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Que sont-ils devenus? Professeur Lansana Condé, l’homme-culture et ex chef d’orchestre du Kolima jazz de Labé parle de son parcours

« A un moment donné, la décision a été prise de donner aux anciennes gloires, une pension de l’ordre de 5.000.000 GNF par mois. Je n’ai eu ni le bonheur d’être parmi ceux-là, ni celui même d’être cité. Pourtant, lorsqu’Isto Keira était aux affaires, j’ai eu la chance d’avoir un satisfécit, qui prouvait que je suis considéré comme une ancienne gloire, au même titre que bien d’autres de ma génération, pour service rendu à la nation”

Professeur Lansana Condé est né à Dabola en 1944. Fils de feu Mamady ‘’Silati’’ et de feue Thierno Naniouma Condé ‘’Thierno Sébè’’, il est marié à une femme et père de plusieurs enfants : adoptifs et génétiques.

Il a fait ses études primaires à l’école publique mixte de Dabola, avant d’être orienté à l’école classique moderne de Donka d’où il partira pour une formation de 2 ans à l’école normale secondaire de Dabadou à Kankan.

Professeur Lansana Condé sortira de cette école en qualité de Professeur de collège et lycée, option Sciences sociales (Français, Histoire-Géographie).

En 1986 et par voie de test, il bénéficiera d’une bourse d’études pour la France et précisément à l’université Paris 10 Nanterre, où il obtiendra son Diplôme d’Etudes Approfondies (DEA) en lettres modernes.

Le Professeur Lansana Condé a garanti plusieurs années de fonctions de Directeur des Etudes à la Faculté des Sciences Agro zootechniques de Dabola, à la Faculté Agro zootechniques de Kankan et parallèlement, il dispensait des cours de français et d’histoire géographie, au sein de plusieurs lycées et collèges de ces préfectures.

A l’université de Kankan, il a occupé les fonctions de secrétaire universitaire, chef de chaire de lettres et chef de département lettres et linguistiques.

A l’ISAG de Dubréka, il a été Directeur Général adjoint, chargé des études, d’où il partira ‘’lorsqu’il fut violenté, dit-il, pour être bousculé dans les bras de la retraite’’.

Dès sa sortie de l’Ecole secondaire de Dabadou, le Professeur Lansana Condé pour sa toute première expérience au niveau de l’éducation, va atterrir à Labé où il sera chargé d’enseigner les cours de Français, d’histoire et Géographie.

Alliant enseignement et musique, le Professeur Lansana Condé, né dans une famille d’artistes traditionnels, les armes déjà aiguisés depuis le lycée, sera pendant 10 ans, sociétaire du Kolima Jazz de Labé en qualité de chef d’orchestre, guitariste soliste, compositeur, et arrangeur.

De Labé en passant par Forécariah, Dabola sa ville natale, Dinguiraye et finalement Kankan, le Professeur Lansana Condé est demeuré un citoyen de tout bord, très actif, qui a apporté sa lourde contribution tant sur le plan musical, théâtral et, littéraire pour le développement de la culture guinéenne.

Musicien, musicologue, critique littéraire, écrivain, communicateur traditionnel, acteur de cinéma et quoi d’autres sur le plan culturel, le Professeur Lansana Condé porte gaillardement ces différentes casquettes, qui couvrent parfaitement sa tête et ont permis d’illuminé son parcours.

Dans cette 1ère partie de l’interview qu’il a bien voulu accorder à notre quotidien électronique Guineenews à son domicile, situé à Enco-5, le Professeur Lansana Condé ôte cette première casquette de musicien, et nous plonge dans sa vie d’artiste, chef d’orchestre, guitariste soliste, compositeur, arrangeur.

Gratifié de par sa genèse de fibres artistiques, à travers une amitié liée avec les jumeaux Dreyfus depuis le lycée classique moderne de Donka, Pr Lansana Condé dans cette interview, relate son apprentissage de la guitare, et sa rapide progression dans le métier de guitariste.

Sociétaire du Kolima jazz de Labé, du Tinkisso jazz de Dabola, du 22 Band de Kankan, pour un parcours riche en expériences, le Professeur Lansana Condé d’une mémoire très fidèle, se rappelle de quelques souvenirs qui ont marqué sa vie d’artiste.

