soit l’Etat, à investir dans la cybersécurité…», suggère-t-il.
Une sortie qui lève un coin du voile sur les immenses attentes que l’Etat doit combler à travers ses ministères sectoriels dédiés au développement durable et aux télécommunications.