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Risques et répercussions de la levée de fonds gouvernementale: un économiste tire la sonnette d’alarme

Le montage financier à travers lequel le gouvernement réussit à lever les fonds auprès des banques commerciales via les obligations du trésor ne rassure pas grand monde chez les économistes. Parmi eux, Abdoulaye Guirassy, spécialiste en économie appliquée et en sciences politiques qui a été reçu comme invité chez nos confrères de FIM FM, dans l’émission mirador.

Pour rappel, il a été récemment révélé un montage financier dans le cadre d’une levée de fonds initiée par le gouvernement pour financer des infrastructures. A l’entame de son intervention, l’invité reconnaît qu’il s’agit d’une opération « légale ». Le seul aspect ou presque où il est d’accord avec les autorités, notamment le ministre de l’Economie et des Finances et le gouverneur de la Banque Centrale reçus ensemble dans la même émission avant Abdoulaye Guirassy.

Contrairement à la position défendue par le gouvernement, l’invité du jour décrit une opération complexe avec des conséquences à redouter sur l’inflation dont le chiffre réel n’a pas été donné à la radio par gouverneur de la BCRG.

Dans sa démonstration, Abdoulaye Guirassy s’est voulu pédagogue. « Là où le montage est complexe, c’est le choix que le gouvernement a fait », avertit-il. Puis, d’expliquer : « il y a deux formes d’obligations du trésor. Les obligations de trésor par adjudication, qui fonctionne comme les bons du trésor (on fait la levée des fonds, on fait la vente aux enchères. Il y a les obligations du trésor par syndication où les banquiers se réunissent en groupements d’intérêt, en corporation, pour négocier les clauses et les conditions de fonctionnement. Et visiblement, nous nous inscrivons dans ce cadre-là… »

Poursuivant, laisse entendre que le fait pour le gouvernement de choisir les réserves obligatoires parmi tant d’autres instrument rend la situation encore « plus sérieuse ». A partir du moment où, explique-t-il, « c’est une fraction des revenus (des banques commerciales) que la banque chiffonne. »

Dans la même lancée, pour l’économiste, « là où l’opération se complexifie, c’est que le gouvernement, sous la facilitation de la Banque centrale et l’APB (association professionnelle des banques), de ponctionner un peu cette partie des réserves obligatoires détenue à la Banque Centrale au détriment des banques commerciales, et de prêter cela à l’Etat. »

Ce n’est pas les seuls problèmes de ce montage financier. Dans son analyse, M. Guirassy évoque la baisse du taux directeur de la Banque Centrale, sans laquelle, ce protocole ayant permis aux banques primaires de souscrire à ces obligations du trésor ne serait pas possible, soutient-il. C’est pourquoi, selon ses explications « la banque centrale a été obligée d’abaisser son taux de réserves obligatoires de 15 à 13%, à la demande des banques ».

Alors que, rappelle-t-il, « la Banque Centrale doit être indépendante ». En tout cas, informe-t-il, « les seules motivations qui doivent pousser une Banque Centrale à abaisser son taux directeur, ce sont les impératifs de politique monétaire. C’est pour simplement répondre aux obligations du gouvernement. Ce qui pose un sérieux problème d’indépendance de la Banque centrale », dénonce monsieur Guirassy pour ce qui est du cas actuel.

A propos des éventuelles conséquences de ce montage financier, à écouter le spécialiste, elles pourraient être « néfastes » pour l’économie du pays. Même s’il y reconnaît et « salue » des avantages parce qu’il permet « les efforts sans précédent du gouvernement dans les infrastructures ».

Une hausse inéluctable de l’inflation 

Ces bienfaits reconnus, sur fond de démenti des officiels, l’économiste annonce des conséquences quasi-inéluctables sur l’inflation. « Actuellement, on a une inflation autour de 8%, contrairement à ce que j’ai entendu du gouverneur qui a parlé du 6% dans la même émission. » Alors que « dans tous les documents officiels de la Banque Centrale, l’inflation est à 8,6%. Et l’inflation tablée dans la LFR (loi des finances rectificatives), le chiffre est porté à 9,2% », informe-t-il.

Et de déplorer : « c’est ce moment qu’on choisit pour ouvrir le robinet de la liquidité. Alors qu’on devait le refermer…  A chaque fois que vous abaissez le taux de reverse obligatoire, mathématiquement la masse monétaire s’accroît. Quand la masse monétaire s’accroit sans contrepartie en biens et services, la conséquence, c’est l’inflation. » Avant de prédire « une inflation à deux chiffres dans les mois à venir ».

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