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Que sont-ils devenus ? : Guinéenews à la rencontre de ‘’Rica’’, auteur du célèbre tube ‘’DYOMBA »

Vedette, auteur, chanteur et compositeur, Thierno Amadou Diallo dit ‘’Rica’’ est né le 9 février 1974 à Mamou. Il est fils de Docteur Maviatou et de Fatoumata Binta Bah. Marié à une femme, il est père de 3 enfants dont 2 filles et 1 garçon.

Il a fait successivement l’école primaire de Gbessia Port et celle de Taouyah où il a obtenu son certificat d’études primaire d’entrée en 7ème année. C’est à l’école secondaire de Gbessia Rond-Point, qu’il décrochera son Brevet d’Etudes du Second Cycle Technique (BESCT). Pour ses études au lycée, ‘’Rica’’ fréquentera le lycée de Bonfi, celui de Lambanyi et finalement, il sera transféré au lycée Cabral de Mamou, où il obtiendra ses 2 baccalauréats. Rica sera freiné pour la poursuite de ses études universitaires, au niveau du concours d’accès instauré à l’université.

 Thierno Amadou Diallo ‘’Rica’’, soucieux de son avenir, ne baissera pas les bras pour autant. Il s’orientera en informatique, dans une école privée de la place. Après cette formation, il a ensuite rejoint Dakar, pour continuer à se parfaire et achever sa formation en informatique.

De père médecin généraliste, étant au lycée, par ailleurs pour votre gouverne, il apprendra, dit-il, auprès de son papa, quelques notions en médecine dentaire. Il servira pendant quelques années, comme assistant dentiste, au niveau d’une clinique dentaire à Mamou.

L’auteur de la célèbre chanson ‘’DJOMBA’’ se livre à cœur ouvert à Guineenews.

Lisez !

Guinéenews : Auteur, chanteur, compositeur, dites-nous comment vous êtes parvenu à être ce renommé ‘’Rica’’ dans la musique pastorale peul. Parlez-nous donc de vos débuts ?

Thierno Amadou Diallo ‘’Rica’’ :  Au fait, lorsque je faisais le lycée, et avant même cette période, j’aimais beaucoup la musique et c’était ma passion. Quand je révisais mes leçons, il me fallait avoir à côté, la musique en sourdine. J’ai commencé à imiter à l’époque certains artistes comme Bob Marley (paix à son âme), que j’aimais beaucoup. C’est dans ces circonstances à Mamou, que j’ai été retenu par mon école le lycée Cabral, pour un concours de chants face au lycée Poudrière.

Pour ma première sortie en public, et à l’issue de cette compétition remportée avec succès, mes amis m’ont encouragé de continuer dans la musique car, d’après eux, j’ai une très belle voix. Sinon, je ne pensais pas quand même, faire une carrière musicale. A l’époque, je rêvais d’être un ingénieur, un médecin comme mon papa. Finalement, j’ai moi-même compris, que j’ai une potentialité au niveau de la musique et je me suis lancé dedans. J’ai commencé à apprendre la musique aux cotés des ainés, notamment Mick Paraya de Labé, qui m’a formé au chant et Doura Barry, qui a assuré ma formation au piano. Et c’est à partir de là, que je me suis adapté et me débrouiller à jouer à la guitare.

Guinéenews : Avez-vous rencontrez des difficultés pendant vos débuts d’apprentissage de la musique ?

Thierno Amadou ‘’Rica’’ :  Vous savez, rien n’est facile dans la vie. Toutes choses que nous voulons entreprendre, affiche régulièrement des hauts et des bas. Il y a ce qu’on appelle des obstacles que tu peux rencontrer. J’ai eu pas mal de peines, pendant cette carrière musicale à mes débuts. Je tournais un peu partout pour rencontrer des artistes, des producteurs, pour pouvoir sortir un album, puisqu’à l’époque, il n’était pas du tout aisé de concrétiser un tel projet. D’énormes difficultés de plusieurs ordres, s’étaient présentées sur mon chemin. Par la grâce de Dieu, j’ai pu franchir plusieurs obstacles, pour enfin arriver là où je suis aujourd’hui. Je dirais Alhamdoulilahi rabilala mina.