A travers sa vision nettement critique, il établit un parallèle entre la musique de sa génération et celle actuelle.

Quant à ses relations avec le Département de tutelle, il n y a présentement, aucune passerelle qui sert de courroie de transmission, témoigne-t-il.

Fonctionnaire de l’Etat à la retraite, l’invité de la rubrique, sans rien cacher, aborde et expose ses sources de revenus et loue la bravoure de son épouse dans l’équilibre de sa vie de famille.

Le Professeur Lansana Condé est malvoyant et souffre de troubles visuels. Son carnet de santé à part la vision, n’endure aucun autre poids, sauf celui de l’âge.

Interview du Professeur Lansana Condé, musicien guitariste (1ère partie).

Guineenews : bonjour !  Parlez-nous de votre parcours artistique !

Professeur Lansana Condé : Pour être né dans une famille d’artistes traditionnels, j’ai toujours baigné dans la musique. Il y avait des frères qui faisaient du balafon, deux autres qui faisaient de la guitare parmi lesquels, le regretté feu Linké Condé ex-guitariste soliste de l’orchestre Kélétigui et ses tambourinis (Paix à son âme) et Sidikiba Condé. J’ai trouvé que ce qu’ils faisaient était bien, si bien que lorsque je suis venu au lycée, je ne pratiquais pas, mais je sentais la musique quand même. J’ai eu la chance de rencontrer les jumeaux Dreyfus, qui jouaient de la guitare. Ils avaient un très grand succès dans les milieux scolaires et particulièrement dans les milieux féminins. Je me suis dit, si la guitare est un facteur d’intégration, pourquoi moi-même, je ne m’y intéresserais pas. C’est ainsi, que je me suis porté bagagiste de ces jumeaux, qui appartenaient à l’orchestre du lycée. Et toutes les fois qu’ils devaient avoir des répétitions, c’est Alpha Abdoulaye Barry (fils de feu Barry Diawadou) et moi qui avaient la charge d’aller brancher les emplis et les guitares avant leur arrivée. Naturellement, on se mettait à tapoter là-dessus. Puisque la guitare me plaisait particulièrement, j’ai trouvé une grande règle du tableau sur laquelle, j’ai tracé à la craie, les six cordes de la guitare et j’ai mis les barres. C’est ainsi que même en dehors de l’instrument, je pouvais faire mes petits entrainements. Chaque fois que je repérais des notes et que je prenais la guitare, ça se vérifiait et je me suis dit que ça peut marcher.

Par ailleurs, j’ai été recruté un moment par l’ensemble instrumental du lycée de Donka, qui a été formé par le professeur Namankoumba. J’étais là en qualité de chanteur, parce que à l’époque, semble-t-il, j’étais ce que les petites filles du lycée ont baptisé ‘’Kandia N° 2’’ à cause de ma voix. A partir de là, l’orchestre du lycée que dirigeait à l’époque Pascal Condé, a eu besoin de mes services en qualité de chanteur. Maintenant, nous n’étions plus obligés Abdoulaye et moi d’attendre les jours de répétition, pour accéder aux instruments. Nous avions donc continué à faire de la guitare. A la fin de cette année-là, les jumeaux Dreyfus qui ont trouvé ma compagnie quelque peu intéressante, m’ont invité à passer les vacances avec eux à Kankan. Arrivé à Kankan, nous avions constitué un groupe de 4 musiciens à l’image du ‘’Rico Jazz’’, l’orchestre congolais composé de 4 musiciens, qui était venu secouer Conakry. Nous avions été les animateurs de la boite de nuit ‘’ Les 2 saisons’’, ouverte à Kankan Koura par un dahoméen du nom de Corneille. A la fin des vacances, j’étais déjà devenu un petit musicien remarqué. Et c’est au sortir de ces vacances, que j’ai été orienté à l’école normale secondaire de Dabadou à Kankan.

Arrivée là, ceux qui m’avaient vu pendant les vacances ont alerté la Direction de ma présence en qualité de musicien. J’ai été reçu par le Directeur de l’école d’alors Monsieur Biro Diallo, qui en commun accord avec le comité de coordination, a décidé de racheter un empli et une guitare des jumeaux Dreyfus. J’ai procédé à un test de musicien auprès de mes camarades et finalement, nous avons constitué le premier orchestre de l’école normale appelé ‘’Normalien Jazz’’ en 1962. Donc dès le départ, je fus le chef d’orchestre, guitariste soliste, compositeur et arrangeur du ‘’Normalien Jazz’’.

