Le dépôt des dossiers relatifs au recrutement des agents au sein des forces de défense et de sécurité guinéennes se poursuit à Kindia. Seulement, les candidats peinent à obtenir les documents administratifs. Ils sont confrontés à d’énormes difficultés.
Plusieurs services sont frauduleusement impliqués dans ce processus d’obtention de documents légaux rendant ainsi la tâche difficile aux postulants, constate Guineenews. Le tribunal de première instance, la police, l’hôpital régional et les établissements scolaires sont envahis pour l’obtention des documents légaux.
A cela, il faut ajouter que les cyber-cafés, très prisés pour la conception de ces documents administratifs à cause du manque de matériels logistiques, sont envahis. Le jugement supplétif, le certificat de nationalité, le certificat de non poursuite judiciaire, le certificat de visite et contre visite et l’attestation de niveau sont entre autres documents qui y sont fabriqués à l’absence des autorités concernées pour la délivrance des documents administratifs.
Mamadou Aliou Diallo, un des postulants, témoigne : « avoir les documents constitue un sérieux problème. Dès que nous arrivons au tribunal, ce sont eux-mêmes qui nous autorisent d’aller faire la saisie dans les cybers puisqu’il n’y a pas de courant et de machine. Ensuite, le prix de ces documents passe de 25 000 à 50 000 GNF », a-t-il expliqué.
Saisi de la situation, le procureur de la République près le tribunal de première instance de Kindia, Mamadou Djan Bora Diallo, promet de traduire à la justice tous ceux qui se livreront à la pratique « de faux et usage de faux ».
« Certains citoyens et cadres sont complices de cette situation. Ce sont des gens qui sont là juste pour se remplir des poches et porter atteinte à l’autorité de l’Etat et des forces de défense et de sécurité. Mais, nous avons déjà pris les décisions et j’ai donné des instructions fermes à la police et à la gendarmerie de constituer des patrouilles et ouvrir des enquêtes préliminaires contre tout prestataire au niveau de Kindia ayant en train de se permettre de délivrer des actes de justice. Qu’ils chassent, qu’ils seront interpellés, jugés et condamnés conformément à la loi pour les faits faux et usage de faux », rassure le procureur.
A l’hôpital régional de Kindia, selon des postulants, le prix du certificat de visite et contre-visite a augmenté de 25 mille à 35 mille francs sans consultation. Le chef de l’antenne régionale de la médecine du travail aborde dans le même sens. Selon Ousmane Bella Sank Diallo, « en principe, n’importe quelle personne qui vient pour chercher le certificat de visite et contre visite doit faire une consultation en prélevant le sang pour la glycémie suivi de la bandelette urinaire. Après le résultat du labo, on s’aura s’il est en bonne santé ou pas. Mais au jour d’aujourd’hui, personne ne veut se soumettre à un test médical et tout le monde veut avoir son document. Et quand on refuse, c’est ta hiérarchie qui qui t’appelle pour te demander de le lui faire ».
Dans la course à la recherche de documents, certaines écoles de la place délivrent aussi à leur tour des attestations de niveau à des personnes analphabètes qui ne savent ni lire, ni écrire, a-t-on appris. Mis en cause, le proviseur du lycée 28 septembre de Kindia, donne des précisions.
« Nous délivrons des attestations de niveau à nos élèves ou anciens élèves. Quand ils viennent, on regarde dans nos registres si leurs noms existent. On regarde la session, le numéro, la classe, le PV et le professeur principal. Si tout ceci manque, on ne délivre pas », explique Mohamed Fayo Konaté.
Il faut rappeler qu’à Kindia, plusieurs dossiers déposés pour le concours de recrutement des agents au sein de l’armée guinéenne comporteraient des fausses pièces.