Guinéenews : Combien d’albums avez-vous sur le marché du disque ?

Thierno Amadou ‘’Rica’’ : J’ai réalisé 2 albums et quelques singles. Le 1er album intitulé ‘’DYOMBA’’ (littéralement traduit en français ‘’la mariée’’), est composé de 8 titres et sa sortie date de 2009. Le 2ème album dénommé ‘’FI FOW’’ (littéralement traduit en français ‘’Pour tout le monde’’), sorti en 2012, est composé de 10 titres. Il faut noter que cet album, à cause de la diversité des genres musicaux qu’il comporte, a porté ce nom ‘’ Fi Fow’’. Tous ces 2 albums ont été produits par la maison CDS-Production.

J’ai 3 singles sur le marché. Un premier en 2016, que j’ai sorti avec Soul Bang’s à partir des USA, et les deux autres en solo, sont sortis en 2021. Voilà résumé ma discographie.

Guinéenews : Quelles sont vos sources d’inspiration ?

Thierno Amadou ‘’Rica’’ : Quand on parle de sources d’inspiration, personnellement, je me dis que chaque chanson à sa source. On peut s’inspirer des faits réels, de la vie sociale, des actes posés par d’autres personnes. Il y a même des histoires racontées qui nous inspire, sans compter, qu’il arrive le plus souvent que des institutions ou des ONG, parvienne à proposer des programmes avec à l’appui des sujets à développer par exemple (la scolarisation des jeunes filles, la mutilation génitale, le VIH…). Donc on se met à travailler sur ces sujets proposés, et chacun selon son inspiration. A partir de là, je soutiens que chaque chanson à sa source d’inspiration. Mes sources d’inspirations sont diverses et variées.

Guinéenews : Avant ce réussi plongeon dans la musique, vous vous êtes certainement inspiré et qui fut votre idole ? 

Thierno Amadou ‘’Rica’’ : J’ai cherché à imiter au départ certains artistes, mais ils ne sont pas nombreux. J’ai préféré créer ma propre couleur, ma propre signature, et ce qui fait qu’aux premières résonnances, je suis aisément identifié. Je me suis basé sur la musique folklorique peul, le rythme pastoral pour pouvoir créer mes propres mélodies. J’ai imprimé ma touche toute particulière à mes différentes compositions musicales. Je ne peux pas affirmer avoir eu d’idoles dans la pratique.

Guinéenews : Il n’est pas facile à la fois de jouer à la guitare et parallèlement chanter. Comment êtes-vous parvenu dans la pratique à concilier les deux ?

Thierno Amadou ‘’Rica’’ : Quelque part, c’est parce que, j’ai l’oreille musicale et j’ai une voix aussi accordée. Donc, j’ai cherché à trouver en premier lieu, les notes sur le piano. À la guitare, je confirme que je n’ai pas eu de maitres. Connaissant quelques notes sur le piano, j’ai essayé de retrouver les mêmes notes à la guitare, et pouvoir positionner mes doigts, parce que je suis gaucher. Et partout je venais jouer à la guitare, des problèmes se posaient à moi, du fait que je renversais la guitare. Je me suis lancé ce propre défi pour réussir, et c’est ainsi, que j’ai pu joindre l’utile à l’agréable ; la guitare et le chant.

Guinéenews : La concurrence est rude au sein de ces musiciens pastoraux peuls. Vous vous appuyez sur quels critères, pour conquérir des places de choix ?

