Ancien international guinéen des années 60-70, constant ailier droit, sociétaire de l’équipe du quartier de Koulewondy (Commune de Kaloum), du Syli national de Guinée, de la section du 2ème arrondissement et du Kaloum star de Conakry 1, Camara Mamadouba N’Dongo, fait partie des 7 sociétaires du Syli national encore vivants de l’épopée des Jeux Olympiques de Mexico 1968.
Il est né à l’hôpital Balley, à Kaloum insiste-t-il, le 29 mai 1943. Il est le fils de feu Karamoko et de feue N’Gady Sylla. Veuf, il était marié à 1 femme et il est père de 4 enfants, dont 3 filles.
Pour son cursus scolaire, il a très tôt abandonné les bancs de l’école (au CM2), au profit de l’apprentissage du métier de menuiserie métallique.
Camara Mamadouba N’Dongo, aiguisera aussi ses armes dans l’apprentissage des machines au niveau de l’imprimerie nationale Patrice Lumumba, où il fut pendant 15 ans imprimeur par la bienveillance, dit-il du président feu Ahmed Sékou Touré. Il sera chargé de la confection et de la gestion de tout ce qui était valeurs et titres.
Encore actif à 81 ans, Camara Mamadouba N’Dongo travaille depuis près de 40 ans au niveau du Port autonome de Conakry. Il s’occupe de la cantine des dockers, et relève du Bureau des Mains d’œuvres Portuaires (BMOP), sous la tutelle de l’AGEMAP.
Guinéenews à travers sa rubrique ‘’Que sont-ils devenus ?’’, s’est intéressé à cette autre grande figure et légende du football guinéen. Dans cette interview, Mamadouba ‘’N’Dongo’’Camara retrace ses débuts, et son parcours dans les compétitions nationales et internationales. Attristé par les nombreuses disparitions de ses ex-sociétaires du Syli national, Mamadouba ‘’Dongo’’ Camara, nous cite la liste des 7 participants, vivants de l’épopée Mexico 68, et jette un regard sur les étapes de qualifications du Syli national, et fait un briefing sur les matchs de poule, qui ont conduit à l’élimination du Syli national au premier tour. C’est un film oral, écrit à découvrir dans cet entretien, où le doyen ‘’N’Dongo Camara’’, retrace aussi ses souvenirs de Mexico 68. Après 56 ans (1968), la Guinée vient d’être qualifiée aux Jeux Olympiques d’été de Paris de 2024, le doyen ‘’N’Dongo Camara’’ nous témoigne ses sentiments, et lègue ses sages conseils aux jeunes footballeurs guinéens. Accrochez-vous chers lecteurs, et découvrez avec Mamadouba ‘’N’Dongo’’ Camara, quelques réalités du football guinéen des années 60-70.
Lisez !
Guinéenews : Bonjour le doyen N’Dongo, c’est un plaisir exquis d’avoir une icône de votre trempe à notre micro, et merci de votre disponibilité. L’histoire entre vous et le football a démarré quand, où et comment ?
Mamadouba Camara ‘’N’Dongo’’ : Cette histoire a commencé ici à Conakry et précisément à Kaloum, au temps colonial, où nous avions passé notre jeunesse à l’école du centre vers 1952. Tout jeune, j’ai commencé à jouer au football, et nous avions formé une équipe du quartier à Kouléwondy, qui s’appelait ‘’Vasco de Gama’’, et dont j’étais le capitaine. Parmi la génération d’alors, qui jouait au football, nous ne sommes que 3 en vie. Il y a moi, Dia Aly Badara, qui est de l’épopée de mexico 68, et mon oncle El hadj Damba, qui n’a pas progressé vers l’équipe nationale. Plus tard, d’aucuns parmi nous ont été repérés par nos aînés feu Yoro Diarra, Maître Sanoh, Kounta qu’on appelait ‘’Jo le Kount’’, et nous avions été présélectionnés dans l’équipe nationale B. Dans l’équipe nationale A, se trouvaient nos aînés de l’époque. Je peux citer feu Naby ‘’Dynamite’’, Dacky M’Bor et autres. Directement nous sommes allés en stage en Yougoslavie. Il y avait eu des recrutements, même à l’intérieur du pays, et je me souviens de Madou et Petit Karamo qui étaient venus de Kankan. Au retour de notre formation de la Yougoslavie, nous avions été retenus au nombre de 5 dans l’équipe A. il y avait Feu Fodé Fissa, feu Niatosky, El Oumar, feu Youssouf Sylla et moi-même.
