La préfecture de Siguiri ces dernières années est l’une des plus peuplée de la Guinée après Conakry.
Les raisons de ce surpeuplement s’expliquent d’une part, par la présence de deux sociétés minières la SAG et la SMD de Lero (quoique cette dernière soit administrativement rattachée à la préfecture de Dinguiraye). Rappelons que ces deux compagnies minières produisent depuis plus d’une decennie pas moins de 1000 Kg d’or par mois.
D’autre part, par l’arrivée récente sur le marché Guinéen des machines détectrices de pépites d’or.
L’utilisation de ces machines dans la région de Siguiri pour la recherche de l’or a provoqué l’arrivée massive de Guinéens de toutes les régions mais aussi d’étrangers venant du Mali, de la Côte d’Ivoire et du Burkina.
Pour s’apercevoir de cet état de fait, il suffit d’observer le marché de l’immobilier devenu un secteur d’investissement très rentable poussant la nouvelle génération de jeunes à y investir massivement.
Un appartement de F4 d’un TRÈS bon standing se négocie aujourd’hui entre 110 à 150 dollars par mois.
Les prix ont presque triplé en 8 ans.
Les difficultés actuelles que traversent les populations de Siguiri dans cette cherté de vie sont elles les raisons ayant poussées une frange importante des jeunes à tenter l’aventure européenne via la traversée du désert Libyen ?
Si des statistiques existaient on pourrait aisément étudier l’impact de ce fleau qu’est la l’immigration clandestine sur la région.
Inutile d’aller chercher les causes très loin, c’est simplement la misère et la paupérisation que traversent les Siguirankas en dépit de toutes les richesses que le sous sol de la region regorge.
La jeunesse de Siguiri n’a jamais tenté l’aventure de par le passé. Même partis pour un moment, pour ceux qui tentaient l’expérience, l’envie du retour était toujours grande en eux à cause des succès et progrès réalisés par ceux qui ont fait le choix de rester et qui sont devenus prospères grâce au négoce et les affaires.
C’est seulement à l’arrivée du président Alpha Condé au pouvoir que l’immigration clandestine a pris des proportions inquiétantes.
Doit on l’attribuer à la mauvaise gouvernance du RPG en dépit de la dimension régionale du fléau et dans le contexte de l’éclatement du verroux Lybien consécutif au départ du régime de Khadafi de la Libye? Rien n’est moins sûr.
Il faut avoir vécu à Siguiri aujourdhui et dans les années 90 pour se rendre compte combien de fois la commune urbaine est devenue congestionnée et suffocante.
Malheureusement, le régime d’Alpha Condé n’ayant pas un programme de développement cohérent, n’a su combler les besoins en infrastructures de base(eau, électricité,routes, hôpitaux) à cette ville qui s’agrandit tous les jours.
Or, Siguiri est toujours restée RPG malgré quelques efforts fournis par le régime de l’ex président Lansana Conté qui avait reussi à construire un système d’adduction d’eau qui aujourd’hui malheureusement n’arrive pas à couvrir toute la ville mais également en situation d’arrêt par faute d’entretien.
L’ancien président avait aussi réussi à faire la route nationale Kouroussa-Kouremale via Kankan et trois ponts dont un sur le Niger, et les deux autres sur le djoliba et le Baffing.
Il avait aussi réussi à réaliser une dizaine de km de Bitumes dans la commune urbaine. Ces rues sont aujourd’hui dans un état de délabrement assez poussé qu’il convient de les confondre à des rues poussiéreuses.
La commune urbaine de Siguiri était une ville très charmante, coquette et propre grâce à un lotissement parfait qui lui donnait l’allure d’une ville moderne.
La mise en place d’infrastructures sociales de base pourrait être aisée grâce à ce lotissement auquel toute la population adhère.
Aujourd’hui, la ville a perdu ce charme d’antan par la détérioration des rues bitumées du temps du régime de Conté et par le niveau d’insalubrité poussé.