Thierno Amadou ‘’Rica’’ : Comme j’exploite le folklore pastoral, je vais à fond pour valoriser cette culture. Il y a beaucoup qui chantent dans ce même registre, sauf que les textes et leurs contenus créent la différence. Les chansons immorales ne doivent pas être l’apanage des artistes, au sein de cette corporation de musiciens pastoraux peuls. Ce n’est point la culture de cette contrée de sagesse et de religion.

Je compte toujours me démarquer à travers des compositions musicales, aux contenus éducateurs, constructifs et instructifs, où chacun à l’écoute, peut se reconnaître et en tirer profit. C’est mon orientation, et je crois que dans cette direction, les places de choix seront sans doute conquises.

Guinéenews : Pouvez-vous nous peindre la nature de vos relations avec tous ces artistes de tout genre musical de votre génération ?

Thierno Amadou ‘’Rica’’ : J’ai de bonnes relations avec tous les artistes guinéens et de toutes les ethnies. Nous jouons souvent ensemble à chaque rencontre, au niveau des soirées ou programmations artistiques. La fraternité règne entre nous, et aucune haine n’existe entre mes collègues musiciens et moi.

Guinéenews : Quels types de relations entretenez-vous avec votre département de tutelle ?

Thierno Amadou ‘’Rica’’ : Personnellement, je suis venu rencontrer le Ministre et j’ai même jouer à la guitare devant lui. Il a promis d’aider les artistes et à mon humble avis, je ne vois aucun acte posé pour le moment.

Guinéenews : Vous êtes taxé dit-on dans ce milieu artistique, de fervent séducteur de cette couche féminine. Si oui, est-ce cet aspect concourt-il à agrandir le cercle des fans, ou représente une autre source pour votre épanouissement sur le plan musical ?

Thierno Amadou ‘’Rica’’ : Vous savez dans tout le monde entier, priorité est accordée aux enfants et aux femmes. Ce sont des couches vulnérables et sans défense. C’est logique de se substituer à ces couches, pour assurer leurs protections et prendre soins d’eux. Il faut donc sensibiliser les femmes et les enfants dans les foyers. C’est ce fait, qui pourrait d’ailleurs, attirer aussi l’attention des hommes qui vont s’intéresser. Je préfère que vous remplaciez le mot séducteur par stratège.

Guinéenews : Des projets futurs, certainement vous en avez. Peut-on savoir lesquels ?

Thierno Amadou ‘’Rica’’ : Oui, j’ai des projets notamment, celui de la conservation de certains instruments traditionnels peuls. Je suis à la recherche de bailleurs de fonds, qui aideront à la conservation de ces instruments, qui ont tendance à disparaitre. Je peux citer ici quelques-uns, tels le ghéghérou (violon africain), le tunnè (instrument à vent), le kèrona (guitare monocorde) et tant d’autres. Ce sont des instruments que je voudrais maintenir et pouvoir faire fabriquer, montrer comment les jouer, parce que c’est un autre handicap. Les jeunes ne s’intéressent pas à l’apprentissage de ces instruments. C’est l’un de mes projets, et je suis en quête de partenaires, afin de pouvoir atteindre l’objectif. 

Guinéenews : 2012-2023, il y a 11 ans depuis la sortie de votre dernier album ‘’FI FOW’’, bien entendu qu’en 2021, vous avez produit 2 singles. Alors à quand pourrait-on s’attendre à la sortie d’un nouvel album ?

Thierno Amadou ‘’Rica’’ : C’est pour bientôt et raison pour laquelle, j’ai sorti 2 singles et présentement je prépare un 3ème single, en prélude pour la sortie de mon 3ème album. L’album est prêt sur le plan audio, et nous avons besoin de réaliser des clips et nous sommes en train de travailler. Je travaille cette fois-ci, avec une maison de production qui s’appelle ‘’DJ-PROD’’, installée en Belgique et avec laquelle, j’ai signé un contrat. Aux mélomanes, à tous mes fans, je dirais que c’est du lourd qui arrive.