Guinéenews : A rappeler que vous étiez un virevoltant ailier droit, pouvez-vous nous situer sur les grandes compétitions auxquelles vous avez participé en tant que joueur ?
Mamadouba Camara ‘’N’Dongo’’ : Comme vous le disiez à l’entame, nous avions assisté aux jeux olympiques de Mexico 68, et à la coupe d’Afrique des nations à Khartoum 1970. A Khartoum, j’étais parti en qualité de réserve, bien que je fusse l’ailier droit titulaire de l’équipe nationale d’antan. Pour la petite histoire, c’est lors du dernier match de préparation ici à Conakry, que j’ai eu un accident au niveau de ma clavicule, et je ne pouvais pas jouer ce tournoi. Je me rappelle que c’est l’équipe du Nigéria, que nous avions éliminée pour nous qualifier. Malgré mon indisponibilité, le président feu Ahmed Sékou Touré avait instruit le ministre des Sports à l’époque feu Toumany Sangaré, de me faire voyager avec la délégation officielle. Je suis parti à Khartoum en tant qu’observateur, et laissez-moi vous dire et sans modestie, que j’étais au top en ce moment, et c’est toute la Guinée, qui avait regretté mon forfait lors de cette compétition.
Guinéenews : La Guinée dans cette grande compétition africaine, privée de son meilleur ailier droit du moment, lequel des joueurs a pu vous remplacer à ce poste, durant le tournoi de Khartoum ?
Mamadouba Camara ‘’N’Dongo’’ : C’est Petit Sory, meilleure santé à lui, qui m’avait remplacé à ce poste. Nous étions tous à Mexico en 1968. Et Sory et Chérif Souleymane, ils aiment m’appeler grand frère, et c’est vrai que je suis un peu plus âgé mais, j’ai toujours refusé le statut de grand frère (rires), bien qu’ils m’aient tous trouvé dans la sélection nationale. J’ai aussi participé aux jeux africains de Lagos.
Guinéenews : Vous n’étiez pas du triplé de 1977 avec le Hafia football club. Dans les archives, il ressort que vous aviez joué pour la section du 2ème arrondissement et le Kaloum star de Conakry 1. Parlez-nous en ?
Mamadouba Camara ‘’N’Dongo’’ : Effectivement, le président feu Sékou Touré avait ordonné aux différents internationaux de jouer pour leurs sections et fédérations. Cette politique de participation des internationaux, à ces compétitions à la base, visait à rehausser le niveau du football guinéen. C’est ainsi que j’ai joué, en tant que capitaine pour l’équipe du 2ème arrondissement, et celle de la fédération de Conakry 1 (Kaloum star). Je me rappelle que le 2ème arrondissement avait remporté une coupe PDG contre Kankan, et le Kaloum star avait perdu une finale de la coupe PDG contre le Gangan FC de Kindia. Vous m’excuserez, je ne me rappelle pas exactement des dates.
Guinéenews : Pouvez-vous vous rappeler des noms de quelques-uns de vos coéquipiers, avec lesquels vous aviez participé aux jeux olympiques de Mexico 1968 ?
Mamadouba Camara ‘’N’Dongo’’ : Oui avec tristesse, je citerais les noms de ces quelques disparus coéquipiers, notamment les regrettés Fodé fissa, Youssouf Sylla, Mamady Sano, Diallo Ibrahima Kandia, Jacob Bangoura, Soumah Soriba ‘’Edenté’’, Mamadouba Camara Maxime, Alsény Blinky, Mamadouba Soumah ‘’Zito’’ et autres. De nos jours, nous ne sommes qu’au nombre de 7 vivants, il y a Ibrahima Sory Keita dit ‘’Petit Sory’’ (1), Chérif Souleymane (2) le seul ballon d’or africain de Guinée, Ibrahima Fofana ‘’Calva’’ (3), Sékou Condé (4) ‘’le bondissant’’, Dia Aly Badara (5), Maître Naby Camara (6), qui était le sélectionneur et moi-même Mamadouba Camara ‘’N’Dongo’’ (7).
Guinéenews : Pouvez-vous nous expliquer quelques étapes, qui ont marqué la qualification du Syli national pour les jeux olympiques de Mexico 68 ?
Mamadouba Camara ‘’N’Dongo’’ : J’avoue que je ne me rappelle pas exactement de toutes ces étapes, et certainement que mes autres sociétaires, encore vivants, pourraient vous le dire avec précision. Je sais quand même, que le match de barrage avait été délocalisé au Maroc, à Casablanca contre l’Algérie, que nous avions battu. C’est après ce match, que nous avions obtenu notre billet de qualification pour Mexico 68.
Guinéenews : Comment se passaient vos séances de préparation avant d’aborder les compétitions ?
