Malade alité, difficilement qu’il est parvenu à se remettre debout. Cela avait pris un petit temps pour se relever de son divan, bien qu’il y tenait, sans aucune aide. Mais voilà que cet ancien grand basketteur d’autrefois ne parvient qu’à s‘incliner péniblement vers la direction de notre prise de sons.
Thierno Saidou Diakité ‘’Tino’’, consultant sportif, grand frère, en tout premier lieu, a été celui qui nous a recommandé cette autre âme vivante et souffrante, qu’est Bakary Doukouré, alias ‘’Gooze’’, sportif au sens large du mot, basketteur, ex- capitaine de la sélection nationale, ancien gardien de but, juriste de formation.
Bakary Doukouré sur sa carte d’identité nationale, est né le lundi 2 octobre 1944 à Kouroussa. Il est le fils de feu Elhadj Ibrahima, et de feue Atou Diallo. Marié, il est père de 4 enfants dont 2 filles.
Pour son cursus scolaire qui débuta à 32 km de Dalaba précisément à Ditinn, Bakary Doukouré poursuivra une partie du collège, partagé entre Kindia et Labé, où il fera le lycée, pour enfin se retrouver à l’institut polytechnique de Kankan (IPK). C’est à Kankan, qu’il bénéficiera d’une bourse sanitaire pour Dakar dit-il, et précisément à Fan, où il poursuivra ses études à l’université, à la faculté des sciences économiques et de droit de Fan, actuelle université Cheick Anta Diop, pour être couronné juriste de profession.
De retour au bercail, il servira pour son premier poste, au ministère des Affaires étrangères, au titre de chef de service de la coopération technique internationale. Affecté par la suite à la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS), Bakary Doukouré ‘’Gooze’’, profitera d’une demande de mise à disponibilité, pour exercer la fonction de chargé de relations extérieures, dans une société privée de la place. Après cette expérience, il rebroussera chemin encore, au niveau de la caisse nationale de sécurité sociale, et c’est ce service qui lui ouvrira les portes de sortie vers la retraite, et il y a de cela plus d’une dizaine d’années.
Ancien international guinéen du Basket ball, Bakary Doukouré ‘’Gooze’’, gravira tous les échelons, pour enfin se retrouver pendant 12 ans, capitaine de la sélection nationale, bien auparavant capitaine aussi de l’équipe Dakar Université Club (DUC).
Une vie, un moment ou parcours retracé, malade, Bakary Doukouré a reçu Guinéenews, à travers sa rubrique ‘’ Que sont-ils devenus ?’’, à son domicile situé au quartier cimenterie, dans la commune de Matoto. Pour des instants aussi pathétiques, le long de cet entretien, votre serviteur en a vécu, et savourez aussi la vie d’une de nos ‘’ fiertés oubliées’’ dans cette première partie.
Lisez !
Guinéenews : Bonjour monsieur Doukouré, et nous vous accrochons ce matin, pour parler du basket-ball, et du sport en général. Ancien international et capitaine de la sélection nationale, il serait intéressant de nous dire comment vous êtes venu à ce sport ?
Bakary Doukouré ‘’Gooze’’ : Tout débuta à Kindia, pendant que nous étions au collège, en compagnie de notre premier professeur d’éducation physique, feu Sylla Cheick Makan (paix à son âme), qui revenait de la France (Toulouse). C’est lui qui nous a initiés au sport, et principalement, il m’a orienté et a commencé à m’apprendre le basket-ball. Sinon tout au départ, j’étais gardien de but, et seulement progressivement, ce basket-ball a dominé. Donc, c’est grâce à ce professeur, que je suis venu pour la première fois à ce sport. C’était un homme intransigeant et pointilleux.
Guinéenews : Du collège et pour la suite, peut-on savoir votre parcours sur ces différents espaces rectangulaires dans la pratique du basket-ball ?