Après mes deux (2) années de formation à Kankan, j’ai été muté à Labé, où j’ai enseigné les cours de Français puisque c’était un peu ça mon option. Entre temps avant la fin du deuxième mois de mon arrivée, le gouverneur qui était en place, feu général Lansana Diané a été muté comme ministre de la Défense. Mon très regretté Emile Condé a été muté à Labé pour le remplacer. Et comme lui, il avait la réputation d’être un mécène, ce qui s’est vérifié par son passage à Beyla où il a monté le Bembeya Jazz au relais, il est venu faire le Palm jazz de Macenta au Palm Hôtel. Et quand il est arrivé à Labé, il s’est intéressé aux problèmes de la musique. Mais à l’occasion quand moi je venais, il y avait déjà un orchestre en place qu’on appelait ‘’Léléna Jazz’’, dirigé par un Ingénieur du nom de Sampil.

Il s’est passé qu’avant mon arrivée, mes camarades de promotion de l’Ecole normale secondaire de Dabadou, originaires de Labé, avaient fait mes louanges dans le domaine de la musique. Mais lorsque je suis arrivé, je me suis posé intérieurement des questions en donnant des réponses. Qui est venu ? C’est le Professeur. L’artiste qu’est- ce qu’il fait ? Il apporte une contribution parallèle. Mais, on n’a fait plus attention à l’artiste qu’au Professeur avant même qu’il n’ait commencé à se produire. C’est ainsi, que j’ai créé le mot ‘’Prof ’art’’ (Professeur Artiste).

Lorsque le Gouverneur Emile Condé a écouté l’orchestre, il a demandé que tous les musiciens viennent, et il s’est aperçu qu’il y a un surnombre. Il a suggéré qu’on repartît les musiciens pour faire deux groupes. Moi qui venais d’arriver, je devais prendre le deuxième groupe. C’est ainsi que j’ai laissé le soin au ‘’Léléna jazz’’ de sélectionner ses membres, et ceux qui n’ont pas été directement retenus, sont venus dans mon groupe. Nous nous sommes mis au travail, et par la force des choses, au lieu de reprendre le répertoire de ‘’Léléna jazz’’, nous avons fait un autre répertoire bien à nous, et ce qui fait que tout nouveau tout beau. Nous avions eu le petit succès qu’il fallait, pour être pris en charge à part entière par le g ouverneur feu Emile Condé.

Pendant dix ans, j’ai évolué au sein du Kolima Jazz de Labé en tant que Chef d’orchestre, guitariste soliste, compositeur et arrangeur.

Je vous rappelle que je suis arrivé sur la scène nationale depuis 1961. A cette époque, j’étais le chef d’orchestre du Tinkisso Jazz de Dabola, lors d’une quinzaine artistique à la Permanence nationale où nous avions donné deux morceaux de compétition.

Guineenews : Vous avez eu un parcours courronné de succès en compagnie du Kolima jazz de Labé, du Tinkisso jazz de Dabola et du 22 Band de Kankan. Conjointement, se collent à ces nombreux triomphes des beaux et mauvais souvenirs qui résistent à l’usure du temps. Pouvez-vous nous relatez ces souvenirs ?  

Professeur Lansana Condé : Oui, il y a plusieurs souvenirs qui demeurent tant sur le plan de la joie que celui de la tristesse.  Pour un beau souvenir, je me rappelle lorsque nous avons joué pour le président Ahmed Sékou Touré à la villa Syli, à l’occasion de la visite du président Fidel Castro. Il s’est passé quelque chose que j’ai gardé en mémoire.

A l‘époque d’ailleurs, soit dit en passant et pour information, Diawo Diallo (Journaliste animateur de l’émission ‘’Prudence sur la route’’ RTG) qui était venu dans ma deuxième formation, avait quitté le Guiro pour devenir trompettiste. Et très intelligent comme il l’était, c’est même lui finalement, qui donnait des cours de pratique de la trompette à l’ancien qu’il avait trouvé dans la formation.