Mamadouba Camara ‘’N’Dongo’’ : Nous étions comme des professionnels, et le football au départ était le seul boulot que l’on pratiquait. Nous étions le plus souvent gardés à l’internat, soit à la Bellevue au séminaire, ou à l’école des cadres, l’actuel emplacement de la grande mosquée. Il arrivait parfois de faire l’internat à l’intérieur du pays à Kankan, à Dalaba, nous avions préparé quelques matchs là-bas. Nous avions été de tous les temps, soigneusement entretenus par le ministère des Sports.
Guinéenews : A votre époque, aviez-vous bénéficié des stages de formations à l’étranger ?
Mamadouba Camara ‘’N’Dongo’’ : Chaque année il y avait des stages de formations, qui étaient organisés à l’intention des footballeurs en Europe. La durée de ces stages pouvait prendre 3 mois. Il y en a eu en Hongrie, en Yougoslavie, en Chine, en Corée, en Allemagne de l’Ouest et dans beaucoup de pays socialistes.
Guinéenews : Vous pouvez vous rappeler des équipes qui ont appartenu à votre poule, et assouvir notre curiosité pour nous parler des matchs livrés par le Syli national lors de ces jeux olympiques de Mexico 68 ?
Mamadouba Camara ‘’N’Dongo’’ : C’est un souvenir qui me revient, et cela ça fait très longtemps depuis que nous avions participé à cette compétition. Je vais essayer de faire revenir la mémoire. Dans notre poule, il y avait la France, la Colombie, le Mexique et la Guinée. Je me rappelle des différents scores, et des quelques difficultés que nous avions rencontré lors de ce tournoi. Guinée-France (1-3), Guinée-Colombie (3-2), Guinée-Mexique (0-4). Au 1er tour, le classement de notre poule était le suivant : France (4 points), Mexique (4 points), Colombie (2 points), Guinée (2 points). La Guinée a été éliminée dès le 1er tour, et avec un match nul contre le Mexique, on pouvait obtenir notre billet de qualification pour le second tour. Nous avions rencontré des difficultés, lors de la première journée contre la France. L’équipe avait effectué un déplacement sur près de 200 km, pour rejoindre la ville de Puebla, où devait avoir lieu le match contre la France. Nous étions arrivés à 11 h, et le match a démarré à 12 h, et la fatigue avait énormément joué sur nous. Par contre, au compte de la deuxième journée, l’équipe a passé la nuit à Puebla, pour rencontrer ensuite la Colombie. Le repos a aidé, et nous avions obtenu la victoire. Les buteurs guinéens lors de ce premier tour furent, feu Maxime Camara (79ème) contre la France (3-1), Mamadouba N’Dongo (26ème), Bouya (58ème, 84ème) contre la Colombie (2-3).
Guinéenews : Dites-nous doyen N’Dongo, quelles étaient vos qualités techniques sur le terrain ?
Mamadouba Camara ‘’N’Dongo’’: (sans tarder) ah ! C’est le dribble et la rapidité. J’ai eu le surnom 404 à un moment donné, tellement que ma rapidité dans le jeu était remarquable. Quand je démarrais à droite, c’était pour créer le danger dans le camp adverse.
Guinéenews : Votre corpulence aussi n’était pas en reste à notre avis ?
Mamadouba Camara ‘’N’Dongo’’ : Bien sûr, je garde jusque-là cette robustesse, qui se rajoutait quelquefois aux techniques de dribbles, et à ma vitesse. On avait un ministre, qui aimait bien qualifier mes muscles de râblés (rires).
Guinéenews : Mexico 68 demeure la plus grande compétition à laquelle vous aviez assisté durant votre carrière de footballeur. Quels souvenirs gardez-vous de ces Jeux olympiques de Mexico 68 ?
Mamadouba Camara ‘’N’Dongo’’ : C’est vrai que mon but marqué à la 28ème minutes contre la Colombie, reste un bon souvenir, et je fais partie de l’histoire des attaquants guinéens et du monde, qui ont inscrit des buts, lors de cette compétition des jeux olympiques de Mexico 68. Cela restera dans les annales du football mondial. Notre défaite contre le Mexique restera un douloureux souvenir, pour nous qui sommes vivants aujourd’hui. Un match nul nous qualifiait pour la suite puisque, nous avions eu au total une défaite contre la France et une victoire contre la Colombie. Jouer le second tour pour une équipe africaine, en ces moments, était une prouesse, et hélas Dieu a décidé autrement pour nous.
Guinéenews : Qu’est-ce qui n’avait pas marché ce jour pour le Syli national de Guinée ?