Bakary Doukouré ‘’Gooze’’ : Dans le basket-ball en général, j’ai commencé à Kindia sous la protection de feu Sylla Cheick Makan, en compagnie de quelques amis qui sont tous décédés, et paix à leurs âmes. Il s’agit notamment de Kouyaté Djibril, Sankhon Youla ‘’Chamberlain’’, Soumah Sékou ‘’Billy’’ et autres. Pour la suite de mon parcours, j’ai évolué dans les équipes fédérales de Kindia, de Labé, de Kankan où, j’ai joué aussi pour l’équipe de l’université. De là, arrivée à Dakar, toujours accroché à ce basket-ball, j’ai joué au compte de l’équipe Dakar Université Club’’ (DUC). J’ai eu à remplacer au sein de cette équipe, et au poste de capitaine, feu Jacques Fawler. Je me rappelle encore d’un titrage du journal le ‘’Soleil’’ : ‘’Un guinéen qui remplace un autre guinéen, au poste de capitaine de l’équipe du DUC (Dakar Université Club)’’.
Guinéenews : Pendant combien de temps aviez-vous évolué au sein de cette équipe universitaire ?
Bakary Doukouré ‘’Gooze’’ : Durant tout mon cycle universitaire, j’ai été membre titulaire de cette équipe, et en même temps capitaine.
Guinéenews : Après cette étape universitaire au Sénégal, dites-nous, comment avez-vous aviez été recruté au sein de la sélection nationale guinéenne de basket-ball ?
Bakary Doukouré ‘’Gooze’’ : J’ai été recruté à partir de 1965, quand l’équipe nationale de Basket-ball guinéen venait de remporter une médaille aux jeux africains de Brazzaville. Et si j’ai bonne mémoire, c’était la première fois qu’une équipe sportive collective remportait une médaille. A cette époque, on ne recrutait pas n’importe qui, et n’importe comment. Il fallait faire ses preuves intellectuelles à l’école, prouver ses capacités techniques à partir du quartier, et suivre cet échelonnement du parti-état (comité-section-fédération). Ces échelons de compétences, étaient bien respectés dans la pratique, et du sport et des arts. Il fallait faire valoir ses preuves à tous les niveaux. J’avoue que les leçons, les notions de mon premier initiateur feu Sylla Cheick Makan, ont réellement contribué à ma formation, et il est question de cette rigueur, du sérieux, et surtout de la reconnaissance au niveau des camarades, c’est-à-dire la notion d’esprit d’équipe. Je pense que je répondais aux critères de sélection de l’entraîneur, et de son staff dirigé à l’époque par Sékou Oumar Kaloga, qui fut mon premier entraîneur en sélection nationale.
Guinéenews : Combien d’années avez-vous effectué dans la pratique de ce sport, capitaine d’équipe, quels furent les critères qui ont conduit votre choix à ce poste ?
Bakary Doukouré ‘’Gooze’’ : J’ai fait 25 ans de pratique du basket-ball, et 12 ans en tant que capitaine de l’équipe nationale. Pour ce choix, je ne sais dire quels furent les critères. Seulement, je suis certain de ma rapidité dans le jeu, la relance, et j’ai continué à travailler mon adresse. Fausse modestie, j’étais l’un des meilleurs en adresse au niveau de la sélection nationale.
Guinéenews : Qu’est-ce que vous appelez adresse, et peut-on en savoir plus sur ce que cela signifie dans le domaine du basket-ball ?
Bakary Doukouré ‘’Gooze’’ : C’est simplement les shoots. Et une adresse, c’est la balle dans le panier.
Guinéenews : Ce qui confirme que vous aviez eu toujours le meilleur score, ou buteur dans le jargon du football ?
Bakary Doukouré ‘’Gooze’’ : Le panier ne signifie que le nom du basket-ball. J’étais très adroit et ratait difficilement mes points.
Guinéenews : Parmi votre génération, vous faites partie sans doute, des joueurs de la sélection nationale, qui ont participé à plusieurs rencontres nationales et internationales. Sur le parcours avez-vous remporté des titres ou des trophées ?
