Sérieusement touchée par une crise chronique ces dernières années, la SOGUIPAH (Société guinéenne de palmiers à huile et hévéas) vient d’être lâchée par Socfinco FR qui met fin à l’assistance technique qu’elle lui a toujours fournie. L’annonce a été faite par la filiale de Socfinco, il y a un peu plus d’une semaine.
Dans une correspondance qu’ils ont co-signée, le Directeur général et le président du conseil d’administration de Socfinco FR informe le directeur Général de la SOGUIPAH que « le retrait de Socfinco et de ses expatriés sur le site de Diécké se fera progressivement au cours de cette année 2022, mais pas au-delà du 31 décembre 2022. »
Prenant en compte «la longue période de partenariat » avec l’entreprise guinéenne, Régis Helsmoortel et François Fabri précisent par la même occasion que «la société (Socfinco FR) souhaite laisser le temps à la Soguipah de trouver des solutions alternatives d’accompagnement dans sa gestion technique afin d’assurer la pérennité du projet ».
En dépit de cette déclaration unilatérale de divorce, dans la correspondance adressée à Michel Bemy, les partenaires prennent le soin d’indiquer que cette décision découle « d’une restructuration profonde intervenue l’année dernière».
« Face aux défis mondiaux actuels, le groupe a pris la décision de se recentrer sur son premier métier de base, à savoir concentrer tous ses efforts sur la gestion des plantations industrielles et des sites industriels qui lui appartiennent en propre et donc cesser l’assistance technique apportée aux entités tierces dont la Soguipah fait partie », expliquent-ils.
Un exercice précautionneux qui n’empêche pas un travailleur de la SOGUIPAH, joint par Guinéenews, d’établir un lien de causalité entre cette rupture et la gestion actuelle de l’entreprise.
Dans son argumentaire, notre source évoque un rapport qui aurait épinglé son DG, en complicité avec un certain Fabian Philipart, directeur de Gestion de Socfinco FR. Quant à l’avenir de la SOGUIPAH, ledit rapport préconise une alternative : « soit on trouve rapidement un partenaire ou la société va dégringoler encore de plus »
Sur les motifs de ce départ qui secoue sérieusement « le palmier », un autre travailleur ayant requis l’anonymat, explique : « ils n’ont pas donné de détails, mais ils savent ce qui se passe. Aujourd’hui, la SOGUIPAH représente un navire qui tangue à cause des Guinéens mêmes. C’est pourquoi ils se retirent. Peut-être que Socfinco a besoin de nouveaux engagements ». En tout cas, pour cette autre source, «si le partenaire parle comme ça, l’Etat doit aller auprès de lui pour connaître les vraies raisons. »
Pour sa part, le Directeur de la SOGUIPAH que nous avons joint au téléphone n’a pas accepté de donner sa version des faits. Michel Bémy s’est fait particulièrement nerveux au bout du fil, avant d’interrompre la courte conversation, sous prétexte que nous ne lui livrons pas ces sources. Un manque de sérénité qui tranche avec la confiance qu’affichait récemment le même interlocuteur. Est-il sous le coup de ce divorce qui pourrit encore plus sa situation déjà peu enviable ? C’est tout comme. Si ce n’est pas pire d’ailleurs.