La scène politique guinéenne traverse une grave crise de son histoire. Une situation qui a emmené le président de la République à décider du report du double scrutin législatif et référendaire – alors programmé pour le dimanche 1er mars pour deux semaines, même si Alpha Condé n’a pas donné une date précise à cet effet.
Mais le discours du chef de l’Etat ne semble point surprendre l’opposant Bah Oury, alors que tout le monde s’attendait à ce que nous ayons le couplage du référendum et des élections législatives ce dimanche 1er mars.
« C’est une situation qui s’explique aisément. Ils se sont rendus compte que la Guinée était totalement isolée, isolée sur la scène internationale, isolée sur la scène régionale. Et également, il y a eu des pressions bien ciblées, qui ont indiqué que le président Alpha Condé court un risque pour lui-même et pour son régime, en fonçant, tête baissée, dans une aventure qui ne peut pas prospérer », a décrypté d’emblée le président de l’Union pour la démocratie et le développement (Udd), qui intervenait dans Les Grandes Gueules de radio Espace ce lundi.
Pour l’invité de la radio Espace, lorsqu’on fait marche-arrière sous prétexte de justifier une position donnée, cela relève d’une question psychologique.
« C’est une réalité, les autorités guinéennes doivent prendre en compte: la CEDEAO et la communauté internationale ne peuvent pas se permettre de laisser la Guinée sombrer. Par rapport à cela, il y a des lignes rouges à ne pas franchir. Et c’est la raison pour laquelle dans le contexte actuel, nos compatriotes doivent comprendre que ce n’est pas seulement une question de Constitution ou d’Assemblée qui est en jeu: c’est la question de la stabilité et de la paix en Guinée et dans la sous-région. Et les autres pays limitrophes sont déjà englués dans une crise qu’ils n’arrivent pas à résoudre, ne peuvent pas avoir derrière leurs flancs une situation qui risque de dégénérer », a indiqué l’ancien ministre de la Réconciliation nationale sous le général Lansana Conté.
Aux dires de l’homme politique, la question essentielle aujourd’hui gravite autour de deux revendications majeures, dont la question de la Constitution. A ce niveau, Bah Oury rappelle que cela reste lié à la responsabilité personnelle du président de la République.
« Il suffit d’une seule décision de sa part, à savoir: renoncer purement et simplement à ce projet de nouvelle Constitution », a-t-il noté, tout en récusant les conditions par lesquelles les promoteurs du changement constitutionnel sont passés pour dire que la Cour constitutionnelle a donné un avis de conformité pour aller à ce référendum.
« C’est un problème. La Cour constitutionnelle n’a pas donné une appréciation pour dire, est-ce que le projet est conforme à la Constitution ou pas. Parce qu’ils savent pertinemment que ce projet n’est pas en conformité avec la Constitution de la République de Guinée. Ça, c’est le premier point », a égrené Bah Oury.
« Le deuxième point, poursuivra-t-il, il faut que nos compatriotes comprennent: le projet de la nouvelle Constitution est un projet extrêmement conservateur qui annule tous les acquis démocratiques et des luttes sociales qui ont eu lieu durant plus de 20 ans en Guinée ».