Mamadouba Camara ‘’N’Dongo’’ : On ne peut pas tout dire, la douleur est encore là, malgré tout ce temps qui s’est écoulé. Néanmoins, je vais m’efforcer, et me prêter à votre exercice. Ce jour, on a joué 45 minutes et à la mi-temps, le score était nul et vierge de zéro but partout. Pendant la pause, feu Mamadouba Zito Soumah (paix à son à son âme), a été sérieusement reproché par Maître Naby, pour sa brutalité remarquée au cours de la 1ère mi-temps du jeu. C’était pour éviter un carton rouge, que cela lui avait été fortement conseillé. Après la pause, et à la sortie des joueurs, feu Zito, dira à Maître Naby de le remplacer, et qu’il ne jouera plus. Tout le monde connaît Maître Naby dans sa rigueur, et à l’immédiat, il l’a remplacé par Dia Aly Badara au milieu du terrain. Ces faits ont joué sur le moral de la troupe, et après 15 minutes de jeu, c’est Petit Sory, qui écope d’un carton rouge, et le match fut joué à 10 contre 11. C’est ainsi que notre jeu fut déstabilisé, et le score final de 4-0, nous élimina directement de la course.
Guinéenews : Dans les archives, on a noté que les buts mexicains ont été marqués successivement aux 70ème, 85ème, 86ème et 88ème minutes de la seconde partie. Sans parti pris, au profit de votre coéquipier Petit Sory, et revenons à l’époque actuelle de la VAR, dont vous allez vous servir, ce jour est-ce qu’il méritait ce carton rouge ?
Mamadouba Camara ‘’N’Dongo’’ : L’acte de Petit Sory ne valait pas ce carton rouge, et je ne le dis pas, puisque nous étions du même bord. Vous savez avant, le football était viril quand même. Il fallait user de la force, pour vaincre quelques situations. Ce n’est pas comme maintenant, où on parle de contact, pendant que le football, ne peut pas se jouer sans un contact. Je dirais que le carton rouge, infligée à Petit Sory, n’avait pas sa place. Tenez ! Il y a un autre souvenir qui me revient, et c’est lorsque la France nous avait battus 2 à 1. Et ce jour, tous les joueurs ont pleuré. En partant pour le Mexique, le président feu Ahmed Sékou Touré avait recommandé de ne pas subir une défaite face à la France. Ce qui ne fut pas fait, et le fait de ne pas pouvoir exaucer les vœux du président feu Ahmed Sékou Touré, avait fait pleurer tout le monde. Il était l’ami de tous les sportifs guinéens, et il était dévoué pour la cause de la jeunesse. Tout cela avait fait pleurer l’ensemble.
Guinéenews : A l’époque, vous étiez dans toutes les conditions requises si nous le comprenions ainsi. Etiez-vous des salariés ?
Mamadouba Camara ‘’N’Dongo’’ : Non pas du tout des salariés, et seulement nous bénéficions à chaque fois, à chaque match des primes. Mieux que ça, je vais vous révéler d’autres découvertes. On aime souvent dire que les footballeurs ont joué pour la nation, ils n’ont jamais eu d’argent, c’est le patriotisme qui a dominé. Nous avions découvert, après le décès du président feu Lansana Conté, des documents qui attestent les paiements des primes, effectués au compte des footballeurs, au temps de feu Ahmed Sékou Touré.
Guinéenews : Pouvez-vous confirmer ces faits pour avoir vu personnellement ces documents ?
Mamadouba Camara ‘’N’Dongo’’ : Nous avions vu ces documents, et nous détenons des copies. On a fait cas aux autorités, feu Pierre Bangoura (paix à son âme) s’était battu à son vivant, pour régulariser nos avantages et rien n’a été obtenu jusque-ici.
Guinéenews : Présentement, est-ce que vous vous intéressez au football guinéen ?
Mamadouba Camara ‘’N’Dongo’’ : Honnêtement non, je ne m’intéresse pas du tout. Je suis complètement déconnecté. C’est après 40 ans, et grâce à Baidy Aribot, je suis venu au stade de la mission la dernière fois, pour assister à un match de l’AS Kaloum, en compagnie de Dia Aly Badara. Il y a longtemps, je n’ai pas vécu l’ambiance d’un stade, et cela m’a rappelé un match lors duquel, j’ai fait qualifier le Kaloum star d’antan, à une coupe des clubs champions. J’ai pris du plaisir.
Guinéenews : Aujourd’hui le football rapporte beaucoup d’argent aux pratiquants et pendant qu’à votre temps, vous ne vous êtes contenté en grande partie que des félicitations. Quelle analyse apportez-vous à ces différents cas de figures ?
