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Que sont-ils devenus ? Un regard rétrospectif sur la vie de Soumah Kerfalla, premier président des supporters du HAC

Bien que le ballet avec les anciens internationaux ne soit pas terminé, votre quotidien électronique continue à se pencher sur le monde sportif et surtout celui de l’éducation, secteur plus ou moins laissé pour compte.

Actuellement domicilié à Kagbélen village, dans la Préfecture de Coyah, Kerfalla Soumah est né dimanche le 1er janvier 1938 à l’hôpital Baley, actuel CHU Ignace Deen.  Aujourd’hui, malade et invalide, cet enseignant à la retraite, et premier président des supporters du Horoya Athletic Club, Kerfalla Soumah, nous livre ses sentiments sur l’éducation, les arts et le sport. Après 45 ans de service, aujourd’hui alité et presqu’handicapé, Soumah Kerfalla, d’une popularité sans faille acquise par le travail bien accompli dans plusieurs domaines d’activités, a besoin du soutien des bonnes volontés.

Soumah Kerfalla a été admis à l’école en 1949 au premier cycle de l’école de Tombo. Une seule année passée là, il a continué à l’école primaire de Dixinn jusqu’en 1956. Orienté au collège technique de Kindia, d’où il obtiendra son Certificat d’Aptitude Professionnelle(CAP), va exercer à ses débuts parallèlement, les fonctions d’instituteur et de directeur d’école au primaire de Pétèl (Mamou), de Wonkifon (Coyah) et de Forécariah à l’école 4.

Muté à Conakry, il va servir les écoles primaires de la SIG Madina, de Touguiwondi, de Madina Port et de Madina école. Cette semaine, il est l’invité de votre quotidien électronique Guineenews.org

Ce chevronné instituteur qui a porté plusieurs casquettes qui lui ont valu nombreuses distinctions tant au niveau de l’éducation, des arts, de la culture que des sports, s’est prêté aux questions de notre rédaction.

Après tout ce parcours au sein de l’éducation, quelles sont les impressions qui vous animent aujourd’hui quant au niveau des élèves et étudiants ?

« Franchement, je n’apprécie pas le niveau actuel de la formation des jeunes. La responsabilité est à partager entre les formateurs et les apprenants.

Pour enseigner peu, il faut connaitre beaucoup. A notre temps, la formation professionnelle continue ou la remise à niveau était de rigueur. Pendant l’année scolaire, il était toujours prévu 45 jours de formation pour les instituteurs. Le livre qui nous a permis de suivre et d’évaluer les élèves, était bien le syllabaire. Dans ce livre, nous retrouvons la grammaire, la conjugaison, le vocabulaire et pourquoi pas l’analyse. Toutes les méthodes se retrouvent dans ce livre notamment celle syllabique, globale et analytique. Depuis l’introduction d’un nombre pléthorique d’ouvrages dans le secteur, la pédagogie d’enseignement devient de plus en plus caduque.

Les époques se suivent et ne se ressemblent guère. Actuellement, nos enfants sont assez distraits et ils sont face à des formateurs peu riches en connaissances pédagogiques surtout au niveau des basses classes. Le socle de l’instruction doit se situer au niveau du primaire ou de la maternelle. Les résultats catastrophiques aux différents examens en font foi ».

L’école guinéenne fait face à plusieurs crises. Il y a des grèves répétitives qui ne concourent pas au bon déroulement correct des programmes d’enseignement. Quel est votre point de vue sur ce sujet ?

« C’est dommage de vivre actuellement cette lamentable situation. Œuvrer pour l’amélioration des conditions de traitement des enseignants est un droit. À côté, accomplir son devoir d’éducateur dans les normes est aussi un principe à respecter. La table de négociation doit être la solution à tous ces problèmes. Par ailleurs, le clivage entre les structures syndicales de l’éducation est bien une autre source de tous ces remues ménages au sein de l’enseignement. À ce niveau, la notion de diviser pour régner se lit entre les lignes. Former un seul camp pour la défense des intérêts des enseignants est salutaire et profitable ».

Que proposeriez-vous aujourd’hui en tant qu’enseignant en vue d’améliorer le système éducatif guinéen ?

« Il faut revenir à l’ancien système, au syllabaire afin de consolider les connaissances à la base. L’introduction des nouveaux ouvrages d’enseignement ou autres innovations pédagogiques ne sont pas mauvais en soi. Il est primordial de confier aux maitres expérimentés les basses classes. Dans la pédagogie, il faut maitriser la psychologie pour connaitre l’enfant. C’est-à-dire savoir former l’enfant pour lui-même, pour la société et pour l’humanité toute entière. Un enfant est une écriture qui est toujours lu par le monde entier ».

Connu pour ses talents d’encadreur artistique et culturel, Soumah Kerfalla a, partout, où il est passé, contribué à la formation des jeunes et à la promotion de ces différents secteurs à la base.

D’autres coiffures viennent s’ajouter à la principale qui est le métier d’enseignant. Expliquez-nous comment vous êtes parvenu à jumeler l’utile à l’agréable ?

« J’ai eu depuis l’enfance la passion pour les arts et la culture. La structure au temps de la Révolution a permis d’introduire les activités sportives, artistiques et culturelles au sein de tous les établissements ou Centre d’Education Révolutionnaire. C’est ainsi qu’une fois muté dans une école, j’ai contribué à la formation des jeunes en créant des troupes théâtrales qui étaient toujours en compétition inter-école. Des pièces de théâtres aux chœurs, en passant par les récitals, j’ai laissé de beaux souvenirs car, mes écoles s’adjugeaient toujours des premiers prix.