Guinéenews : La génération actuelle a tendance à négliger cette vieille garde de musiciens guinéens. Sous quel angle, ou œil observez-vous ces ‘’musiciens de devoir’’, générateurs du passé glorieux de la musique guinéenne ?

Thierno Amadou ‘’Rica’’ : Je côtoie régulièrement mes ainés. Je viens voir et apprendre à tout moment avec les doyens Abdoulaye Breveté, Dyéli Sayon Kouyaté entre autres, qui sont de la vieille génération de la musique pastorale. L’actuelle génération accorde plus d’importance à la ligne d’arrivée. Ils ont tendance à oublier les origines. Je salue ici le couple Soul Bangs, qui vient de donner un exemple pour pérenniser la musique pastorale, par la reprise des tubes ‘’Bhulun Dyouri’’ et ‘’Dyéré léré’’ d’Hadja Binta Lali Sow et feu Bah Sadio. A mon avis, nous devons tous suivre cette lancée, retourner à la source afin de valoriser notre culture.

Guinéenews : Vous avez un parcours truffé de succès.  Un meilleur et un mauvais souvenir à l’attention de nos lecteurs ?  

Thierno Amadou ‘’Rica’’ : Le meilleur souvenir, c’est lorsque je suis venu aux Etats-Unis et précisément à Los Angeles. Dans toute cette ville, ne vivait qu’un seul artiste guinéen, il s’agit de Prince Diabaté. Nous avions musicalement fêté ensemble le 2 octobre 2015 (fête de l’indépendance) et ce fut un très grand honneur pour moi, et l’un de mes meilleurs souvenirs. Le plus mauvais souvenir que j’ai gardé, c’est lorsque je faisais mon concert de retour des USA. J’avais voulu effectuer en 2017, un voyage sur Boké et malheureusement, j’ai subi un grave accident de circulation, qui a failli me couter la vie (4 roues en l’air). C’est un mauvais souvenir.

Guinéenews : Avez-vous en prévision, des tournées à l’extérieur ou des featuring avec d’autres artistes sur le plan continental et international ?

Thierno Amadou ‘’Rica’’ : Oui j’envisage cela et actuellement, je suis en train de préparer mon album. Après la sortie de l’album, je ferai une tournée européenne et américaine. Du coup, à travers mes producteurs qui ont des attaches à l’extérieur, ces projets de featuring pourraient se réaliser.

Guinéenews : A la remarque générale, Rica chante toujours dans sa langue maternelle (Pular) et quelque peu de fois en français. La surprise viendrait quand, pour vous entendre chanter dans d’autres langues nationales du pays ?

Thierno Amadou ‘’Rica’’ : Oui je reconnais que j’ai toujours chanter en pular et pas beaucoup en français. Bientôt je reviendrai pour essayer de chanter les autres langues, pour ne pas qu’on me traite de xénophobe. Mais quelque part, je parle la langue susu et c’est ce que j’ai d’ailleurs étudié à l’école primaire, au temps du 1er régime. Je parle couramment susu mais, il y a l’accent peulh, qui ressort de façon notoire dans la prononciation. Je suis une personne timide, qui ne supporte pas les moqueries. C’est pourquoi, j’hésite encore de chanter en susu. Mais j’avoue, que je ne comprends rien du malinké. Malgré tout cela, j’envisage faire des featurings avec nombreux artistes dans d’autres langues.

Guinéenews : Un message de fin d’interview, à l’intention de nos nombreux lecteurs ?

Thierno Amadou ‘’Rica’’ : J’appelle tous les Guinéens de prôner la paix, de bannir l’ethnocentrisme parce que, ce pays appartient à nous tous. Nous devons nous donner les mains pour évoluer. Quant à nous les artistes, il faudrait que l’on joue correctement notre rôle de sensibilisation, d’éducation et même de formation civique de la population, à travers nos différentes œuvres. Merci à vous et je souhaite bonne lecture à tous.

Entretien réalisé par LY Abdoul pour Guinéenews.

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