Le gouvernement sénégalais vient de franchir le rubicon par la dissolution du Parti Pastef (Patriotes du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité), de l’opposant sénégalais Ousmane Sonko. Cette décision qui tombe comme un couperet sur la tête de Sonko, est consécutive à l’interpellation et à l’inculpation ce lundi, pour des chefs d’accusation longs comme le bras, de celui qui est devenu au fil du temps, le poil à gratter du pouvoir de Dakar.
Les choses se sont accélérées ces dernières heures contre le leader de Pastef, qui était depuis un certain temps dans l’œil du cyclone judiciaire.
En effet, son interpellation vendredi pour « vol de téléphone et appel à l’insurrection », a débouché ce lundi sur son inculpation. A « l’appel à l’insurrection, la justice a greffé le complot contre l’autorité de l’État », entre autres, comme griefs contre cet irréductible opposant au régime sénégalais.
Cette série noire s’est poursuivie par la dissolution du parti Pastef pour de « graves troubles à l’ordre public, ayant entraîné des pertes en vies et des blessés et des actes de pillage et de saccage ».
Comme coup de grâce porté à Sonko, le gouvernement annonce que « les biens du parti dissous seront liquidés ».
A l’allure où va le train, c’est la candidature à la prochaine présidentielle prévue en février 2024, de Ousmane Sonko, investi pourtant candidat par son parti, qui risque d’être sérieusement compromise.
Certains observateurs pensent que c’est le ciel qui tombe carrément sur la tête du leader de Pastef. Et dans le camp de l’opposant, tout ce branle-bas de combat judiciaire est perçu sous le prisme d’une cabale ourdie par la présidence sénégalaise. Dans le seul dessein de barrer la voie à une candidature de Sonko, considéré comme la bête noire de la mouvance présidentielle. Et dont l’avènement au pouvoir pourrait entraîner une descente aux enfers pour Macky et ses proches.
Les détracteurs de Pastef, eux, ne trouvent aucun inconvénient à ce que la loi puisse s’appliquer dans sa plénitude contre quiconque faillit. Car pour eux, nul n’est au-dessus de la loi. Ils déplorent surtout la violence qui constitue selon eux la ligne de force de Pastef.
En tout état de cause, le cas Sonko est devenu une arête dans la gorge du pouvoir sénégalais. Qui vient de trancher le nœud gordien. Histoire de faire boire le calice à Sonko, jusqu’à la lie.
Reste à savoir si la pilule pourra passer aussi facilement chez les militants et sympathisants.
Au-delà de l’inculpation de Sonko, c’est la dissolution de son parti qui alimente davantage la chronique, y compris en dehors du Sénégal. En Guinée, certains acteurs du landerneau politique craignent que cela ne puisse inspirer la junte. Une junte soupçonnée de ne pas pouvoir voir les partis en peinture.
D’ailleurs, les menaces proférées à un moment donné par le ministre de l’Administration du territoire et de la décentralisation, Mory Condé contre des formations politiques, opposées au régime, sont encore dans les mémoires.
C’est la preuve que la crainte qui est en train de s’emparer de certains partis, suite au mauvais précédent que constitue le cas Sonko, est tout à fait légitime. Même si le Sénégal n’est pas la Guinée. Et vice versa.