Or, Alpha Condé avait promis monts et merveilles à la région de Siguiri au moment de la traversée du désert pour la conquête du pouvoir.
Où en sommes nous aujourd’hui avec toutes ses promesses ?
1- Le désenclavement des sous préfectures ;
4- Il n y a pas d’eau ;
5- Il n y a pas d’électricité.
6- L’hôpital préfectoral se dégrade de jour en jour au point que tout Siguiri se soigne actuellement à Bamako.
La faiblesse du taux d’insécurité était l’autre aspect positif de la région.
C’est tout récemment avec l’agrandissement de la ville que les populations ont commencé à être confrontées aux problèmes récurent d’insécurité et de prostitution.
On a coutume de dire à Siguiri que tout le monde se connaît.
Il n’y a avait ni agression, ni cas de larcins encore moins de vols à mains armées.
C’était l’une des villes de Guinée au potentiel économique grand où le rafle nocturne n’existait pas si ce n’était que pour des raisons politiques.
Contrairement aux mauvais clichés qu’on renvoit de la ville depuis 2010 avec l’arrivée d’Alpha Condé au pouvoir, Siguiri était plutôt une région très paisible.
De 1993 jusque tard en 2005 le régime de Lansana Conté a fait subir assez de torts aux responsables du RPG de la région à cause de leur affiliation politique.
Les arrestations arbitraires, la torture et les emprisonnements étaient le quotidien des leaders locaux du RPG.
La population exténuée, finira un jour par réagir à l’encontre de certains natifs complices de ces abus.
Plusieurs maisons de natifs furent alors saccagées et beaucoup de biens détruits.
Durant toute cette période tumultueuse, aucun étranger n’a subi du tort pour son affiliation politique dans la région.
Ce fut la seule periode de violences politiques connue tout le long du régime de Conté.
Les malheureux événements de 2010 consécutifs à la fausse rumeur d’eau empoisonnée à la veille du 2eme tour des presidentielles eurent des répercussions graves sur le tissu social de la région.
Ces événements qui ont constitué une phase sombre de l’histoire de Siguiri ont été sciemment organisés depuis Conakry par des politiciens véreux en quête de pouvoir afin de ternir l’image d’une ville dont les fils ne s’étaient jamais attaqués auparavant aux étrangers vivant sur son sol.
Des badauds qui pour la plupart sont pas natifs de la ville venus à la recherche de leur pitance quotidienne furent manipulés pour s’attaquer à des magasins de certains peuls.
Ce que les gens ne disent pas lors de ces événement, c’est le courage qu’avait eu le premier responsable du RPG de la ville le député Sekou Savané pour sortir ce jour afin de sensibiliser les manifestants.
Malheureusement, les comploteurs tapis dans l’ombre à Conakry ne lui donnèrent pas de repis dans la manipulation des masses. Il échut des huées et des attaques contre son propre vehicule.
Plusieurs groupes de jeunes natifs s’organisèrent néanmoins pour empêcher les jeunes manifestants à s’attaquer à plusieurs boutiques de certains peuls avec lesquels ils tissent de rapports étroits depuis de très longues années.
C’est ainsi qu’entre autres boutiques sauvées toutes celles longeant la grande famille Cissé près du Marché Central furent épargnées.
Il y eut neamoins assez de dégâts matériels.
A ma connaissance, il y eut assez de blessés mais aussi un mort dans le quartier derrière le camp militaire.
La psychose grandit tellement vite que le sentiment de quitter la ville fut la seule alternative qui se discutait entre les membres de la communauté peule.
La communauté s’organisera conséquemment.
Ce qui du coup sera suivi d’un exode massif d’une tristesse incommensurable.
La ville perdit de son charme et s’est plongée dans un désarroi total.
Mon constat personnel et ça n’engage que moi puisque j’avais eu la chance d’y être, c’était qu’il n y avait aucun sentiment de joie ou de célébration au départ massif des peuls.
