Le report du lancement du dialogue initialement annoncé pour ce 20 octobre peut s’expliquer par tout sauf la réticence du quatuor mené par les principales formations politiques du pays qui ne sont pas d’accord avec la conduite actuelle de la transition. C’est du moins ce que nous retenons d’un entretien téléphonique accordé à Guineenewes par le porte-parole de la convergence centriste pour l’espoir (CCE), coalition constituée autour du PEDN de Lansana Kouyaté.
D’abord, pour Mohamed Cissé, «on ne considère pas ça comme un report dans la mesure où nous n’avions pas été saisis officiellement pour l’ouverture du dialogue le 20 octobre ». Même si, admet-il, «c’est vrai que le premier ministre l’a annoncé mais ce n’était pas officiel vis-à-vis des coalitions».
Poursuivant ses explications, pour le secrétaire chargé de la Communication du PEDN «l’annonce était publique, mais l’invitation n’était pas officielle parce que s’il n’y avait pas une manifestation quelconque dans ce sens ». Et d’ajouter «qu’on ne se serait pas présenté le 20 parce que tout simplement il (le PM) l’a annoncé ». Et «qu’il y a un minimum de procédure à ces choses ».
Dans la même lancée, il a souligné que «c’est pourquoi, nous considérons que ça a été officiellement annoncé. Mais pour nous, ce n’était pas de manière ferme parce que n’avions pas été conviés pour dire que ça été reporté », insiste-t-il. Précisant que «s’il (les gouvernants ndlr) doivent s’adresser à nous, il ne vont pas adresser une lettre de report ou de changement de programme. Ils vont nous adresser une lettre d’invitation au dialogue certainement ».
Pour l’heure, indique-t-il, plus loin, « tout ce que nous pouvons noter, c’est dire que nous n’avons pas été saisis pour le 20, donc pour nous ce n’est pas un report. Seulement la promesse tenue n’a pas été respectée».
Sur les arguments du report
La mise au point faite, pour M. Cissé, «ça pourrait aussi s’expliquer par les travaux techniques en cours avec la mission de la CEDEAO et l’arrivée du médiateur».
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En tout cas, rappelle-t-il, «quand nous avons reçu l’information que le premier a annoncé le 20, nous avons automatiquement dit dans la communication qui a suivi, que ce n’était pas une bonne chose». Et d’expliquer que «quand vous choisissez des facilitatrices qui sont sur le terrain, il faut les laisser boucler leur travail parce qu’on ne peut pas les désigner et faire ce qu’elles sont censées gérer».
Autres raisons, toujours selon Mohamed Cissé, «les facilitatrices ont annoncé qu’après leur tournée, le Premier ministre devrait passer. Maintenant, c’était quand même surprenant pour nous que ce travail ne soit pas bouclé (…) », remarque-t-il. Et d’ajouter «qu’il fallait attendre que ce travail soit bouclé. Il fallait aussi que la promesse de la visite des coalitions par le premier soit respecté avant d’annoncer une quelconque date ».
En tout cas, pour lui, « si la primature a compris c’était un peu inapproprié d’annoncer l’ouverture du dialogue pendant que sa promesse de visite des QG des coalitions n’est pas tenue, c’est tant mieux».
Du pilotage à vue des questions de dialogue
A la question de savoir, s’il ne s’agit pas là de l’expression d’un pilotage à vue des choses, « nous considérons juste qu’il y a eu une sorte de chevauchement de la primature sur le rôle des facilitatrices qui devraient annoncer la fin de leur processus, saisir la primature pour l’entame de sa tournée après leur rencontre (du 5 octobre) et se prononcer de concert avec la primature de l’ouverture du dialogue plus tard ».
Cela dit, « ça ne veut pas dire que le système est défaillant », tempère M. Cissé qui réitère que «nous avons confiance à ces trois dames et nous sommes disposés à les accompagner pour qu’elles réussissent ». Même si, à propos de l’exécutif, « s’il se trouve qu’il n’y a des erreurs d’approches ou des décisions inappropriées, c’est d’en tirer les leçons et de les corriger», préconise-t-il. Et d’insister que « c’est strictement lié à la méthodologie proposée par les facilitatrices qui a été quelque part empiétée et je crois que ça vient d’être corrigé ». Avant de suggérer «qu’après le passage des facilitatrices, il y a la primature qui doit aussi passer. Donc ça s’explique essentiellement par cela ». En tout cas pas par la réticence du quatuor. «Ça n’a rien à voir», pour Mohamed Cissé.
Néanmoins, toujours selon notre interlocuteur, « il faut tout simplement considérer que si ça a été reporté pour que les cœurs soient apaisés et qu’une meilleure condition soit créée pour permettre aux gens de discuter sereinement, c’est tant mieux ». Surtout que «la question de dialogue n’est pas une course de vitesse. C’est un travail de fond à mener, donc à chaque fois qu’il y a un vide qui pourrait affecter l’efficacité de ce processus … »
A noter que le porte-parole du PEDN et de la CEE réfute l’opinion selon laquelle, Lansana Kouyaté et ses alliés n’auraient pas beaucoup de divergences avec les militaires au pouvoir. «Nous avons beaucoup de divergence de vue mais nous n’avons pas la forme violente d’exprimer notre divergence », répond-il. Expliquant que «la négation et les accusations n’aideront à rien».