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Que sont-ils devenus ? Sur les pas du Pr. LY Ibrahima, ex-musicien du Horoya Band et agrégé de droit Public & Sciences Politiques

Il s’appelle Ibrahima LY, né le 26 octobre 1955. Il est un professeur d’Université à la retraite. Pr LY a passé son école primaire de 1961 à 1966 ; ses études secondaires et le Lycée de 1966 à 1978, l’Université de 1979 à 2022. LY Ibrahima est Professeur titulaire d’Université à la retraite, et consultant international. Musicien, ex-trompettiste de l’orchestre Horoya Band national, il nous dépeint ses débuts d’apprentissage de cet instrument à vent, son parcours entre 1974 à 1978 au sein de cet ensemble orchestral.

Sa présence actuelle en Guinée s’inscrivant dans le cadre d’une mission de collaboration interinstitutionnelle entre l’Université Général Lansana CONTE de Sonfonia et l’Université Cheikh Anta DIOP de Dakar, LY Ibrahima droit au but, livre son point de vue sur le système éducatif guinéen.

Venu pour donner des enseignements de droit international de l’environnement au Master Droit de l’Environnement, Mines et Développement Durable, parallèlement, il encadre nombreux doctorants en droit de l’environnement qui sont inscrits dans le Laboratoire de recherches, qu’il dirige et qui est basé à Dakar.

Pour un homme à deux casquettes, votre site électronique Guineenews dans sa rubrique ‘’Que sont-ils devenus ?” a rencontré LY Ibrahima, le musicien trompettiste, agrégé de droit Public&Science Politique, Directeur du Laboratoire de Droit de l’Environnement et de la Santé de la Faculté des Sciences Juridiques et Politiques de l’Université Cheikh Anta Diop.

Lisez l’interview

Guineenews : la rubrique s’intéresse à vous par rapport au domaine de la musique et cette autre casquette que vous portez. Celle de professeur titulaire des Universités et agrégé de Droit Public et Science Politique.  C’est une fierté pour la Guinée comme d’aucuns l’on assumé auparavant dans plusieurs domaines. Diriger les destinées d’une partie de cette grande Université Cheikh Anta DIOP (UCAD) de Dakar, est une très grande responsabilité.  Pouvez- vous nous décrire comment êtes-vous venu à la musique en Guinée et relatez-nous votre parcours dans ce domaine ?

LY Ibrahima : j’ai fait la musique en apprenant à jouer la trompette avec l’Orchestre Horoya Band National à partir de 1974. Avec l’appui et le parrainage de son chef d’orchestre, feu Métoura TRAORE dit Paya Paya, j’ai été le disciple du premier trompettiste de l’orchestre Feu Alkaly TOURE qui m’a appris à jouer la trompette en si bémol. Je suis aussi au plan professionnel, Professeur Titulaire des Universités, Agrégé de Droit public et Science Politique du CAMES. J’ai fait toute ma carrière d’enseignant chercheur à l’Université Cheikh Anta DIOP de Dakar.

C’est le Horoya Band National qui m’a mis le pied à l’étrier à partir de 1974. J’ai appris la trompette (sur le tas et avec solfège) avec le premier trompettiste Feu Alkaly TOURE et le deuxième trompettiste Yèbè TRAORE. J’ai ensuite joué dans l’orchestre pendant quatre ans de 1974 à 1978. En 1978, j’ai accompagné aussi l’orchestre national Balla et ses Baladins en tant que trompettiste à Dakar. L’orchestre s’est produit au Théâtre National Daniel Sorano.

Guineenews : Ex-apprenti si vous nous le permettez de feu Alkaly Touré, ex- trompettiste du Horoya Band national, et plus tard titulaire au niveau de la section vent, dites-nous comment vous aviez gravi ces échelons ?

LY Ibrahima : j’ai gravi les échelons grâce à la confiance de tous les instrumentistes à vent :

  • Alkaly TRAORE, premier trompettiste
  • Yèbè TRAORE, deuxième trompettiste
  • Nabi CAMARA, au saxo alto
  • Métoura TRAORE, dit Paya Paya chef d’orchestre au saxo ténor, Soprano et à la flute.