Bakary Doukouré ‘’Gooze’’ : Nous n’avions pas remporté des titres ou des trophées. Mais, nous nous sommes souvent rapprochés des titres. La sélection guinéenne était toujours plus proche de cette deuxième place, pendant que le Sénégal avait toujours dominé l’Afrique en matière de Basket Ball. A l’époque, c’est le basket ball du Sénégal, qui dominait, et qui avait en son sein des professionnels, qui évoluaient un peu partout sur le plan international. J’avais personnellement, eu la chance et le privilège de jouer avec quelques-uns de ces professionnels, quand j’évoluais dans le club de l’université de Fan (DUK). Pour des titres obtenus, personnellement, j’ai été 2 fois récompensé en qualité de meilleur au score, et aux lancers francs.
Guinéenews : Quelle était la place du basketball guinéen d’antan sur le plan africain ?
Bakary Doukouré ‘’Gooze’’ : Le basketball guinéen d’alors était bien placé. La sélection nationale a été heureuse finaliste, et vainqueur de la coupe, lors des jeux africains de Brazzaville en 1965, après avoir battu le Sénégal.
Guinéenews : Vous étiez là en 1965, pour savourer cette victoire ?
Bakary Doukouré ‘’Gooze’’ : Non ! Je n’étais pas là en tant que joueur. Heureusement, c’est après cette victoire, que je fus recruté au sein de la sélection nationale.
Guinéenews : Quand avez-vous raccroché, et dites-nous le dernier match livré pour la circonstance ?
Bakary Doukouré ‘’Gooze’’ : J’ai raccroché en 1984 à Alexandrie (Egypte), lors d’un championnat africain, et c’était contre une équipe maghrébine (… Il tâtonne, et ne se rappelle plus du pays. Ah ! L’âge). En club, c’est la même année, que j’ai raccroché, et c’était à Casablanca (Maroc), contre le club municipal de Casablanca (CMC).
Guinéenews : en tant que joueur, quels sont les clubs auxquels vous avez appartenu en Guinée ?
Bakary Doukouré ‘’Gooze’’ : J’ai joué dans l’équipe du Hafia basket ball, le Bafing de Mamou, quand cette équipe a été championne de Guinée, j’ai été transféré là, pour affronter les compétitions africaines des clubs.
Guinéenews : Y a-t-il eu des causes principales qui vous ont conduit à la retraite ?
Bakary Doukouré ‘’Gooze’’ : Il y a principalement l’âge, j’ai encore décidé de céder la place aux jeunes, et leur léguer le peu d’expériences acquises, durant le parcours, afin qu’ils soient meilleurs demain. De passage, je peux citer quelques-uns, qui se sont affirmés, et que j’ai eus comme joueurs. Il y a Kabassan, Abdou Touré, Ismaël Touré et tant d’autres.
Guinéenews : Vous n’aviez pas totalement raccroché, puisqu’après, vous vous êtes reconverti en coach. Pouvez-vous nous parler de cet autre parcours d’entraîneur. Et quels sont les clubs que vous avez eu à diriger ?
Bakary Doukouré ‘’Gooze’’ : J’ai été au début entraîneur joueur du Hafia FC basket, ensuite coach du club Koumandian basket club (KBC), de la JA, l’AS Kaloum, au temps de feu docteur Aribot (paix à son âme), qui fut l’un des entraîneurs émérites du basketball guinéen.
Guinéenews : Après cette reconversion dirons-nous réussie, aviez-vous eu des licences ou des formations dans ce métier d’entraîneur ?
Bakary Doukouré ‘’Gooze’’ : Oui, j’ai bénéficié de beaucoup de formations dans ce domaine. Je me rappelle du stage, qui avait eu lieu à Dakar, avec ce grand basketteur, et formateur français du nom de Robert Buznell. L’occasion pour moi, de prier pour le repos de l’âme de mon frère Koccis, avec lequel j’avais participé à cette formation. J’ai bénéficié aussi de presque tous les stages de formations, organisés par le comité national olympique de Guinée.
