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Soins post-accident : à quand le SAMU en Guinée ?

Il n’est point besoin d’insister pour se convaincre de la nécessité pour notre pays, de disposer d’un SAMU (service d’aide médicale d’urgence). Un concept qui a évolué pour donner naissance à un autre sigle : le SMUR (service médical d’urgence et de réanimation) et plus loin, par extension au SAMU social. Notre propos n’est pas de définir les spécificités qui s’attachent à chacun de ces sigles ou acronymes. Les médecins urgentistes et autres spécialistes du domaine le feraient mieux que nous. Ce que nous retenons, c’est l’assimilation parfaite du concept par les populations de bien de pays qui l’ont intégré dans leurs mœurs et surtout son effet sur la survie de milliers de personnes victimes d’accident.

Aujourd’hui, pour citer le cas européen, à la survenue de tout évènement gravissime, qu’il soit routier ou domestique, le réflexe : ‘’Appeler les pompiers et le SAMU’’ se déclenche aussitôt chez tous les témoins qui se hâtent de donner l’alerte. Cela permet ainsi de sauver des vies humaines, par la vélocité à informer les secours et les soins d’urgence administrés sur place, avant l’évacuation vers un centre médical.

Il est établi que les bonnes idées rayonnent toujours, dopées qu’elles sont par le bienfait qu’elles apportent.  Ainsi, nos voisins ont-ils vite sauté le pas et adopté ce concept dont l’utilité publique est largement établie. Le SAMU est donc présent tout autour de nous. Nous gagnerions à suivre l’exemple. Nous avons souvent évoqué ce sujet avec des citoyens de diverses strates socioprofessionnelles. A chacune de ces occasions, la conclusion a débouché sur une et unique question : jusque quand allons-nous attendre pour voir le SAMU arriver chez nous ? Et d’ajouter un commentaire : il est déjà une réalité chez des voisins, pourtant pas mieux lotis que nous.

Pendant ce temps, pour faire référence aux Nations-Unies, instance supranationale qui se préoccupe de la problématique des accidents de la circulation, qualifiés de fléau mondial de l’humanité, les soins post-accident sont classés au rang de cinquième pilier du plan d’action décennal (2011-2020) que tous les Etats membres sont enjoints de mettre en œuvre en faveur de la sécurité routière. Pour convaincre de l’urgence de cette action, des chiffres astronomiques sont brandis : plus de 1.200 000 morts et 30 000 000 de blessés dont la plupart, handicapés à vie. C’est le lourd bilan annuel enregistré au niveau mondial, des suites d’accident de la circulation. Ce qui en fait une urgence à surmonter et une priorité à traiter. A noter que les pays du tiers-monde dont le nôtre, sont les plus touchés par cette hécatombe, en raison de leur faible niveau de développement.

L’ONU suggère que les Etats membres renforcent leurs capacités à prendre en charge les victimes d’accident sur toute la chaîne, du lieu de survenue jusqu’à l’admission en centre hospitalier. Cela suppose des séries d’interventions de la part des pouvoirs publics qui doivent, non seulement investir dans le renforcement des capacités des acteurs, mais aussi, fournir des équipements de qualité et en quantité suffisante pour les prises en charge préliminaires et les hospitalisations.

Il faut donc assurer la formation des secouristes, la formation et la spécialisation des personnels hospitaliers, et en même temps, doter le secteur en ambulances, en moyens de réanimation et en médicaments de première nécessité.

C’est dans ce cadre qu’on peut inclure le Samu qui peut être initié, aussi bien par l’Etat, que le secteur privé. Bien entendu, pour ceux que la hauteur des investissements inquiète, il est loisible de les rassurer. Un moyen existe pour minimiser et amortir tous les financements afférents au lancement de cette activité. Il est peu coûteux et simple à actionner. Dès lors qu’en amont on consent à fournir des efforts dans l’éducation, la sensibilisation et la formation des populations, le pari peut être gagné. L’approche est certes assez simpliste. Mais, sans prétendre parler économie, notre avis est que la baisse du nombre d’accidentés à prendre en charge entraîne automatiquement la réduction du volume des investissements alloués au secteur.

Premiers secours : des méthodes empiriques et incertaines sur toute la ligne

En termes de premiers secours et de prise en charge correcte des victimes d’accident, nous sommes loin du compte. C’est le cas de le dire. Toute cette chaîne est comme banalisée, voire abandonnée par les autorités. Aucune formalisation, rien qui met de l’ordre ou qui encadre le domaine.

Quand un accident survient, ce sont les populations, sans préparation, qui interviennent spontanément. Dans leur intention louable de porter secours, des gestes malhabiles sont commis qui ont des effets désastreux sur les victimes.  Ainsi, en voulant bien faire, ces secouristes improvisés, en manipulant les victimes, créent de nouveaux problèmes ou aggravent ceux déjà enregistrés.