En répétant les partitions des différents morceaux de l’orchestre Horoya Band et en reprenant les solos des trompettistes, j’ai appris les rudiments et secrets de la trompette. Plus tard, Papa ‘’Paya Paya’’ va m’offrir une trompette de marque SELMER que je garde encore avec moi à Dakar.

Guineenews : un moment de votre parcours vous aviez prêté service à l’orchestre Balla et ses Baladins, lors d’une de ses tournées culturelles à Dakar. Voisin à feu Souleymane Sylla ‘’Souley’’ des baladins, qu’est-ce qu’il a pu vous apporter en matière de formation au niveau de la section vent ?

LY Ibrahima : mon déplacement à Dakar en 1978 a été facilité par Feu Métoura TRAORE et Balla ONIVOGUI qui se sont mis d’accord pour que j’accompagne l’orchestre Balla et ses Baladins en renforçant sa section vent.

J’ai aussi été voisin de Feu Souleymane SYLLA « Souley » de l’orchestre Balla et ses baladins, avec qui, j’échangeais et discutais souvent, notamment sur les influences de la musique guadeloupéenne et martiniquaise. Feu Souley jouait en effet les saxos alto et soprano et la clarinette avec un style inspiré de la musique des caraïbes. Même si nous jouions des instruments différents (lui les saxos et moi la trompette), il nous arrivait souvent d’échanger sur les arrangements musicaux.

Guineenews : très séduit par le doyen Belmondo, (batteur de l’orchestre Horoya band national), dit-il à travers la reprise du solo de trompette de Yèbe TRAORE dans la chanson phare ‘’Sassilon’’ de feu Lancinet Kanté, dites-nous comment vous vous y êtes mis, pour réussir cette prouesse inattendue en plein spectacle ?

LY Ibrahima : le solo de trompette fait dans Sassilon a été pour moi une première tentative que je pourrais qualifier de réussie. J’ai repris intégralement le solo fait par le deuxième trompettiste Yèbè TRAORE. C’était en 1975. J’ai appris par cœur toutes les phrases du solo et j’ai demandé à Yèbè de me laisser intervenir à sa place. Il a hésité un moment, mais m’a fait confiance. Quand le guitariste solo feu Lansana CONDE a fini sa partie, j’ai enchainé et exécuté entièrement le solo de trompette à la surprise et à la satisfaction générale de tout l’orchestre. Je crois que c’est ce jour que j’ai eu la confiance de tout le groupe.

Guineenews : des lèvres enflées vous reveniez à la maison pendant votre apprentissage a-t-on appris. Relatez-nous les difficultés que vous aviez rencontrées à votre tout début d’apprentissage de cet instrument à vent ?

LY Ibrahima : la trompette est un instrument à vent qui n’est pas facile. Il faut habituer les lèvres aux différents mouvements de la langue, maintenir le souffle et surtout, respecter le temps et savoir où intervenir dans les séquences musicales. C’est un instrument qui demande d’avoir une forme physique. Il faut s’entrainer régulièrement pour éviter de perdre le souffle.

Guineenews : au Sénégal, aviez-vous continuer à pratiquer la musique parallèlement aux études ?

LY Ibrahima arrivé à Dakar au début de l’année 1979, j’ai continué à jouer d’abord et brièvement au Miami avec Feu Ibra KASSE, puis avec le Baobab Gouygui grâce à l’assistance de Barthélemy ATTISSO que j’ai connu dans le campus social de l’Université de Dakar en 1982. J’ai donc continué à jouer avec Baobab, notamment au Ngalam du Point-E.

Guineenews : vous dites avoir encore cette trompette de marque ‘’SELMER’’ qui vous a été offerte par feu Papa Métoura Traoré, ex- chef d’orchestre du Horoya Band national. En faites-vous usage ?