Un sentiment de culpabilisation envahit plus tard plusieurs natifs pour avoir laisser des voyous ternir l’image de la ville.
En dehors même des questions d’ordre politiques et électoralistes, Siguiri est un pôle économique puissant par son apport significatif au PIB (produit intérieur brut) national. C’est pourquoi, la mise en place d’infrastructures sociales de base dans une telle ville au dynamisme économique reconnu aurait pu par ricochet rehausser l’économie nationale.
La jeunesse de Siguiri est une des plus dynamiques de la Guinée dans le négoce et les affaires en dépit d’un manque criant de soutien.
Elle n’en démord pas pour autant pour aller conquérir le marché vaste de la dorsale sud du Mali constituée de la partie sud des régions de Kayes, Bamako et Sikasso.
La production d’or artisanale avoisine les 40 kilo par semaine. L’or local est vendu dans les pays arabes principalement Dubaï via Bamako et Conakry.
Il y a de cela quelques mois, le gouvernement avait organisé la journée nationale de l’orpaillage.
Ces journées étaient censées trouver des solutions aux difficultés auxquelles cette corporation était confrontée.
Au lieu de cela, la journée s’est plutôt transformée en un géant meeting politique pour prouver la vitalité du parti au pouvoir le RPG-arc-ciel en Haute Guinée.
Aucun problème structurel auquel ces orpailleurs sont confrontés dans leurs activités n’a été résolu à nos jours.
Des milliards ont été dépensés pour venir danser, chanter et manger au nom d’Alpha Condé et son régime.
En depit du fait que Siguiri soit une région agricole par excellence, son économie est fortement influencée par l’orpaillage.
En effet, les plaines qui longent le Niger, le Djoliba et le Baffing dans les sous préfectures de Norassoba, Nounkounkan, Niandankoura et dans le Tiguibiri sont des zones d’excellence pour la culture du riz.
Les coteaux et flancs des montagnes dans le Baraka, Naboun et Maleya sont des régions d’excellence des cultures céréalières principalement le maïs et le mil.
L’agriculture sans soutien, est aujourd’hui abandonnée à son triste sort. La majeure partie de la population se tournant vers la recherche de quelques grammes d’or pour la survie quotidienne.
A mon avis, l’introduction des cultures de rente telles que l’anacarde et le cotton vont plutôt participer à accélérer le dérèglement des conditions environnementales déjà sévèrement affectées par l’orpaillage et la production industrielle de l’or.
Il faut une véritable politique agricole pour développer les cultures vivrières et céréalières de la région.
Siguiri pourrait nourrir la Guinée en maïs et mil et pouvoir exporter l’excédent dans le Mali voisin.
Quels sont donc les problèmes structurels auxquels la journée nationale d’orpaillage aurait pu se pencher pour une réflexion profonde afin de trouver des solutions idoines qui puissent rentabiliser ce secteur de l’économie informelle ?
Nous avons entre autres :
1- Le mode de transport de l’or produit localement.
Il est connu de tous que l’or etant un metal précieux, son transport peut faire courir des risques d’insécurité aux producteurs.
Jusqu’à présent, le transport de tout cet or se fait de façon dissimulée sans aucun dispositif de sécurité. Les producteurs sont abandonnés à leurs propres intelligences.
2- Le mode de paiement sécurisé pouvant protéger les producteurs locaux des attaques à mains armées provenant des coupeurs de route.
Il est très courant d’entendre que des milliards de francs des orpailleurs soient tombés dans les mains de ces bandits.
Ceux là s’attaquent régulièrement aux producteurs sachant que de grosses sommes d’argent sont transportées de Conakry à Siguiri à bord de taxis-brousse.
Le gouvernement pourrait par exemple inviter les banques commerciales installées à Siguiri à créer des produits qui puissent faciliter ces grosses transactions financières dans le souci de protéger les opérateurs du secteur contre les déperditions dues aux vols et aux braquages.
3- Les mines d’orpaillage sont des tombeaux à ciel ouvert. Assez de vies humaines sont perdues chaque année dans les mines de Siguiri.
