Sur le plan sanitaire, le coronavirus a focalisé l’attention des autorités compétentes et des partenaires au développement durant l’année écoulée. Même si le pays a été confronté à d’autres problèmes épidémiologiques, dont une réapparition surprise de la fièvre hémorragique à virus Ebola, éradiquée en 4 mois, avec un bilan de 12 morts et 11 gerris. Sans oublier les quelques cas de fièvres Marburg et lassa…
Selon les données publiées, le 23 décembre par l’Agence nationale de la sécurité sanitaire (ANSS), à la date du 21 décembre, la Guinée n’a officiellement toujours pas connu de cas du variant Omicron, paru en Afrique du Sud. Ce jour, le pays a enregistré 50 cas confirmés sur 1016 testés, 2 guéris, 42 hospitalisés, 0 décès.
La Guinée compte au total, depuis l’apparition de la Covid-19 en mars 2020, 30 938 cas confirmés dont 29 802 guéris et 389 décès, avec 1 739 338 personnes vaccinées avec la 1ère dose et 839 486 avec la 2éme dose.
Avec une concentration de la maladie dans la capitale Conakry et ses environs, les Guinéens ont entamé l’année comme celle précédente, avec anxiété. En dépit d’une phase de vaccination d’essai administrée aux plus hautes autorités, grâce à 55 doses du vaccin russe sputnik v, alors qu’en décembre 2020, on ne comptait officiellement pas moins de 13 000 cas de covid-19 en Guinée.
La vaccination intègre le dispositif du combat
Poursuivant cette logique, les autorités d’alors ont doté les services sanitaires d’un lot plus important de Sinopharm, un des vaccins chinois, permettant le lancement officiel de la campagne de vaccination. La cérémonie présidée par l’ancien ministre de la Santé, Rémy Lamah avait eu lieu au centre de traitement épidémiologique de Gbessia, le 5 mars 2021, alors que la Guinée était à plus de 16 mille cas dont 15 mille guérisons, avec un indice de positivité passé de 2 à 8%.
Avec de plus en plus de doses arrivées de la Chine et d’autres parties du monde, comme les Etats Unis et la Russie, grâce à l’initiative Covax, mais aussi d’autres canaux bilatéraux, la campagne de vaccination s’est accrue. Cumulativement à d’autres mesures comme la fermeture des lieux de loisirs, le couvre-feu, le cerclage des zones contaminées accompagné de la prise en charge des familles, mises en isolement, sans oublier les barrières édictées.
Une stratégie qui a fait ses preuves jusqu’à l’apparition des variants, notamment le delta d’origine indienne, jugé plus transmissible à plus de 30 voire 60%, avec un risque plus élevé d’aggravation (hospitalisation et réinfection). Pour ne rien arranger, le très virulent delta et les nouveaux variants d’alors perturbent sérieusement le dispositif qui avait permis de contrôler la situation. Pendant le deuxième trimestre de l’année, les centres de traitement épidémiologique ont été très fortement sollicités, avec de plus en plus de cas nécessitant l’assistance respiratoire. Avec à la clé, des décès record et des mesures drastiques prises par l’exécutif d’alors qui décida d’assujettir l’accès aux bureaux des agents de la fonction publique au pass sanitaire…
Le CNRD baisse la garde, avant de se raviser
A la prise du pouvoir par le CNRD le 5 septembre, le couvre-feu sanitaire courait à partir de 22 heures. Mais comme par enchantement, le taux de contamination a drastiquement chuté les jours suivants. Ce qui a poussé le colonel Doumbouya et son équipe à décider de repousser le couvre-feu à 0 heure, avant la levée totale de la mesure dans les semaines qui ont suivi.
Parallèlement, les mesures barrières ont été complètement délaissées. C’est dans ce contexte de relâchement généralisé que le variant Omicron apparu en Afrique du Sud s’est répandu dans le monde. Pendant qu’un débrayage enclenché par les agents vaccinateurs guinéens a interrompu la campagne de vaccination, compromettant inéluctablement l’atteinte par la Guinée du taux de 40% de vaccination des populations contre la pandémie, avant la fin de l’année fixée par l’OMS. Avec comme dommage collatéral, sans doute plus de 300 000 doses de vaccins périmés. Après avoir ainsi baissé la garde, le CNRD s’est ravisé, en invitant les acteurs impliqués dans la lutte contre la Covid-19 à mettre les bouchées doubles. C’est dans cette optique que se situe l’accélération de la campagne de vaccination organisée récemment à Coyah. Où le président de la transition avait saisi l’occasion pour se faire vacciner lui-même.
Le conseil scientifique se réveille
Ce qui a poussé le conseil scientifique à sortir de sa léthargie chronique. Dans un avis publié fin décembre et transmis aux autorités le 02 décembre dernier, l’entité présidée par Pr Yolande a fait des observations. Parmi elles, « …une diminution considérable des actions de la riposte et de la surveillance épidémiologique de la pandémie COVID-19, marquée par une baisse drastique du nombre de tests (de 2000 tests jour, à environ 400 tests jour actuellement), un arrêt de la campagne de vaccination avec un risque de péremption de lots importants de vaccins, une faible surveillance génomique pour détecter la présence de variants ».
Très alarmés par la nouvelle donne, les scientifiques ont relevé aussi «un relâchement total du respect des mesures barrières y compris dans l’administration.»
Avant de recommander «l’instauration de mesures spécifiques de contrôle et de surveillance aux principaux points d’entrée pour les voyageurs en provenance des pays où circule le variant Omicron par la réalisation d’un test RT-PCR à l’arrivée et un séquençage des cas positifs ». Puis, «l’actualisation du plan opérationnel et la disponibilisation effective de fonds pour la mise en œuvre urgente de la vaccination en décentralisant les interventions et intégrant le programme élargi de vaccination».
Des recommandations prises en compte, au moins en partie. En tout cas, le 19 décembre, le président de la transition accompagné de son Premier ministre, Mohamed Béavogui et son ministre de la Santé, Dr Péthé Diallo, a lancé officiellement «la campagne accélérée de vaccination» à Coyah, ville située à 50 kilomètres de la capitale Conakry. Concrétisant ainsi, une annonce faite début décembre par le ministre de la Santé, mais qui tardait à se dessiner.
Reste à savoir si au-delà de ce lancement en grande pompe, la junte au pouvoir va mettre fin au laisser aller constaté dans la lutte contre la pandémie depuis son arrivée au pouvoir. En tout cas, tel est le souhait qu’on peut faire, pendant que le coronavirus et ses variants restent un défi à relever pour le monde en 2022 et probablement après.
Enfin, il faut noter le départ de Dr Sakoba Kéita à la Direction générale de l’ANSS et son remplacement par le Pr Fodé Amara Traoré.