Dans son dernier rapport sur la Guinée, après les détentions, libérations et autres procédures judiciaires à forte connotation politique actuellement en cours, Amnesty International a fait mention de la santé de certains des détenus politiques et de la sécurité d’un opposant Guinée établi en Guinée-Bissau. C’est ce que nous constatons dans le communiqué de publié par l’ONG à cet effet.
Dans la partie du document, intitulée «la santé d’au moins quatre détenus menacée », Amnesty international indique ‘‘parmi les cinq responsables de l’UFDG et de Nos valeurs communes détenus, Ibrahima Chérif Bah, 73 ans, Abdoulaye Bah, et Ousmane « Gaoual Diallo », ont été hospitalisés ces derniers mois pour des problèmes de santé, tandis que Ismaël Condé, autre opposant en détention, a été admis à l’hôpital après s’être « volontairement ébouillanté le visage et le torse avec de l’eau chaude, » selon le ministère de la Justice’’.
Parlant de Chérif Bah, vice-président de l’UFDG, l’ONG qui site des membres de sa famille rapporte «qu’une évacuation d’urgence à l’étranger lui a été refusée, bien qu’il ait », précise le document, «des difficultés à suivre son traitement car il est compliqué de lui faire parvenir ses médicaments en raison des restrictions de voyages.»
Et d’ajouter que ‘‘le ministère de la Justice avait annoncé le 20 avril 2021 son admission à l’hôpital, en rapportant que son état avait été jugé’’ « médicalement stable » par «une équipe médicale composée d’éminents cardiologues. »
Néanmoins, «Amnesty International s’associe à l’appel formulé le 25 mars 2021 par la Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, demandant aux autorités d’examiner les moyens de libérer les personnes particulièrement vulnérables à la COVID-19, notamment les détenus les plus âgés et ceux malades », mentionne le communiqué.
Puis, de rappeler «qu’entre décembre 2020 et janvier 2021, Amnesty International avait documenté et communiqué sur la mort de quatre personnes, dont trois militants ou sympathisants de l’UFDG, pendant leur détention provisoire à la prison centrale de Conakry ».
Quant aux « pressions et menaces », l’ONG affirme « qu’elles continuent par ailleurs d’être exercées contre des opposants politiques ». Evoquant en guise d’exemple, le fait que «le président et l’un des vice-présidents de l’UFDG ont ainsi été interdits de sortie du territoire à plusieurs reprises, et le passeport du président du parti a été confisqué par les autorités sans base légale, en violation de leur droit à la liberté de mouvement ».
Autre aspect lié à la sécurité, le communiqué informe que «Morlaye Sylla, militant de l’UFDG en Guinée-Bissau, a reçu en 2019, 2020 et 2021 des menaces de mort de la part d’un responsable de l’ambassade de Guinée et d’un proche du consul dans ce pays, en raison de ses activités politiques et de ses publications critiques envers le pouvoir ».
Et d’ajouter «qu’en dépit d’une plainte déposée en 2020 à la police judicaire de Bissau suite à une agression, le militant a déclaré à Amnesty International qu’aucune suite n’a été donnée à ses alertes jusqu’à présent ».
Pour terminer, selon le document, «Amnesty International appelle les autorités bissau-guinéennes à prendre les mesures nécessaires pour garantir le droit à la liberté d’expression, et faire cesser ces menaces ».
En réaction, dans un communiqué transmis à Guineenews ce vendredi soir, le ministre d’Etat Tibou Kamara, soutient plutôt que «depuis l’accession du Professeur Alpha Condé à la magistrature suprême du pays, il a été noté plus d’ouverture politique et d’engagement en matière de promotion et de protection des Droits humains ».
Poursuivant, le porte-parole du gouvernement avance que «cependant, très souvent, les crises sociales violentes, les tensions politiques et électorales que le pays a connues ont mis à mal la volonté politique de favoriser une Démocratie apaisée et de consolider les bases fondamentales d’un Etat de droit ».
Plus loin, l’ancien journaliste rappelle que «la Guinée vient de loin, notamment pour ce qui est du respect des Droits de l’Homme, et continue encore à subir l’image et la perception de son passé jalonné d’actes de répression politique et de graves violations des Droits humains».
Mais, soutient-il, «en dépit des progrès incontestables accomplis ces dernières années, le pays est encore vu sous ce prisme par de nombreux observateurs, et peine à convaincre de sa reconversion réussie et sans doute perfectible, dans le concert des nations démocratiques et respectueuses de la dignité humaine. Le temps et l’histoire semblent s’être arrêtés». Pour preuve, explique le conseiller personnel du président Condé, «le dernier rapport d’Amnesty International confirme que la Guinée est toujours sur la sellette …». «Même s’il y est fait mention d’actes qui démontrent l’indépendance de la justice et témoignent de l’existence d’un Etat de droit », remarque-t-il.
Et monsieur Kamara d’accuser que «cet énième rapport, comme d’autres avant, ainsi que toutes les différentes prises de position, expriment des points de vue ou reprennent des commentaires et des opinions qui sont loin d’être neutres et innocents. Il est à noter que dans la plupart des cas, il ne s’agit pas de faits avérés, recoupés avec d’autres sources, notamment indépendantes».
Ce que le gouvernement a toujours reproché aux ONGs internationales qui, de leurs côtés soutiennent mordicus qu’elles ont toujours travaillé en toute objectivité.