Tribune de Souleymane Traoré
Directeur Général de la Compagnie des Bauxites de Guinée (CBG)
Conakry, Guinée
Le secteur minier a la responsabilité de développer de nouvelles pratiques responsables afin de minimiser et d’atténuer son impact sur l’environnement, de transformer la vie des personnes vivant à proximité des zones minières et de respecter les droits humains fondamentaux. C’est pourquoi, à l’instar de nombreuses autres industries, il est nécessaire de passer rapidement à une nouvelle stratégie commerciale fondée sur des critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG). Car la rhétorique ne suffit plus, surtout dans les pays en voie de développement.
La différence entre les investissements ESG et les investissements sociaux traditionnels des entreprises est que les premiers exigent des plans d’action transparents et des chiffres concrets que les investisseurs et le public peuvent suivre et mesurer. Ces indicateurs quantifiables doivent être la preuve du travail accompli pour changer des vies, ce qui signifie qu’une organisation est tenue de ne pas se cacher derrière des promesses vides.
Chez CBG, nous utilisons les critères ESG comme fondation de notre stratégie de développement, car nous voulons nous assurer que nous laissons derrière nous un monde meilleur – en équilibrant la nécessité de créer des opportunités économiques, mais aussi en nous assurant que nous évitons des pratiques abusives sur le plan environnemental.
En Afrique, l’activité minière et les infrastructures connexes contribuent largement au potentiel économique du continent. Il a été estimé que la valeur des projets connexes en Afrique s’élèvera à au moins 50,87 milliards de dollars américains d’ici 2030, mais la protection de l’environnement, les pratiques commerciales responsables, le développement communautaire et les cadres politiques protecteurs seront les éléments clés pour maintenir un tel empire.
La Guinée possède les plus grandes réserves de bauxite au monde, mais le potentiel économique est encore inexploité, et pour tant il pourrait contribuer à transformer la vie des + 12 millions de Guinéens.
Depuis le démarrage de ses opérations il y a près de 50 ans, la CBG a produit plus de 500 millions tonnes de bauxite de manière sécuritaire et responsable pour l’exportation – soutenant l’une des plus importantes industries minérales du pays et faisant de notre mieux pour aider à transformer l’économie nationale guinéenne – tout en mettant l’accent sur le développement des personnes.
Nous avons réalisé l’importance du secteur privé, non seulement pour la croissance de l’économie, mais aussi pour une véritable durabilité grâce au développement des infrastructures, à l’amélioration de la situation des communautés, au transfert de compétences, à la création d’emplois et aux initiatives de protection de l’environnement. Si la CBG reconnaît les avantages inhérents aux chaînes de valeur minières africaines, celles-ci ne peuvent être développées durablement – et être rentables sur le long terme – qu’à travers les principes adoptés dans la stratégie ESG.
Tout au long de son activité en Guinée, la CBG a toujours considéré ses communautés comme une partie prenante essentielle de l’entreprise, avec la volonté de créer des emplois et de former des guinéens et guinéennes pour éviter de dépendre de la main-d’œuvre internationale. Actuellement, la CBG emploie directement environ 2400 personnes, dont 90% sont d’origine guinéenne. Cependant, c’est la création d’emplois indirects qui est au cœur de la stratégie de développement communautaire de l’entreprise, où plus de 3000 personnes sont employées par des modestes entreprises locales en sous-traitance avec la compagnie.
Selon des données récentes de l’Agence guinéenne pour la Promotion des Investissements Privés (APIP), plus de 90 % des entreprises économiques du pays relèvent au secteur informel, et cette tendance doit être inversée. Grâce à un programme qui permet et soutient le développement des petites entreprises, la CBG a offert des prêts sans intérêt et des programmes de formation qui ont créé quelque 3000 emplois directs dans la région de Boké – dont certains ont été engagés pour aider aux opérations de la CBG.
Alors que la plupart des travaux d’investissement social des entreprises (ISE) tendent à se concentrer sur le développement économique, dans le monde en voie de développement, on oublie parfois que des infrastructures améliorées et compétitives au niveau mondial font cruellement défaut. Au cours des dernières décennies, la CBG a investi plus de 60 millions de dollars américains dans diverses infrastructures et services sociaux de base, en mettant notamment l’accent sur le développement éducatif et médical. Il s’agit d’écoles, de cliniques et de services d’eau améliorés.
Plus récemment, nous avons mis en place un programme d’investissement social plus complet qui permet d’investir 2,5 millions de dollars américains par an, en accordant une attention particulière aux activités génératrices de revenus pour nos communautés.
Au-delà des dimensions humaines d’une entreprise durable, on ne peut ignorer l’impact environnemental de l’industrie minière, surtout en Afrique, où les législations de protection sont sous-développées ou difficiles à appliquer. La législation minière de la Guinée a été transformée au cours des 15 dernières années, la plus importante étant le Plan d’Action National pour l’Environnement, et un code minier qui a été révisé. Le code exige une conformité totale en matière de protection de l’environnement, et tous les opérateurs miniers qui demandent des permis d’exploitation doivent inclure des études d’impact environnemental et social afin de minimiser autant que possible les dommages environnementaux.
La CBG s’est elle-même engagée à réhabiliter toutes les zones minières qu’elle a mises en valeur. Elle a déjà réussi à restaurer une zone de 2000 hectares et poursuivra la réhabilitation tout au long de son existence en Guinée.
L’entreprise s’est également engagée à mener une gestion responsable de l’environnement en préservant les ressources locales et la biodiversité, et en s’attaquant à tout impact historique sur les ressources en eau ou la qualité de l’air par le biais d’une surveillance approfondie.
L’aspect gouvernance sur la base des critères ESG signifie également que les acteurs du secteur doivent réévaluer leurs propres politiques à la lumière de la législation gouvernementale et se responsabiliser afin de s’assurer que la gestion de l’environnement et le développement communautaire restent au premier plan de leurs activités. En souscrivant aux normes environnementales et sociales de la Société financière internationale, de « Aluminium Stewardship Initiative » (dont la certification est en cours), aux Principes directeurs des Nations unies relatifs aux entreprises et aux droits de l’homme (UNGP), la CBG démontre son engagement et son soutien à l’établissement de normes mondiales pour un secteur minier responsable et durable.
La protection des vies et des moyens de subsistance est une considération à multiples facettes pour l’industrie minière, mais la CBG s’est toujours concentrée sur l’innovation, la préservation et la conviction centrale que si les ressources minérales sont limitées, les communautés et leurs environnements environnants devraient prospérer pour toujours.