Les derniers développements dans la vie sociopolitique guinéenne ne laissent personne indifférent dans le landernau politique du pays. Du moins pas le député et président du parti Génération Citoyenne (GéCi), Fodé Mohamed Soumah. Dans un entretien accordé à Guinéenews, il a fait le diagnostic de la gouvernance actuelle en dénonçant certains agissements aux sommets de l’Etat.
A l’entame, l’opposant a exprimé le souhait de « sortir du constat et de la rhétorique pour aller vers des dispositions concrètes. Car, il y a un temps pour la politique politicienne, et un autre criant, accolé à la réalité du moment ». Et monsieur Soumah d’enchaîner à propos de la fermeture des frontières et des détenus politiques : « un barrage filtrant, un corridor sécurisé, et des camions fouillés/accompagnés, auraient été une meilleure solution pour soulager les populations et densifier la sécurité intérieure que la fermeture. » Puis d’ajouter : « même si nous sommes tous des justiciables (…) des arrestations dans les règles, une procédure et des délais respectés, auraient permis d’en finir avec un problème qui risque d’échapper à tout le monde ».
A propos du dégagement en cours des emprises des routes à Conakry et dans ses environs, le 5ème vice-président de l’assemblée nationale appelle l’Etat à s’assumer : « personne n’est d’accord pour l’occupation des domaines de l’État. Cependant, il revient au pouvoir de réparer le laxisme latent. Car l’État, c’est la continuité. Sans compter les conséquences désastreuses de la casse qui impactent des milliers de personnes du système D (la débrouille, ndlr), qui se retrouvent sans revenus ou logis ».
D’après l’économiste, « ‘’Gouverner autrement’’, c’est partir des résultats obtenus, affiner la stratégie, définir les priorités et inscrire l’obligation de résultat en lettres d’or. »
En tout cas, l’ancien candidat à la présidentielle 2010 est très critique, amer vis-à-vis des nombreuses annonces sans lendemain : « il ne sert à rien de déplacer les problèmes, qui ne disparaitront pas par magie, de dénoncer sans sévir, de vouloir tout faire seul, lorsqu’on dispose d’un gouvernement et de l’appareil d’État. Encore moins de rester dans le déni, de créer la subversion, de divertir, d’annoncer la couleur dans un pays où la réactivité est faite de contorsions inimaginables. Ou bien de choisir librement des personnes en qui on n’a pas confiance comme si la Guinée se limitait aux seules et mêmes personnes, et à l’éternel recommencement. En Guinée, le pouvoir a toujours été gangrené par les rossignols, les conseillers occultes et les vautours. La sagesse recommande de savoir retirer la bonne graine de l’ivraie pour aller vers l’accalmie, la justice sociale et la concorde nationale sans lesquelles aucun développement n’est possible. »
Voix discordantes au sein du camp présidentiel ?
Dans ce tout de l’actualité, l’opposant a également évoqué ce qu’il a appelé « des voix discordantes au sein du camp présidentiel comme les critiques du ministre Tibou Camara contre le président de l’Assemblée Nationale, Amadou Damaro Camara à propos du dossier « Zénab Dramé », du nom de cette ministre de la République accusée dans le détournement de plus de 200 milliards francs guinéens.
« En tant que citoyen, je trouve intolérable la reconduction d’un quelconque ministre englué dans des histoires de corruption ou de détournement des deniers publics ». Et d’expliquer : « si l’intéressé ne démissionne pas de son propre chef, il est de la responsabilité de l’autorité de le mettre en standby, le temps d’y voir clair ».
Le coup de sang de Mohamed Soumah contre le ministre Tibou Kamara
«… Les dernières déclarations du ministre Tibou qui se mêle de tout et de n’importe quoi… Quel est l’opposant qui s’est défoulé sur le Président Alpha Condé pendant des années, plus que lui ? Serait-il devenu le Premier des ministres ? », s’est-il insurgé.
Toujours parlant du ministre d’Etat, ministre de l’Industrie et PME dont les sorties médiatiques suscitent régulièrement des vagues dans le pays, le député multiplie les interrogations : «de quoi se sent-il si fort pour sortir du cadre de ses prérogatives ?… Les Guinéens ont de la mémoire ».
Dans cette lancée, le président de la GECI qui préfère s’abstenir «de défendre le Président de l’Assemblée » qu’il qualifie de « guerrier dans l’âme », trouve mieux de parler « plutôt des vrais militants comme lesdits frustrés du RPG qui méritent des égards et qui ont voix au chapitre ».