Guinéenews : En tant que joueur, vous aviez raccroché en 1984. Alors et en tant qu’entraîneur, quand est-ce qu’est survenu l’arrêt de courir, ou de crier sur la longueur de ces espaces rectangulaires, pour donner des consignes ?
Bakary Doukouré ‘’Gooze’’ : Si je comprends bien la question, pratiquement, c’est en 2012, que j’ai arrêté cette fonction d’entraîneur, suite à un accident de circulation, dont je continue encore de traîner les séquelles. Voilà comment vous m’avez trouvé dans ce divan de convalescence.
Guinéenews : Convaincu que votre état de santé n’est pas au beau fixe, pouvez-vous nous décrire l’actuel contenu de votre carnet de santé. Qu’est-ce qui est arrivé, et tout a commencé où et quand ?
Bakary Doukouré ‘’Gooze’’ : J’ai eu un accident de circulation le 27 août 2012. C’est un véhicule qui est venu me percuter au carrefour de Yimbaya. Suite à cet accident, j’ai eu 2 fractures au niveau de l’épaule gauche et de l’omoplate gauche. Et 1 autre fracture au niveau du genou droit, dont les conséquences continuent de m’assaillir jusqu’ici. Vous voyez mon état physique, et je suis heureux de répondre aujourd’hui à votre invitation.
Guinéenews : Récemment vous étiez hospitalisé, et pouvez-vous nous en parlez ?
Bakary Doukouré ‘’Gooze’’ : Après 7 mois de longue hospitalisation, je viens de sortir de la clinique du Km 36, de chez docteur Cissoko. Une occasion opportune pour moi de remercier Dr Cissoko, pour tout son engagement, sa sympathie et son dévouement à mon endroit. Il n’a ménagé aucun effort pour me soulager.
Guinéenews : Peut-on savoir les diagnostics qui vous ont aussi fait longtemps garder le lit dans cette clinique ?
Bakary Doukouré ‘’Gooze’’ : Comme je vous l’ai expliqué, tout le mal se situe au niveau de ces fractures. Donc il fallait redresser le genou, la jambe droite qui n’était pas au beau fixe. Dr Cissoko a réussi à le faire, néanmoins jusque-là, il y a encore quelques petits problèmes.
Guinéenews : Des petits problèmes subsistent encore au niveau de votre état de santé. Assez récurrentes ces maladies de diabète, de tension artérielle, vous vous en plaignez ?
Bakary Doukouré ‘’Gooze’’ : Non ! Je n’ai rien de tout ce que vous venez d’énumérer. J’ai une bonne partie de ma famille qui est diabétique, et j’ai échappé pour le moment à cette maladie par la grâce de Dieu.
Guinéenews : Dans cet alarmant état de santé, avez-vous eu du secours, du soutien pour vos différentes prises en charge ?
Bakary Doukouré ‘’Gooze’’ : Mon premier soutien, c’est d’abord Dr Cissoko, que je remercie de tout cœur, à travers cette interview. Ensuite, ce sont les amis, et plusieurs autres relations qui sont venus au secours. Au compte du ministère des Sports, je ne pourrais que remercier Kabassan, et Pivi qui est l’actuel directeur national des sports. Et qui fut un moment mon second, quand j’entrainais le mini-basketball. Je n’ai eu jusque-là aucun soutien du département des Sports. J’ai été voir l’actuel ministre et rien n’en a été.
Guinéenews : Actuellement, quelles sont vos relations avec ce ministère des Sports ?
Bakary Doukouré ‘’Gooze’’ : Mes relations avec ce département sont au froid. Je ne vois personne, et ils ne savent même pas si je suis hospitalisé, ils ne savent pas ce que je suis devenu. Je suis tout heureux de vous rencontrer, et de me rendre compte que tout au moins vous pensez à nous qui sommes à l’oubliette, à la traîne. Nous sommes des laissés pour compte. Cependant, nous avions servi ce pays…
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Entretien réalisé par LY Abdoul pour Guinéenews.