La solution aurait été de penser à organiser les opérateurs locaux autour de permis de recherche et d’exploitation par la création de mines semi-industrielles ou industrielles de faibles dimensions.
Cette solution aurait l’avantage de formaliser un secteur qui a longtemps échappé à l’économie nationale.
Les producteurs locaux pourront ainsi évoluer en consortium. Ils pourront en conséquence s’approprier de nouvelles technologies d’exploitation en augmentant le rendement.
Pour atteindre cet objectif, il faut favoriser l’implantation d’un laboratoire minéral de type commercial pour accélérer les recherches.
Cette solution sur le long terme aurait aussi résolu le problème récurrent de la dégradation de l’environnement par une production anarchique dans le passé.
Rien de tout cela n’a été résolu à nos jours.
Que vaut le contenu local pour la région de Siguiri après deux décennies d’exploitation industrielle dans le Bouré ?
La question vaut tout son pesant d’or quand on sait que Siguiri manque de tout.
Il est plus qu’urgent pour que le contenu local tel que prévu dans le nouveau code minier soit strictement appliqué pour le bénéfice des populations.
Il faut une gestion efficiente de la quote part de la préfecture dans les dividendes redistribuées par la SAG.
Siguiri regorge assez d’entrepreneurs qui ont besoin d’être soutenu.
Ces entrepreneurs avaient beaucoup souffert de retard de paiements au compte des travaux engagés à l’occasion de la fête nationale tournante pour la région de Kankan.
Aujourdhui, que nous reste-t-il à faire ?
Il faut sensibiliser la jeunesse autour des méfaits de l’immigration clandestine.
Il faut que la jeunesse s’approprie la future école des arts et métiers qui à mon sens est le seul projet bénéfique que ce régime ait fait pour notre région.
Ainsi mon souhait serait que la jeunesse de Siguiri soit la plus nombreuse dans cette nouvelle école qui du reste sera ouverte pour tous les Guinéens sans distinction.
Il nous faut sensibiliser la jeunesse de Siguiri sur la problematique de l’abandon scolaire.
Une grande érosion des valeurs s’effectue à ce niveau. Il nous faut arrêter cette hémorragie.
Politiquement, il nous faut sortir du piège du RPG.
Nous sommes en démocratie seuls nos intérêts comptent. On n’est pas lié au RPG par un lien de sang surtout que le parti n’a pas honoré ses promesses en presque 10 ans de gouvernance.
On n’est pas obligé de respecter notre engagement politique auprès du RPG et son leader alors que ce dernier ne respecte pas sa parole d’honneur.
On doit utiliser le principe de la réciprocité en vers tous les leaders politiques qui sollicitent nos voix.
C’est à dire, nous te suivrons tant que tu respecteras tes engagements en vers nous.
Le jour que tu arrêtes, nous te tournerons le dos aussi.
Il nous faut organiser une journée de réconciliation avec toutes les communautés guinéennes vivant à Siguiri pour qu’on se pardonne entre nous à cause des conflits politiques passés qui du reste n’étaient la volonté d’aucun vrai Siguirinka à part les politiciens véreux tapis dans l’ombre à Conakry.
Dans les années 90, il y a eu conflits entre natifs.
Nous avons aussi enregistré les malheureux événements de 2010.
A présent, nous avons besoin de laver tout çà en famille pour répartir sur de bonnes bases
Nous devrions nous pardonner pour enfin regarder dans la même direction.
Plus jamais nous devrions accepter que la politique soit source de haine et de conflit.
Explorons nos différences, cultivons le sanakouya pour battir une préfecture forte.
Vive la préfecture de Siguiri
Vive La Guinée
Alpha Mamadou Diallo
Ancien leader de la génération 2000. (AGENCE de promotion culturelle et de spectacles)
Ancien leader de L’AJEERAS (Association des jeunes élèves et Étudiant ressortissants et amis de Siguiri)