Mamadouba Camara ‘’N’Dongo’’ : Oui il faut comprendre, qu’à chaque chose son temps. Si cela avait coïncidé à notre temps, on aurait fait la même chose, et si tu ne donnais pas l’argent, on ne jouait pas. C’est vrai qu’à notre époque, il n’y avait pas cette pratique. Je me rappelle quand on était parti à Abidjan pour jouer, à l’occasion de la réconciliation entre la Guinée et la Côte d’Ivoire, après le match, le président Houphouët Boigny, a offert 100.000 FCFA à chacun des membres de la délégation guinéenne. Imaginez, qu’on percevait à l’étranger, à chaque match gagné que 5.000 FCFA et à chaque match perdu 2.000 FCFA, qu’on ne venait jamais récupérer. Nous étions tous contents ce jour, de cette annonce pour l’argent offert par le président feu Houpouet Boigny, quand le Ministre feu Toumany Sangaré viendra à l’hôtel, pour nous dire que le président feu Ahmed Sékou Touré, ordonne à ce que cet argent, soit retourné au donateur. Tout pour vous dire qu’on n’a pas joué pour l’argent.
Guinéenews : 56 ans après, la Guinée vient d’obtenir son billet de qualification pour les Jeux Olympiques d’été de Paris en 2024. Qu’est-ce que cela représente pour vous et quels sont vos réels sentiments en tant qu’ancien olympien ?
Mamadouba Camara ‘’N’Dongo’’ : Cela me fait tourner la tête. Je me pose la question de savoir, qu’est-ce qui s’est passé tout ce temps ? Je dirais que le football n’a pas été pris à deux mains. Si ces responsables avaient continué comme le faisaient ceux de notre temps, le football guinéen, ne serait pas relégué à cette place là aujourd’hui. La Guinée fut une très grande nation de football à notre époque. Nous avions rivalisé presque toutes les grandes nations de football à l’époque. Il faut reconnaître qu’il y a eu un relâchement, qui ne dit pas son nom. Néanmoins, c’est un sentiment de fierté qui m’anime, face à la participation des jeunes à cette grande épreuve du globe.
Guinéenews : Votre génération est considérée aujourd’hui comme étant des ‘’fiertés oubliées’’, pourtant porte étendard du football guinéen. Qu’est-ce que cela vous fait aujourd’hui du haut de vos 81 ans ?
Mamadouba Camara ‘’N’Dongo’’ : C’est le pardon qui m’anime aujourd’hui, face à tout ce que je suis en train de vivre de bon ou de mauvais. Il faut pouvoir pardonner, et en toutes choses, il faut le pardon. Heureusement, je remercie Dieu, je remercie mes enfants, qui m’ont permis d’effectuer le dernier pilier de l’Islam à la Mecque. Je remercie Dieu d’avoir renforcé cette foi en moi. J’encourage ces jeunes à s’entourer du sérieux, et de chercher toujours un niveau d’études qui soit à la hauteur. Je suis fier de ce que je suis aujourd’hui, et être une fierté qui soit oubliée ou non pour son pays, c’est un sommet. Être une ‘’fierté oubliée’’, n’engage que ceux qui sont responsables, et ceux qui ont fait perdurer cet état de fait.
Guinéenews : Et si vous êtes désigné aujourd’hui membre de cette délégation, qui doit accompagner cette équipe aux jeux olympiques d’été de Paris, quel serait votre sentiment, et quels conseils auriez-vous à prodiguer à ces jeunes joueurs ?
Mamadouba Camara ‘’N’Dongo’’ : Que Dieu fasse, que je sois là-bas et j’insiste, en compagnie de mes ex-sociétaires du Syli national encore en vie. Si cela se réalise pour nous, nous cesserons progressivement d’être des ‘’fiertés oubliées’’ (rires). Ce serait aussi l’occasion pour nous, de remercier l’Etat pour le fait d’avoir pensé à nous. Et rassurez-vous, que de tels actes iront toujours droit au cœur. Comme on le dit, ce n’est pas gagner, qui est important dans ce genre de compétition, c’est d’y participer. S’il y a un conseil à prodiguer aux jeunes, je leur dirais de tout faire, pour ne plus être absents de cette grande retrouvaille. Il ne faut pas toujours jouer pour l’argent, il faut mouiller le maillot pour le pays. Nous souhaitons être de la partie, si Dieu le veut, et certainement qu’à travers notre présence, un miracle pourrait se produire et pourquoi pas ?
Entretien réalisé par LY Abdoul pour Guinéenews