« Actuellement, je suis en studio d’enregistrement pour un nouvel album. J’envisage de sortir un album de 10 titres, si tout se passe bien. Je prévois également de célébrer mes 25 ans de carrière très prochainement. Ils seront précédés par la sortie de mon nouvel album. Pour être plus précis, je prévois d’être sur le marché dans les 3 à 4 prochains mois. »
Il s’appelle Yéro Baïlo Dombouya, alias « Petit Yéro ». Il est né en 1964 à Bantignel 2, Pita. Yéro Baïlo Doumbouya est le fils de feu Mamadou Saïdou et de Hadja Lamarana Sow. Marié à une femme et est père de cinq enfants dont trois garçons.
Il a fréquenté l’école française jusqu’en 8ème année. Il a fait son primaire dans son village natal de Bantignel 2, puis le secondaire à Bantignel-centre où le virus de la musique s’est emparé irrésistiblement et irréversiblement de lui.
De Pita, Petit Yéro va, une de ses vacances, Conakry, la capitale où vivait son père musicien. Ces moments s’avèreront si fastes et bénéfiques qu’ils passeront vites pour le jeune écolier vacancier Baïlo Doumbouya pour qui, in fine, l’idée de retourner reprendre les cours n’habitait plus. Ce qui fait qu’à la fin des vacances, Petit Yéro ne retournera plus dans son Bantignel. En tout cas en tant qu’écolier… Et depuis, le natif de Pita suit son destin d’artiste à Conakry. La suit vous la connaissez. C’est cet homme au destin et au parcours artistique quelque peu très singuliers que votre quotidien en ligne, Guinéenews a rencontré récemment pour vous dans le cadre de sa rubrique, ‘’Que sont-ils devenus ?
Si vous êtes curieux de connaître son parcours, sa discographie, ses sources de revenus, son regard sur la musique guinéenne ou pastorale, ainsi que ses meilleurs et pires souvenirs, accrochez-vous à Guinéenews pour cette interview-découverte. Lisez !
Guinéenews : pourquoi le nom Petit Yéro et comment êtes-vous venu à la musique ? Pouvez-vous nous relater votre parcours ?
Petit Yéro : je préfère inverser votre question en commençant par la deuxième. Puisque ce petit nom est venu suite à mes prestations dans la musique. C’est grâce à mon père que je me suis retrouvé dans la musique après mes interminables vacances dont je vous ai parlé au début. Mon père était un musicien qui jouait de l’accordéon. J’ai travaillé avec lui jusqu’à devenir un homme (l’âge de la circoncision, ndlr). J’ai appris à jouer de l’accordéon grâce à mon père. J’étais son assistant, et il avait des apprentis musiciens comme Bonna Dyèdyè, de son vrai nom Thierno Mamadou Samba Diallo, qui s’était beaucoup investi dans notre apprentissage de l’accordéon et du chant. Finalement, nous avons intégré le monde musical des « bals poussières ». À l’époque, pour mon parcours, j’ai évolué dans les quartiers, notamment à Dar-es-Salam, au niveau des écoles et dans les grandes permanences comme Matam, entre autres. À l’occasion des différentes fêtes de Tabaski et du Ramadan, ainsi que des fêtes de fin d’année, nous étions toujours sollicités pour des prestations lors de ces événements. À ce moment-là, je jouais de l’accordéon et chantais avec les choristes.
Le véritable vedettariat a débuté lors d’une invitation à un baptême des ressortissants de Labé Nhèpèrè à Koloma, précisément au carrefour Bomboly. C’est ce jour-là que j’ai rencontré Mamadou Maz, par l’intermédiaire de Sémbé Thianguil, qui connaissait bien mon père. Pendant un an, avec l’accordéon, j’ai travaillé avec Mamadou Maz, qui m’a finalement présenté à Lakrass Cissoko. En chemin, j’ai rencontré Amadou Diouldé Sall (paix à son âme), qui a produit mon premier album.
Guinéenews : combien d’albums avez-vous sur le marché de disque guinéen et quels sont les titres de vos albums ?
Petit Yéro : je ne suis pas pressé. J’ai réalisé 5 albums et 3 singles. Mes albums sont intitulés comme suit : « Mowlanan », qui a dominé sous le titre « Bantighel ». Il y a également « Amour fidèle », « Soubhinan », « Mounyal Bonata » et le cinquième intitulé « Nangou frein ». Quant aux 3 singles, il y a « La Baraka », « Honto mo ala bungata è dow maroudho ». Les trois premiers albums ont été produits par la maison de feu Diouldé Sall, les autres sont des autoproductions.
Guinéenews : de quoi vous vous inspirez dans vos compositions ?
Petit Yéro : mes inspirations sont diverses. Je peux m’inspirer en marchant, en étant couché ou en observant des faits vécus. En réalité, mon état d’âme s’exprime à tout moment.
Guinéenews : vous êtes produits à travers de nombreux concerts et spectacles. Tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays. Qu’est-ce que toutes ces prestations vous ont apporté ?
Petit Yéro : de l’Afrique à l’Europe, en passant par les États-Unis, j’ai beaucoup voyagé. Au début de ma carrière, je n’avais pas tous ces moyens. Mais aujourd’hui, j’ai des enfants, une maison, des moyens de transport et bien plus encore, des biens qui rendent plus reconnaissant envers Dieu. J’ai également gagné de l’expérience sur le plan musical.
Guinéenews : pouvez-vous nous dire quelles sont actuellement vos sources de revenus ?
Petit Yéro : je vis de ma musique, de mes prestations, de l’appui financier de mes fans et de nombreuses mains tendues grâce à ma générosité. Mon épouse me vient aussi en aide, ainsi que le BGDA, qui me procure annuellement un certain montant.
