Rien ne va plus entre certains travailleurs et la direction de la SOGUIPAH (société guinéenne de palmiers à huile et d’hévéas). D’un côté, des malversations (surfacturation, paiements indus) et d’autres abus sont reprochés à la direction par des travailleurs qui dénoncent dans la foulée, une main noire qui empêche la mise en place d’un nouveau bureau syndical. De l’autre, des accusations réfutées par le directeur général qui y voit des manœuvres pour bloquer des réformes qui seraient en train de porter…
Sur la longue liste des allégations faites à l’encontre de Michel Bemy, il y a la facture faite au nom de Dombo consulting. « Le monsieur n’a même pas d’agrément, c’est un Camerounais, ami de Michel Bemy, qui a lui a donné des contrats gré à gré », accuse notre source qui ajoute «qu’en trois jours, une valeur de 222 500 euros, a été sortie par la direction, sans appel d’offre, contre des travaux qui n’ont pas été réalisés».
Parlant d’une deuxième facture, «la génie militaire avait déjà effectué ces travaux. Il a facturé ces mêmes travaux au compte de cette société, en faisant sortir 3 505 000 000, alors que les travaux avaient été facturés et payés», insiste notre interlocuteur.
Et de poursuivre «qu’en moins de trois mois, il (le DG) a fait sortir 7 milliards, alors que les travailleurs avaient accepté de renoncer à des avantages qui s’élevaient à un milliard et quelques par mois. Ce qui te fait plus de 7 milliards en trois ans, pour entretenir et faire l’extension des plantations, dont 70% sont vieillissantes ».
Les autres manquements dénoncés par notre source, vont du fait de menacer de licenciement des travailleurs qui ont usé de leur droit de grève, le refus de renouveler le bureau syndical des travailleurs, et menace de licenciement des travailleurs qui auraient tenu des réunions en dehors des heures de travail. Ce qui a conduit à la fermeture de l’antenne de la SOGUIPAH à Conakry, en signe de protestation à ce qu’ils reprochent à la Direction.
Joint au téléphone par Guineenews, le directeur général nie en bloc ces accusations qu’il met au compte d’une entreprise de déstabilisation de la part des travailleurs dont les intérêts indus sont menacés par des réformes initiées à son arrivée à la tête de la SOGUIPAH. Non sans préciser que les questions syndicales ne le concernent pas.
Dans sa réaction, Michel Bemy est sans équivoque: «les gens ne sont pas prêts à accepter cela». Alors «qu’il y avait un vol à ciel ouvert des travailleurs et même des villageois », décrit-il. Et de décrire: «ils entraient dans les plantations, tout ce qu’ils trouvaient là, ils prenaient. Le vol était la règle».
Pour changer cela, explique M. Bemy : «j’ai écrit au gouvernement. Nous avons créé un commissariat spécial de police, rattaché à SOGUIPAH. Tous les cas de vol sont systématiquement déférés à la justice de paix de Yomou ». Et «le vol a systématiquement cessé», conclut-il.
Au niveau de la production, le DG déclare une hausse de 60% depuis 2020, par rapport au niveau qu’il a trouvé en 2019. «Ça se passe de commentaire», estime-t-il. Et d’ajouter que «c’est des montages de produits qui qui sont là. Nos magasins de produits finis sont pleins à même le sol.» Ce qui serait dû «aux difficultés d’écoulement des produits, elles-mêmes créées par le gel des comptes» imposé par l’administration Doumbouya.
Reste donc à savoir ce qu’en pense le ministre de tutelle dont l’arbitrage pourrait être déterminant dans ce bras de fer. Surtout que ce dernier a récemment effectué une visite à la SOGUIPAH. En attendant, c’est la parole des uns, contre celle de l’autre.