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Projet mine de fer de SMFG – Nimba. Quand Arcelor Libéria met les pieds dans le plat!

Selon Guy de Selliers, le président de la Société des Mines de Fer de Guinée (SMFG) et le PDG  Mamady Youla, l’étude de faisabilité du projet d’exploitation du minerai de fer du mont Nimba côté  guinéen est fin prête. Les coûts totaux de développement du projet sont estimés à 2,77 milliards de dollars, ce qui comprend les investissements directs – raccordement de 22 kilomètres au chemin de fer translibérien et mines – ainsi que tous les coûts d’ingénierie incluant l’agrandissement  du port de Buchanan, les imprévus et les taxes.

Le coût d’investissement direct pour le développement ferroviaire et portuaire au Libéria est évalué à plus de 600 millions de dollars et les coûts d’exploitation du projet sont estimés à moins de 18 dollars / tonne ce qui présage une marge de profit confortable avec le cours actuel du minerai de fer sur le marché mondial de 124 dollars en septembre 2021. Les travaux de construction débuteront en 2023.

La société SMFG, est une entité controlée par le magnat des mines canado-américain Robert Friedland via  High Power Exploration HPX qui à travers sa filiale basée dans le paradis fiscal des Iles Jersey Euronimba détient 85% des actions et la Guinée devant avoir 15 % une fois que le projet rentre en vigeur.

Cette étude est le fruit de cabinet canadien d’ingénierie Hatch qui a évalué le potentiel de développement d’une mine côté  guinéen,  une voie ferroviaire et  des infrastructures portuaires pour exporter jusqu’à 30  millions de tonnes par an. Le cabinet Hatch a travaillé avec la firme d’ingénierie conseil cabinet SRK Consulting (Grande Bretagne), la multinationale d’ingénierie conseil et de construction Fluor Corporation, des fournisseurs de service comme Associates, China Harbour Ingénierie Company, Groupe des chemins de fer Liuyuan Chine et CCCC First Harbour Consultants.

Le minerai serait exporté par chemin de fer, du site du projet Nimba au port de Buchanan, au Libéria, pour une expédition directe via la voie maritime. Des accords ont été signés dans ce sens avec le gouvernement libérien pour l’utilisation de la voie ferrée libérienne actuellement exclusivement utilisée par Arcelor Mittal.

Le grain de sable d’Arcelor sur le projet Nimba guinéen

Le hic est que la multinationale Arcelor Mital qui exploite la partie libérienne du gisement a décidé elle aussi d’augmenter sa capacité de production et a fait savoir qu’elle aura besoin du chemin de fer pour mener à bien ce projet d’extension.

De l’avis de tous les observateurs, cette manoeuvre d’Arcelor Mital était prévisible. En tant que multinationale du fer Arcelor n’a aucun intérêt à aider un concurrent potentiel. Sachant qu’elle détient le gros bout, Arcelor va utiliser le chemin de fer pour extraire le maximum de concession sur ce projet guinéen.

Quoique  le gouvernement libérien ait délivré toutes les autorisations pour la SMFG quant à l’utilisation du chemin de fer, Arcelor maintient qu’elle a droit de contrôle  exclusif sur le chemin de fer ce qui créée un conflit d’intérêt et un risque pour la multinationale de favoriser son propre minerai.

Plus tôt cette année, le gouvernement de la République du Libéria et ArcelorMittal ont signé un amendement à l’Accord de développement minier (MDA) qui ouvre la voie à l’expansion des opérations minières et logistiques de la société au Libéria. ArcelorMittal Liberia s’engage à augmenter considérablement la production de minerai de fer de qualité supérieure, qui selon elle, générera de nouveaux emplois importants et des avantages économiques plus importants pour le Liberia.

Le projet d’expansion  d’Arcelor comprend la construction d’une nouvelle usine de concentration du minerai de fer et l’expansion substantielle des opérations minières, le premier concentré étant attendu fin 2023, atteignant 15 millions de tonnes par an.

Mais le plus important est qu’en vertu de cet accord, la multinationale qui aura une réserve d’expansion d’au moins 30 millions de tonnes de fer permettra à d’autres utilisateurs à investir pour une capacité ferroviaire supplémentaire. Mais  il est évident qu’Arcelor aura le droit de premier usage ce qui mettra la SMFG en position de vulnérabilité extrème. Aucune société minière n’accepte d’être dépendante d’une autre pour le transport de son minerai. C’est pourquoi les négociations sont toujours serrées et longues pour la mutualisation des infrastructures. Généralement, c’est une entreprise tierce qui est chargée de gérer à arme égale avec   les compagnies utilisatrices pour éviter que la compagnie propriétaire abuse de sa position et privilégie son propre minerai au détriment des autres qui sont en général des concurrents potentiels aux yeux de l’opérateur principal.

Interrogé par Guinéenews le pdg de la SMFG, l’ancien premier ministre Mamady Youla a déclaré «Nous avons effectivement appris la signature le 10 Septembre 2021 de cet accord entre le Gouvernement du Libéria et ArcelorMittal; au regard de ce que nous savons de cet accord, certaines de ses dispositions sont susceptibles de remettre en cause l’accord signé entre la Guinée et le Libéria en Octobre 2019 et visant à faciliter l’exportation par le Libéria de la production de certains projets miniers bien spécifiés de la région Sud-est de la Guinée.»

Espérons que les autorités guinéennes vont peser de tout leur poids diplomatique pour assister une compagnie guinéenne victime d’un blocage d’une multinationale. Il en va de la santé économique du pays.

Analyse de Boubacar Caba Bah chroniqueur économique pour Guinéenews .

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