LY Ibrahima : feu Papa ‘’Paya Paya’’ m’avait offert une trompette SELMER. C’était pour m’encourager dans mon apprentissage de la trompette. Elle est toujours avec moi. Je la sors souvent de son étui pour la nettoyer et l’entretenir, et pour jouer un peu en vue de garder le souffle et l’habitude des lèvres. Elle reste pour moi un souvenir dont je ne veux pas me séparer.

Guineenews : votre deuxième casquette qui vous mène à Conakry non pas pour la première fois et en qualité de Professeur chargé de cours, détaillez-nous les rapports qui vous lient avec ses facultés et quels rôles apportez-vous au système éducatif guinéen ?

LY Ibrahima :  ma présence actuelle en Guinée s’inscrit dans le cadre d’une mission de collaboration interinstitutionnelle entre l’Université Général Lansana CONTE de Sonfonia et l’Université Cheikh Anta DIOP de Dakar. Je viens pour donner des enseignements de droit international de l’environnement au Master Droit de l’Environnement, Mines et Développement Durable. Parallèlement, j’encadre de nombreux doctorants en droit de l’environnement qui sont inscrits dans le Laboratoire de recherches que je dirige et qui est basé à Dakar : le LERPDES. Cette mission s’inscrit dans le cadre d’un accord de collaboration entre les deux institutions.

Guineenews : pouvez-vous nous faire un parallèle entre le système éducatif guinéen et ceux de nombreux autres pays africains dont certainement vous pratiquez en qualité de consultant ?

LY Ibrahima :  le système éducatif guinéen est malade et lacunaire. Par rapport aux autres pays africains, il a besoin d’une véritable cure de jouvence pour le remettre d’aplomb. Tout est à refaire et à repenser.

Guineenews : au regard des résultats des différents examens, aux alarmants pourcentages de réussite, quelle analyse faites-vous de cette présente situation?

LY Ibrahima :  il peut être présomptueux de vouloir faire une analyse et de prodiguer des conseils. Il faudrait peut-être donner la parole aux spécialistes de l’éducation. Toutefois, en tant qu’enseignant chercheur, il est possible d’affirmer que les résultats des examens sont alarmants et méritent une attention soutenue de la part de tous les acteurs du système éducatif.

Guineenews : revenons à la musique. Ecoutez-vous cette jeune génération de musiciens, si oui, comparer à cette ancienne, quels sont vos points de vue ?

LY Ibrahima : personnellement, je pense que la musique actuelle n’a aucune saveur contrairement à l’ancienne musique. Les musiciens d’aujourd’hui n’ont pas les mêmes valeurs que ceux d’avant. Ils jouent pour avoir de l’argent. Il faut, je crois, revenir aux sources de la bonne musique guinéenne d’antan.

Guineenews : persuadé que vous écoutez les œuvres de cette vieille génération d’orchestres nationaux et fédéraux d’antan, pendant que la quasi-totalité de ces artistes on rejoint l’au-delà dans des situations lamentables, quels sentiments vous affecte au vu de cette réalité ?

LY Ibrahima : il faut revaloriser la musique et la culture guinéennes. Aux temps du premier régime politique en Guinée, les orchestres nationaux et fédéraux étaient soutenus et organisés par l’Etat avec des moyens conséquents. Ce n’est plus le cas de nos jours. C’est lamentable de voir toutes ces gloires partir dans un dénuement total.

Guineenews : sur le plan musical avez-vous un beau ou mauvais souvenir à nous relater ?

LY Ibrahima : le beau souvenir, c’est quand j’ai accompagné à Dakar en 1978 l’orchestre Balla et ses Baladins, et que nous avons animé une soirée au théâtre national Daniel Sorano, en présence du ministre de la Culture du Sénégal et de nombreuses autorités politiques et administratives du Sénégal d’antan.

Guineenews : aujourd’hui vous êtes à la retraite, quelles sont actuellement vos sources de revenus ?

LY Ibrahima : Ma pension de retraite et mes honoraires de consultant.

Interview réalisée par LY Abdoul pour Guineenews

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