» par suite d’un court-circuit, provenant je ne sais d’où, j’ai tout perdu. Le fruit de tout ce que j’ai pu obtenir dans mes tournées artistiques est partie en fumée. Heureusement et Dieu merci, il n’y a pas eu de perte en vies humaines. J’ai essayé de rencontrer l’actuel Ministre en charge de la Culture pour exposer mes problèmes, impossible de réussir encore ce tête-à-tête et ce n’est que partie remise. car, j’appartiens à ce monde-là en temps de bonheur et de malheur’’.
L’ensemble instrumental national de Guinée ou choral de la ‘’voix de la Révolution’’, a fait connaitre la culture guinéenne dans le monde entier.
Plusieurs générations d’artistes se sont succédé au sein de cet ensemble. Il a été fondé, dit-on, le 4 janvier 1961 sous l’impulsion du Président Ahmed Sékou Touré (paix à son âme), dont la politique d’authenticité a toujours été de jumeler les différentes musiques des peuples composant la Guinée, dans un style novateur national.
Ne se rappelant point de l’année de son recrutement, au sein de cet ensemble, Hadja Khady Diawara, choriste-soliste, a reçu Guineenews à son domicile de Kobaya, dans la commune de Ratoma, en haute banlieue de Conakry.
Fille de feu El hadj Sourakhata et de feue Hadja Mama Guéma Cissoko, Hadja Khady Diawara est mariée, veuve, et mère de deux (2) enfants, dont une (1) vivante.
Elle fut intégrée dans l’ensemble instrumental à l’âge de 12 ans se rappelle-t-elle. Vu la date de création de cet ensemble et l’âge de recrutement de l’artiste, convenons-en par déduction que Hadja Khady Diawara a une forte somme d’expériences à ce jour et a longtemps fait ses preuves dans l’ensemble instrumental national de Guinée.
Des appréciations autour de la tenue de l’artiste et de sa forme actuelle, elle nous répond par l’adage suivant : ‘’ Malgré la vétusté de la bicyclette, de par sa simple chaine conductrice et de sa pédale raccommodée, elle peut tenir et continuer à rouler sur les sentiers battus’’.
Hadja Khady Diawara, très souriante, confiante et loin d’être prête à ôter les gants sur le ring, voudrait bien s’exercer une troisième fois pour la sortie d’un nouvel opus.
Comment à bas âge, Hadja Khady est-elle venue dans ce monde du cocktail de la chanson au sein de l’ensemble instrumental national de Guinée ?
’’Je suis issue d’une famille de griots et des deux bords, paternel et maternel. Très tôt, j’ai aimé les arts tout en me confiant à mon défunt père de mon ardent désir d’appartenir à l’ensemble instrumental. Plus ou moins rigoureux dans le choix du destin de ses enfants, c’est à travers une lettre manuscrite de mon père, adressée à feu El hadj Sory Kandia Kouyaté que je fus recrutée dans l’ensemble instrumental national. J’ai juste entonné un de ses airs pour preuve, qu’à l’écoute, qu’il intima l’ordre de rejoindre le groupe pour fin de répétitions’’.
Une semaine après son recrutement, Khady Diawara va effectuer son premier voyage artistique à Kankan en compagnie de l’ensemble instrumental national dirigé alors par feu El hadj Sory Kandia Kouyaté.
De ce voyage dans le Batè Nafadyi, Khady se souvient de ses toutes premières expériences sur scène : ’’ A l’époque, je ne savais pas du tout attacher un pagne. Je ne portais que des jupes et pantalons. C’est feu El hadj Sory Kandia qui m’a imposé ce nouveau style vestimentaire africain. Il m’avait doté de tous les modes d’habillement dont disposaient toutes les autres artistes que j’ai trouvées dans l’ensemble. Comme d’habitude très décontractée pendant les répétitions, ce jour, j’ai ressenti une émotion tout au départ dans les coulisses. Une tape sur mon épaule par El hadj Kandia pour signe d’encouragement, m’a redonné du courage. J’ai bien réussi aux chœurs et à la danse ce jour qui représentent ma première sortie sur scène.’’
Recruté à l’âge de 12 ans, Khady Diawara confirme avoir affuté ses armes tout au début auprès de nombreux vieux artistes décédés et d’aucuns encore vivants. Il s’agit notamment de feu El hadj Sory Kandia Kouyaté, feu El hadj Djéli Sory, feu El hadj Djéli Mamoudou Kandé, feu El hadj Diaraba, N’Fadji Diabaté, M’Ba Samiya, Hadja M’Mah Sanou, Hadja Kadé Diawara, Alamako Doumbouya et tant d’autres.
D’autres artistes ont trouvé Hadja Khady Diawara dans ce métier et au sein de l’ensemble instrumental.
Témoignages de Maissé Diawara sur Khady Diawara
Maissé Diawara, choriste de l’ensemble instrumental et qui pour être mieux reconnue par nos lecteurs, est bien cette dame qui a chanté en duo avec feu El hadj Sory Kandia Kouyaté, le titre ‘’PDG’’ à la Télévision nationale.