Ce jour-là, la réception de Fidel Castro n’a pas été une réussite au stade. Les membres du comité régional sont venus nous rencontrer avant l’arrivée de la délégation officielle en nous disant ceci « Monsieur Condé, Labé est entre vos mains, la réussite ne nous a pas accompagné dans la réception et nous comptons sur vous pour remonter la pente ».

Quand le Président est arrivé et pour dire toute la vérité, il était tout noir et ça c’était une de ses caractéristiques, que beaucoup de gens ont remarqué. Quand il est fâché, il devient noir, noir…

On nous avait fait l’honneur c’est-à-dire l’orchestre, de nous placer juste devant sa table. Il y avait que le passage pour aller servir les repas et rien d’autres ne nous séparait de lui. Ce jour, nous avions fait une bonne production. Seulement, j’ai pris un risque qui a été heureusement très bien récompensé. Quand nous avons passé les morceaux de la Révolution, puisquil y avait les cubains à côté de nous, j’ai demandé à ce que l’on joue un morceau cubain qui avait pour titre ‘’Esté son montouno se trabaha’’. Une décision devant laquelle les responsables politiques de Labé ont tressailli. Et malgré tout, je me suis entêté et quand nous avions sonné la musique cubaine, toute la délégation cubaine a arrêté de manger pour prendre les fourchettes et commencer à taper sur les assiettes. J’ai vu le Président feu Ahmed Sékou Touré devenir de plus en plus relaxe. Donc, ce jour, je me suis dit que la musique a fait œuvre utile, parce que c’est l’honneur du président et de la Guinée toute entière dont nous venons d’embellir à travers la musique. C’est tellement vrai que le président Castro a demandé à ce que l’orchestre de Labé accompagne la mission à Kankan. Le Président feu Ahmed Sékou Touré a répondu qu’il y a un orchestre à Kankan. C’est d’ailleurs le meilleur orchestre guinéen qui vient de remporter le premier prix lors du festival. J’ai gardé ce souvenir et il me revient à chaque moment.

Le plus mauvais souvenir dont je garde est bien le décès du Dragon de la chanson Africaine, l’inimitable Aboubacar Demba Camara, chanteur du Bembeya jazz national.

Je n’ai pas pu tenir à la maison le jour de la tenue des obsèques. Je suis sorti pour aller me promener vers le barrage, mon petit poste radio à la main et je suivais le reportage en direct de la voix de la Révolution. Je retiens encore cette phrase du journaliste qui disait : «() le cortège funèbre s’ébranle vers le cimetière de Cameroun où reposera éternellement Aboubacar Demba Camara… ». Mes mains ont tremblé et mon poste a failli tomber dans l’eau. Ce fut un bouleversant moment pour moi. Paix aux âmes de nos illustres devanciers.

Guineenews : Quel parallèle faites-vous entre la musique d’antan et celle de la nouvelle génération ?

Professeur Lansana Condé : Je dirai que la musique d’hier était notre musique et que la musique d’aujourd’hui est à côté de notre musique. La musique d’hier était une production collective. Lorsque l’on choisissait un morceau tiré du terroir, chaque musicien inspiré pouvait faire des propositions quant à l’arrangement. Si fait que le fruit final est un produit collectif. Forcément, chaque orchestre avait son identité et dès qu’on lance un morceau, on peut savoir de quel orchestre, s’agit-il.

Aujourd’hui, toutes les productions ont une identité unique, c’est celle du synthétiseur. Je pense que même si les produits sont mieux vendus, ou mieux élaborés sur le plan sons, ils sont moins représentatifs. 

Guineenews : Vous pensez que cette nouvelle génération ne se livre pas à l’exploitation correcte du riche folklore du terroir ?

Professeur Lansana Condé : Même quand ils arrivent ou se tournent vers ce riche folklore, ils la dénaturent complètement, en l’adaptant à l’expression des boites à rythmes. Par ailleurs, je salue les rappeurs parce qu’ils ont des textes quand même bien élaborés et malheureusement, ils n’apportent pas à ces textes la touche qui ferait dire tout de suite, ce sont des Guinéens.