Guinéenews : quels sont vos projets présents et futurs sur le plan musical ?
Petit Yéro : en ce moment, je suis en studio d’enregistrement pour un nouvel album. J’envisage de sortir un album de 10 titres, si tout se passe bien. Je prévois également de célébrer mes 25 ans de carrière très prochainement. Ils seront précédés par la sortie de mon nouvel album. Pour être plus précis, je prévois d’être sur le marché dans les 3 à 4 prochains mois.
Guinéenews : vous faites partie des grandes figures de la musique pastorale peule. Quels sont vos projets pour encourager la nouvelle génération à pratiquer une musique plus respectueuse dans leurs compositions ?
Petit Yéro : merci pour cette question. En tant que membre de l’UNAMGUI (Union Nationale des Artistes Musiciens et Interprètes de Guinée), ce sujet était à l’ordre du jour de notre réunion. Des décisions et des dispositions ont été prises lors de cette réunion, et je pense que chaque artiste devra les respecter sous peine de sanctions.
Guinéenews : vous étiez aussi impliqué dans cette pratique au début, comme en témoigne le contenu de votre célèbre titre « Mowlanan » (littéralement traduit en français par « caresse pour moi »). Quel est votre point de vue sur le déclencheur « Gouter-rester » de Tenin Diawara, qui fait actuellement beaucoup parler ?
Petit Yéro : (rires) À mon avis, cette artiste devrait tenir compte de ce qui s’est passé. Son cas devient un exemple pour tous. En ce qui concerne mon propre titre « Mowlanan », j’ai acquis de l’expérience au fil du temps, et nous verrons la suite.
Guinéenews : selon de nombreux mélomanes, il semble que vous ayez changé votre approche. Si cela est vrai, est-ce dû à la maturité ou avez-vous d’autres explications à donner ?
Petit Yéro : vous savez, il est certain que lorsque vous vous abritez derrière un baobab, il n’y a aucune crainte d’être emporté par le vent. De même, dans une barque trouée, rien ne vous empêchera de finir imbiber d’eau. Les années passées ne ressemblent plus à celles d’aujourd’hui. J’ai mûri, et je pense qu’il est nécessaire de grandir avec le temps et de suivre la bonne voie.
Guinéenews : rencontrez-vous actuellement des difficultés dans l’exercice de votre profession de musicien ?
Petit Yéro : on ne peut jamais parcourir un chemin sans rencontrer de difficultés. Dieu a créé la maladie et la santé, le bonheur et le malheur. Un seul imam qui dirige la prière s’éclipsera un jour aussi longtemps qu’il vivra et laissera la place à un successeur. Je rencontre des difficultés, principalement au sein de mon groupe musical composé de 15 membres. Mais aussi ailleurs, il faut simplement savoir gérer les conflits ou les difficultés, peu importe leur origine.
Guinéenews : comment sont vos relations avec les autres artistes ?
Petit Yéro : Dieu merci, depuis mes débuts jusqu’à présent, je n’ai pas eu de problème avec les artistes quelle que soit son ethnie. Tout se passe bien, et grâce à la sagesse, je pense pouvoir maintenir ces bonnes relations.
Guinéenews : des souvenirs inoubliables, vous en avez sûrement et à foison. Pouvez-vous nous rappeler votre meilleur ainsi que votre pire souvenir ?
Petit Yéro : mon plus beau souvenir se confond à l’accueil chaleureux que j’ai reçu à l’étranger de la part de ces Guinéens qui ont cru en leur modeste compatriote musicien que je suis. Le pire souvenir que je garde s’est produit au Gabon. Sans entrer dans les détails, j’ai compris ce que c’est que la vie. C’est un mauvais souvenir que je garderai aussi longtemps que je serai vivant. Mais, je remercie les ressortissants de Maci dans Pita…
Guinéenews : vous pouvez être considéré comme faisant partie de la relève de la première génération de musiciens guinéens. Quel est votre avis sur la musique guinéenne actuelle ?
Petit Yéro : si je me réfère à mes aînés, il est évident qu’ils sont irremplaçables. Mais, nous suivons leurs traces. En ce qui concerne la génération actuelle, des mesures sont en train d’être prises. Voulons-nous exporter notre culture ? Je pense que la génération actuelle s’écarte de cette voie et doit se remettre en question pour valoriser la culture guinéenne.
Guinéenews : certains instruments traditionnels de votre région natale risquent de disparaître. Selon vous, quelles mesures devraient être prises pour préserver ce patrimoine culturel ?
Petit Yéro : je pense que cela ne devrait pas se produire ainsi. Il faut dire la vérité, les maîtres n’ont pas pris les mesures nécessaires pour enseigner comme il se doit leurs élèves. Et surtout pour ces éventualités. De nombreux instruments sont en voie de disparition, notamment le « Tunnè », le « Ghengherou », le « Tambirou », le « Lala », le « Hordè », le « Kèrona », le « Bolon bata », le « Bailol », etc. Il y a aussi peu d’élèves qui se tournent vers les maîtres, et chacun veut progresser rapidement. La responsabilité est partagée, et c’est le moment opportun de sauvegarder ce patrimoine.
Guinéenews : avez-vous un message à adresser à vos fans et mélomanes, d’ici et d’ailleurs ?
Petit Yéro : je tiens à remercier tous mes fans et mélomanes. Je leur suis infiniment reconnaissant pour leur soutien tout au long de ma carrière. Rendez-vous bientôt pour mon nouvel album et la célébration de mes 25 ans de carrière.
Entretien réalisé par LY Abdoul pour Guinéenews