Je fus aussi acteur comédien de la troupe nationale de Théâtre de Guinée. J’ai joué dans la célèbre pièce ‘’Thiaroye’’ où l’Aube sanglante.

Encadreur du Mouvement National des Pionniers de Guinée d’alors, j’ai été commissaire Fédéral des pionniers de Conakry 2. En compagnie de feu El hadj Alkhaly Mohamed Kéita (paix à son âme), nous avions initié au niveau de la Voix de la Révolution, l’émission ‘’Jeudi des pionniers’’.

J’ai à mon actif, plusieurs œuvres artistiques qui dorment dans mes tiroirs et qui n’ont besoin que d’être réchauffées. Le secteur des arts, de la culture et des sports, est une véritable passion pour moi ».

Vous étiez et d’ailleurs jusqu’à présent un mordu du football et fervent supporter du Horoya athletic Club. Comment en êtes-vous arrivé là?

« En ce qui concerne le football, j’ai commencé d’abord a supporté le ‘’Racing club de Conakry’’. Après l’indépendance, il y’a eu l’avènement des équipes sportives au niveau des quartiers, sections et fédérations. J’ai supporté le Lumumba football club du 5ème arrondissement qui avait remporté par 3 fois la coupe PDG et qui est devenu plus tard le Hafia football club, triple champion d’Afrique.

Quant au Horoya Athletic Club, j’ai été le premier président des supporters de ce club. Je jouais au tam-tam et animait au sein de ce groupe de supporters sur tous les stades de compétitions. Vous pouviez-posez la question aux membres de ma famille de vous décrire mon état d’âme quand le HAC perd un match. Je deviens aussi nerveux, abattu durant un bon bout de temps ».

Que pensez-vous du niveau actuel du football guinéen ?

« Il n’y a plus d’union dans le football guinéen et tout est politisé. Je me rappelle quand il s’agissait de supporter notre équipe nationale ou nos clubs en compétition, le stade était divisé en régions naturelles en matière de supporters. Il y avait une saine émulation entre ces différents supporters qui poussaient tous à la fois nos équipes vers la victoire qui était toujours à notre portée. Aujourd’hui, les jeunes jouent pour l’argent. Le patriotisme a disparu et il y a peu de résultats. Le niveau a baissé et mais grâce à Antonio Souaré que ce football commence à renaitre de ces cendres ».

De tous ces vécus dans vos différentes activités, vous aviez certainement en mémoire quelques beaux et mauvais souvenirs ?

« Mon plus beau souvenir dans l’éducation est la venue d’une inspection au niveau de ma classe à l’école Madina1. J’étais chargé de cours d’une classe de 1ère année pour un effectif de 125 élèves. C’était un effectif considérable pour une telle classe. L’inspecteur d’alors fut très émerveillé par la qualité du cours dispensé, de la discipline, tous les cahiers corrigés et surtout de la compréhension qu’avait tout ce nombre d’élèves. Suite au rapport de l’inspecteur, je fus gratifié d’un satisfécit de la part de la Direction régionale de l’Education de Conakry 2. C’est un souvenir qui me revient.

Le plus mauvais est le fait d’être évincé à un moment donné et sans raisons valables de l’effectif des supporters du Horoya AC. J’ai tout donné pour ce club et finalement par hypocrisie et cupidité, ils sont parvenus à m’éloigner de ce monde que j’ai tant aimé et servi. Néanmoins, je resterai toujours un fervent supporteur du HAC que j’ai vu naitre et grandir ».

Décrivez-nous votre état de santé actuel et quels sont vos sources de revenus ?

« Je suis vraiment malade des reins aux orteils. Je ne peux pas normalement marcher. Je me déplace à l’aide des deux cannes qui me supporte en titubant. C’est très dur et par la grâce de Dieu j’essaie de tenir bon encore.

Vous parlez de sources de revenus. Comment un invalide de mon état peut-il exercer quoi que ce soit présentement ? Je vis de ma modique pension de 300.000 FG depuis 2002 et de quelques magnanimes gestes de mes anciens élèves qui me viennent de temps à autres au secours. Heureusement pour moi, j’ai au moins un abri, que j’ai pu construire à travers des petites épargnes de longues dates ».

Il se retrouve aujourd’hui dans la déchéance totale. Faut-il en parler ? Il y va de plein cœur et demande de l’aide.

« Mon état actuel me pousse à demander de l’assistance pour la survie. Je n’hésiterai point de le souligner à ce micro et partout d’ailleurs. Etant chez moi, je crois encore en mes facultés de pouvoir apporter un plus dans tous ces secteurs énumérés par vous et dont je suis en train de suivre l’évolution à travers la télé et la radio ».

Il reste évident que les maitres d’écoles d’antan ont formé plusieurs cadres qui servent et continuent de servir ce pays. Cet enseignant en est un qui se retrouve aujourd’hui dans une situation extrêmement difficile.

Il y est parti de plein cœur en demandant sans cacher le mot de la participation au soir de sa vie. De nos jours, il en a plus de souvenirs que d’avenir. A nos humbles cœurs.

 

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