Guineenews : Remarquable homme de culture de par le parcours, comment se portent vos relations avec le ministère de tutelle ?

Professeur Lansana Condé : Je vous remercie pour cette question. Lorsqu’on m’a violenté pour me bousculer dans les bras de la retraite, je suis passé voir monsieur le ministre Bantama Sow à l’époque. Franchement, il a tenu des propos bien soulageants. Il ne s’est pas embarrassé de me présenter à tout le monde comme étant son professeur. Je lui ai demandé un service qui devrait me permettre de rejoindre le village, puisque j’étais assis ici sans autres activités. Ce jour, il m’a dit : « Nous ne sommes pas prêts à vous lâcher, vous pouvez encore rendre de très grands services à la culture guinéenne. Quand nous avions vu le film ‘’Conakry’’ et quand j’ai entendu les appréciations que des éléments étrangers ont porté sur vous et votre rôle, qui a été pour eux le plus convaincant, nous nous sommes dit que vous pouvez encore apporter quelque chose à la nation par le biais de la culture. Donc je vous envoie d’abord à l’hôpital, sino-guinéen pour recevoir des soins et au retour de là, on verra ce qu’il y a lieu de faire ».

Depuis, je n’ai pas eu la chance ni de le voir, ni de le recevoir, ni d’être reçu au téléphone. Ce qui signifie qu’avec le ministère, il n y a pas de contact.

Par contre j’ai retenu qu’à un moment donné, la décision a été prise de donner aux anciennes gloires, une pension de l’ordre de 5.000.000 GNF par mois. Je n’ai eu ni le bonheur d’être parmi ceux-là, ni celui même d’être cité. Pourtant, lorsqu’Isto Keira était aux affaires, j’ai eu la chance d’avoir un satisfécit, qui prouvait que je suis considéré comme une ancienne gloire, au même titre que bien d’autres de ma génération, pour service rendu à la nation.

Réellement, il n’y a aucun pont qui me relie au Département de la culture.

Guineenews : Vous êtes à la retraite depuis près de 17 ans. Peut-on savoir quels sont vos sources de revenus ?

Professeur Lansana Condé : Je suis à la retraite avec une pension de 759.000 FG par mois et il y a rien à cacher. Alhamdoulilahi rabil Allah mina, si j’arrive à joindre les deux bouts, c’est parce j’ai de la famille et surtout j’ai une épouse très brave, très brave. Voilà un peu comment je m’en sors, sinon je n’ai pas d’autres sources de revenus réguliers. Exceptionnellement cette année, l’Institut des Sciences de l’Education m’a invité à donner un cours de critiques littéraires, parce que c’est une discipline très peu pratiquée dans ce pays. J’ai épuisé le programme et je suis revenu à mon repos continu.

Guineenews : Aujourd’hui, peut-on se situer sur le contenu de votre carnet de santé ?

Professeur Lansana Condé : A la date d’aujourd’hui, je souffre de troubles visuels qui font que je ne peux plus lire. Si je dois lire sur un ordinateur, il faudrait que ce soit par le jeu des contrastes que je me tire d’affaires, en mettant l’écriture en couleur jaune ou rouge et en maintenant le fond d’écran en noir. Je tiens encore sur mes deux pieds bien que le poids de l’âge soit là.

Guineenews : Avez-vous effectué des démarches afin de remédier à ce mal de vision ?

Professeur Lansana Condé : Oui, pour des consultations, je suis allé au centre Bartimee, au centre Tunisien, j’ai reçu des visites assez fréquentes ici et là, leurs conclusions sont rigoureusement les mêmes, c’est un cas de glaucome avancé. Il ne me reste pratiquement qu’à sauvegarder le peu de vision qui me reste en respectant la médication à laquelle je m’attèle.

Guineenews : Tout ce beau monde vous appelle Professeur. Etes-vous réellement détenteur de ce grade ?

Professeur Lansana Condé : En vérité, c’est depuis que nous sommes sortis de l’école normale secondaire, qu’on nous a appelé professeurs. Après la formation, on commence par être professeur stagiaire d’abord, puis professeur intégré. Pour être plus clair, l’on m’appelle professeur non pas pour le grade, simplement pour la fonction et cela est resté.

Entretien réalisé par LY Abdoul pour Guineenews.

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