Plus loin, dans les centres d’évacuation, l’accueil et la prise en charge sont des déterminants fondamentaux pour garantir une bonne guérison. Ils ont un effet psychologique très positif sur le malade. Mais cette réalité presque idyllique n’est pas celle que les évacués rencontrent toujours et partout. Quelque fois, hélas, l’accueil et la prise en charge laissent à désirer. On peut être en face de situations variables : l’accueil est tout sauf correct ; il n’y a pas de médicaments pour les premiers soins ; le personnel soignant exige de l’argent avant toute intervention ; le centre ne dispose pas de spécialistes pour prendre en charge la victime ou s’ils existent, ils ne disposent pas des équipements nécessaires pour intervenir ; le patient, pour une meilleure prise en charge doit être évacué vers un centre plus spécialisé, mais, il n’y a pas d’ambulance.

Ce sont autant de problèmes que nous rencontrons dans nos centres de soins. Nous l’avons déjà dit plus haut, ces situations au descriptif variable, d’un pays à l’autre, sont classifiées par l’ONU dans le cinquième pilier de son plan d’action décennal 2011- 2020.

Sans anticiper sur le processus en cours, il nous semble, qu’en partant de la date d’aujourd’hui, nous ne serons pas au rendez-vous des bilans dans ce volet précis : soins post-accidents. L’année 2020 est déjà à notre porte. Il faut, pour combler le gap, sinon un miracle, à tout le moins, des efforts redoublés et immenses.

Restons positifs, et refusons que les efforts prévus pour y arriver s’arrêtent en chemin. Les espoirs demeurent si, entre-temps, l’agence guinéenne de sécurité routière (AGUISER), une autre recommandation des Nations Unies, est ‘’mise en route’’ pour poursuivre le processus de renforcement de la sécurité routière dans notre pays.

Evacuations sanitaires à Conakry : que de pénibilité à les assurer

 Nous savons tous comment se font les évacuations de malades ou de blessés en direction des centres de soins à Conakry. Vu le nombre insignifiant d’ambulances, une certaine opinion soutient, à tort ou à raison, que le peu qui existe ne tourne que pour les nantis, les haut-placés et les mieux offrants.  On adopte alors les moyens de bord pour combler la forte sollicitation qui n’en finit pas de s’accroitre, jour après jour (cas d’urgence, parturientes, victimes d’accident ou de coups et blessures).

Aussi fait-on recours aux taxis et autres véhicules personnels qui sont loin de remplir les conditions liées au transport de malades ou de blessés. La personne évacuée n’est pas installée comme cela se doit, elle n’est pas médicalement assistée pendant son transfert et le véhicule-transporteur (personnel ou taxi) ne jouit d’aucune priorité, pour bénéficier d’une quelconque facilité de passage. Il n’est donc pas à même d’arriver à temps utile à l’hôpital, confronté qu’il est aux inévitables embouteillages et autres aléas éventuels pouvant survenir pendant son roulage. S’il va vite en raison de l’urgence de l’évacuation, il y a des risques qu’il fasse un accident ou qu’il ait des ennuis avec la police.

On en arrive à la conclusion que ces moyens ne sont pas adaptés. Soit ! Mais alors, quel palliatif utiliser en lieu et place, quand on sait qu’il n’y a pas d’ambulance et qu’il faut à tout prix sauver une vie, du mieux qu’on peut, avec les moyens qu’on a ?

A l’intérieur du pays, c’est encore pire. Là-bas, selon les cas et selon les zones, il peut arriver qu’on transporte les malades à dos d’homme, par hamac ou à moto.

De la nécessité d’instituer le Samu

L’institution du Samu pourrait résoudre tous ces problèmes. Avec un cahier des charges incitatif qui prend en compte tous les attendus liés à l’activité, le secteur privé peut valablement s’y investir. Il s’agit, à nos yeux, d’une activité rentable dont l’utilité publique ne fait aucun doute. Avec l’accompagnement des services compétents du département de la santé, il s’agira de convaincre les privés de s’engager dans le domaine.

Les premiers essais, s’ils s’avèrent concluants, pourront faire boule de neige et l’on verra l’effet positif que cela induit sur la santé et la sécurité des citoyens. Déjà, même si ce n’est pas forcément la même chose, des privés, détenteurs de camions grues, sont en rapport avec la sécurité routière pour enlever et déposer en fourrière, les véhicules accidentés ou en mauvais stationnement. Et cela se passe plutôt bien, nous semble-t-il.

Si on y ajoute le cas tout aussi envisageable des véhicules de lutte contre l’incendie à la protection civile, qu’on peut également renflouer, on aura fait un petit tour d’horizon des domaines d’intervention, sécurité-santé, dans lesquels les investisseurs privés peuvent se risquer, leur flair d’hommes d’affaires bien mis en avant et bien affûté.

Ce sont jusque maintenant des secteurs vierges. Nous leur souhaitons une ‘’saturation’’ dans les meilleurs délais, preuve qu’ils se seront ouverts au partenariat public-privé. Avec le Samu bien compris !

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