En marge de la conférence de presse qu’il a animée à Conakry ce mercredi 29 mai, le Premier ministre Ibrahima Kassory Fofana a expliqué les raisons qui ont poussé le gouvernement qu’il dirige de rédiger une nouvelle Constitution pour la Guinée.
D’abord, Kassory Fofana met en doute même la légalité de l’actuelle constitution, à cause peut-être du fait que son adoption n’a pas été faite par un parlement élu ou par référendum. « Laissons la question de légitimité ou d’illégalité de la constitution existante qui n’a pas fait l’objet, dit-on, de suffrage universel », dit-il en substance.
Ensuite, Premier ministre motive cette volonté du gouvernement guinéen de proposer au peuple guinéen une nouvelle Constitution à cause des confusions de plusieurs dispositions de l’actuelle Constitution : « Il y a beaucoup de dispositions confuses. Lisez les disposions relatives à la fonction présidentielle telles que définies dans la constitution et celles du Premier ministre. Ce n’est pas précis. Il faut préciser. »
Dans le projet de Constitution, certaines indiscrétions avaient fait savoir que beaucoup d’institutions républicaines vont disparaitre. Le Premier ministre a confirmé cela sans pour autant évoquer le mot ‘’disparition’’ : « Nous avons une constitution qui consacre une douzaine d’institutions républicaines dont le fonctionnement en termes de coût est connu pour la jeune démocratie que nous sommes. Certains pays ont changé de constitution pour cette raison. »
La Guinée est un grand pays panafricaniste. Mais ce panafricanisme, selon Ibrahima Kassory Fofana, la loi fondamentale de 2010 n’en parle pas : « Nous avons une constitution qui fait renoncer la Guinée à ses marques habituelles, historiques de panafricaniste. Les deux premières constitutions républicaines : celle de 58 et de 92, consacrent le panafricanisme de la Guinée. Notre hymne national est bâti sur la philosophie du panafricanisme. Notre constitution qui est le socle de cette vocation n’en parle pas. »
Ce sont ces différentes raisons qui ont amené le gouvernement à vouloir changer l’actuelle Constitution. «Oui ou non il est raisonnable de revenir sur ces fondamentaux ? Donc la question d’une nouvelle constitution, en tant que citoyen, je dis oui. En tant que gouvernement, je dis oui », a-t-il laissé entendre, ajoutant de passage qu’il n’a jamais vu un texte parlant de projet de nouvelle constitution. Une référence faite à une des motivations de la démission du ministre de la Justice, Me Cheick Sako. Ce denier avait dans sa lettre de démission qu’il n’a pas été associé à la rédaction de la nouvelle Constitution.