Toujours active au sein de l’ensemble et à noter qu’elles ne sont que cinq (5) de l’ancienne génération qui restent dans cet ensemble, la choriste Maissé, nous parle de Khady Diawara : ’’Khady Diawara est une artiste complète. Elle a une belle voix et des gestes qui collent à ses paroles pendant ses solos. C’est une grande danseuse qui a fait le beau temps dans l’ensemble instrumental. Elle nous a initiés à la danse et au chant. Il faut signaler que Hadja Khady est très sociale, elle s’intéressait à tous nos problèmes de famille. Jusqu’à présent, de temps à autres, elle nous rend visite pour nous léguer d’utiles conseils’’.
Hadja Khady Diawara en compagnie de l’ensemble instrumental national de Guinée a récolté plusieurs succès et distinctions.
Du festival de Tunis à celui de Berlin, des tournées africaines (Sénégal, Sierra Léone, Mali, Cote d’Ivoire, Gambie, Tanzanie, Libéria…) auxquelles se joignent d’autres dans le monde (Cuba, Guadeloupe, Martinique, Europe, Etats-Unis, Amérique du sud…), Hadja Khady Diawara a servi loyalement la culture guinéenne.
De toutes ses expériences artistiques vécues sur le plan national et international, Hadja Khady Diawara pointe du doigt quelques beaux souvenirs qui restent gravés dans sa mémoire : ‘’ le spectacle lors de l’inauguration de l’Hôtel Ivoire est un souvenir important pour moi. Car, c’est ma première sortie en dehors du pays. Autre souvenir, c’est lors d’un banquet organisé par le Président feu Général Lansana Conté à l’honneur de son homologue Yaya Jammeh de la Gambie. Ce jour, le Général Conté m’appelle pour me dire d’interpréter le titre ‘’Soutoukou’’. Ces images me reviennent encore et c’est une fierté pour moi. Donc, il y’en a pleins de souvenirs qui me regagnent du temps où cet ensemble était réellement sollicité. Le plus mauvais souvenir est indéniablement le décès de mon unique fils Sourakhata qui a rendu l’âme quand j’étais en tournée en Gambie. Alla hou Akbar, paix à son âme…’’.
Vu le poids de l’âge, Khady Diawara est aujourd’hui à la retraite au sein de l’ensemble instrumental de Guinée.
Comment Hadja Khady Diawara parvient elle à joindre les deux bouts ?
« Grace à Dieu et aux bonnes volontés, je parviens à joindre les deux bouts. Je vis aussi de ma pension de retraitée et des revenus des différentes cérémonies de mariage, baptême dont j’anime jusqu’à présent à la demande des parents ou admirateurs.»
Récemment au quartier Matam où elle habitait, sa maison a pris feu. Victime de cette douloureuse incendie, Hadja Khady Diawara très affecté s’explique : ’’ par suite d’un court-circuit, provenant je ne sais d’où, j’ai tout perdu. Le fruit de tout ce que j’ai pu obtenir dans mes tournées artistiques est partie en fumée. Heureusement et Dieu merci, il n’y a pas eu de perte en vies humaines. J’ai essayé de rencontrer l’actuel Ministre en charge de la Culture pour exposer mes problèmes, impossible de réussir encore ce tête-à-tête et ce n’est que partie remise. car, j’appartiens à ce monde-là en temps de bonheur et de malheur’’.
Passionnée de musique, emboitant le pas à ses pairs Hadja Kadé Diawara et feu El hadj Kémo Condé, la choriste-soliste Hadja Khady Diawara, avait opté en 2000 pour une carrière solo.
Le premier album ‘’Touba’’, concocté à Paris a été produit par Camara Production et la distribution assuré par Super Sélection. Quelques années plus tard en 2005, Hadja Khady Diawara, très déterminée à poursuivre sa carrière solo, mettra sur le marché un second album ’’Confiance’’, enregistré au studio Amine Idéal Production, sous la Direction musicale de Ansoumane Camara ‘’Petit Condé’’ et Yakhumba Sékhou avec la participation des artistes : Syland Kuti au clavier, feu Boca Junior au tamtam, Mohamed Camara ‘’Ninja’’ à la guitare d’accompagnement.
Résolument engagée dans le métier d’artiste parce que c’est ce sang qui circule dans les veines, Hadja Khady Diawara, malgré l’âge avancé, implore : ’’Je demande aux bienfaiteurs de m’aider pour la préparation et la sortie de mon troisième album. Certes l’âge est présent et l’on ne sait jamais quand la mort va frapper à la porte. Je suis de la famille des griots et je ne sais faire que ce travail et ma vie en dépend’’.
Nos gloires du passé, n’ont pas que seulement des carnets de santé aux pages lamentables.
De l’adolescence jusqu’à la ‘’vieillesse’’, Hadja Khady Diawara n’a connu de voisins autour d’elle que les sons du balafon, de la flûte, de Kora, du N’gonin et autres instruments traditionnels.
Propulser une telle gloire du passé au-devant de la scène à son vivant, est un devoir accompli en guise de récompense à l’endroit de l’artiste.