Dans une publication parue sur son site ce mardi 02 février, Amnesty International a fait le point sur la situation des droits de l’homme ces derniers temps en Guinée. L’ONG qui s’est particulièrement intéressée au cas des opposants au troisième mandat, des militants de l’opposition et des activistes de la société civile, actuellement en détention, appelle les autorités à élucider les cas de décès et faire cesser les arrestations.
Dès l’entame de la publication signée Fabien Offner, chercheur sur l’Afrique de l’Ouest à Amnesty International, l’ONG déclare que: « Les autorités guinéennes doivent faire la lumière sur les conditions de la mort en détention d’au moins quatre personnes et mettre fin à la vague d’arrestations ciblant depuis la publication des résultats de l’élection présidentielle d’octobre, au moins 400 militants de l’opposition et de membres de la société civile dans tout le pays ».
Poursuivant, elle indique : « en deux mois, quatre personnes dont trois militants ou sympathisants de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG, opposition) sont mortes pendant leur détention provisoire à la prison centrale de Conakry la capitale ». Précisant que ces personnes «ont été arrêtées dans le cadre de la contestation du référendum constitutionnel et des résultats de l’élection présidentielle en mars et octobre derniers». Et d’ajouter «qu’elles sont décédées alors qu’elles étaient détenues dans des prisons qui sont de notoriété publique des mouroirs où les règles du droit international pour le traitement des détenus ne sont pas appliquées ».
Une position qui remet systématiquement en cause la version des autorités qui, parlant de la cause des décès des détenus politiques, ont souvent invoqué la mort naturelle. A propos d’ailleurs, pour Amnesty International, « Conclure à des décès naturels sans faire d’enquête approfondie, et n’autoriser la libération ou l’hospitalisation des détenus que quand leurs cas sont désespérés, comme le font les autorités, témoigne d’un profond mépris pour la vie humaine, et d’une indifférence totale à la déshumanisation des lieux de détention dans le pays ». Et d’ajouter que « Les autorités doivent faire la lumière sur les circonstances de ces morts en détention et améliorer de toute urgence les conditions de détention. »
Dans cette publication, l’ONG n’oublie pas les autres détenus en vie. Au nombre de 400 (quatre cent) cadres et anonymes politiques et de la société civile, dont « les conditions de détention sont en flagrante violation avec les standards minimum requis par le droit international, notamment tels qu’édictés par la Commission africaine des droits de l’Homme et des Peuples dans les lignes directrices dites de Robben Island (tristement célèbre prison sud-africaine où Nelson Mandela a passé ses 27 ans de prison sous l’apartheid».
Parlant de Foniké Mènguè récemment condamné à 11 mois de prison ferme, «Amnesty International considère que la détention d’Oumar Sylla est arbitraire et appelle à sa libération immédiate et sans condition ». Et de décrire « des figures de l’opposition» dont Ousmane Gaoual Diallo, Chérif Bah, Etienne Soropogui, Abdoulaye Bah, Souleymane Condé comme «…l’arbre qui cache la forêt des anonymes, souvent maintenus en détention pendant des mois sans être amenés devant un juge dans des prisons en marge de l’Etat de droit.»
Toujours à propos des conditions de détention, « les témoignages recueillis par Amnesty International auprès de parents de détenus décédés et d’ex-détenus montrent que les autorités guinéennes ne respectent pas les standards internationaux en matière de protection des droits des détenus. Par exemple, à la prison centrale de Conakry, construite pour une capacité de 300 personnes environ, un seul médecin sur place est censé s’occuper de près de 2 000 détenus », lit-on sur le document qui fait à son tour le procès des autorités guinéenne.
Lien https://www.amnesty.org/en/latest/news/2021/02/guinea-deaths-in-detention-and-prison-sentence/