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Recrutement à la fonction publique : un haut cadre mis en cause dans une affaire de corruption

Ce n’est certes pas le scandale de l’année, la palme d’or revenant à « l’affaire des 200 milliards » de Zénab Dramé, ministre l’Enseignement Technique. Mais c’est important qu’on s’y attarde. Parce que c’est probablement la simple face visible de l’iceberg de l’affairisme qui gangrène l’administration publique guinéenne. Ce, en dépit des efforts fournis dans les reformes et la modernisation de l’administration de cette dernière.

Il s’agit d’une histoire de recrutement à la fonction publique concernant Fodé Camara, diplômé sans emploi jusque-là et Moussa Assagbè Condé, fonctionnaire, actuel directeur adjoint du Journal Officiel. Le premier qui a saisi la rédaction de guineenews s’est présenté comme une victime du second, à qui il aurait remis 5 millions de francs, pour un « service» peu ordinaire qui n’a jamais été rendu, en l’occurrence, l’aider à intégrer la fonction publique.

Au téléphone de Guinéenews, le plaignant s’est dit « victime d’arnaque » de la part de l’actuel directeur adjoint du journal officiel, jadis fonctionnaire au ministère de la fonction publique. Au dire de Fodé Camara, il aurait versé 5 millions de francs guinéens à M. Condé depuis pour cette démarche qui a visiblement échoué.

D’ailleurs, le plaignant dit ne pas être le seul dans cette situation. Il nous confie que l’ancien fonctionnaire du département de la Fonction publique devrait l’équivalent de ce montant à deux autres jeunes. Par son canal, accuse M. Camara, le numéro deux du journal officiel aurait reçu dix autres millions pour le même service, de la part de ses amis qui souhaitent intégrer la fonction publique par cette voie détournée…

Joint au téléphone à propos du sujet, le mis en cause s’est montré très disponible en donnant un rendez-vous lors duquel il a nié en bloc les accusations portées contre lui par Fodé Camara. Il prendra soins d’inviter à son bureau un frère de Fodé qu’il présente comme son ami à lui, celui qui serait l’intercesseur entre son accusateur et lui-même…

Dans son témoignage, le directeur adjoint du journal officiel présente l’affaire très différemment de la version du plaignant. A ses dires, il s’était engagé à aider Fodé Camara à accéder à la fonction publique, contre rien. Et seulement dans le cadre d’un concours. Et que c’est parce qu’il n’y a pas eu un test de recrutement à la fonction publique qu’il n’a pu rien faire.

Concernant l’argent, au lieu des 15 millions dont l’accusateur parle, le mis en cause reconnaît plutôt un million cinq cent mille (1 500 000) GNF. Un Montant que Fodé lui aurait envoyé sans discussion au préalable.

Poursuivant, il précise : « quand j’ai demandé des explications à Fodé, tout en lui faisant comprendre qu’il n’aurait pas dû faire transférer cet argent, sa réponse a été que c’est le prix d’essence que le petit frère envoie au grand frère… »

Mais dans les faits, toujours selon Moussa Assagbè Condé, c’était tout le contraire, laisse-t-il entendre. Fodé aurait voulu en faire un moyen de pression aux dires de monsieur Condé. Pour preuves, argue-t-il, « le petit », c’est comme ça qu’il l’appelle devenait « embêtant au téléphone ». Les appels et messages arrivaient intempestivement au point de l’empêcher de travailler.

C’est ainsi que Fodé, devenu impatient, aurait fini par réclamer son argent qu’il aurait repris en faisant une opération de retrait à partir du compte du numéro de téléphone du fonctionnaire…

Depuis, l’affaire prend une autre tournure. Même si après, Moussa Assagbè Condé dit avoir promis à Fodé qu’en dépit de ce « malentendu », à cause des relations qui les lient, il avait toujours l’intention d’aider. « C’est pourquoi j’ai toujours gardé son dossier ici en cas d’opportunité », déclare-t-il.

Et pourtant des zones d’ombre persistent…

Si les deux protagonistes sont d’accord que deux autres jeunes sont concernés par la démarche, par le biais de Fodé qui les a présentés à Moussa Assagbè Condé, leurs versions restent fondamentalement contradictoires pour l’essentiel. D’abord, contrairement aux cinq millions que Fodé réclame individuellement, c’est un million cinq cent mille (1 500 000) GNF qui sont reconnus par l’accusé qui dit avoir restitué la somme qu’il n’aurait d’ailleurs jamais demandé à Fodé. En plus, le directeur adjoint du journal officiel nie avoir reçu de l’argent de la part des deux compagnons d’infortune de « sa victime ».

Malheureusement, nous avons tout fait pour recueillir la version des personnes concernées, sans succès. Sory Condé et Sékou Kourouma, c’est d’eux qu’il s’agit, n’ont respecté aucun des rendez-vous qu’ils ont donné à Guineenews à cet effet. Pendant qu’ils ont librement choisi une rencontre pour en parler au lieu d’aborder le sujet au téléphone…

A leur sujet, Moussa Assagbè Condé confie que : « quand Fodé a fait des comportements comme ça. Je les ai appelés et ils ont dit qu’ils ne se reconnaissent pas dans ça… et qu’ils sont venus se confier à moi. De ne pas regarder Fodé… parce qu’il s’agit de leur avenir à eux. »

Autre aspect à signaler, c’est la réponse donnée par le mis en cause quand il a été question de savoir comment il comptait « aider », en cas de test d’accès à la fonction publique. « Quand il (Fodé Camara ndlr) fait le concours, dans le cadre des résultats par exemple, il peut arriver que je sois dans la commission correction. Ça peut arriver. Je l’ai été une fois. Il peut arriver que j’ai des amis dans la commission de correction. Il n’est pas mauvais que je leur en parle… C’est un jeune frère, s’il a la moyenne pardon il faut l’aider », répond-il.

Ce qui, en soit, ne prouve pas que son accusateur a raison ou qu’il a tort.
Cependant, c’est un indice quant à l’affairisme qui caractérise l’administration publique, notamment quand il s’agit du recrutement. Surtout que selon ce témoignage, on a besoin d’être « aidé » même quand on a la moyenne requise en passant un concours.

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