La récente adoption du Document de Programmation Budgétaire Pluriannuelle 2024-2026 (DPBP) par le Conseil National de Transition (CNT) est diversement appréciée dans le landerneau politique. Si certains observateurs saluent cette initiative visant à aguicher les partenaires économiques et sociaux, pour lever davantage de financements, avec une garantie de transparence assurée, d’autres par contre soupçonnent le CNRD de vouloir par ce biais, se cramponner au pouvoir au-delà de ses deux ans de mandat requis.
C’est une junte très ferme sur ses arçons, et qui continue de garder la tête dans le guidon, décidée qu’elle est de mener la transition jusqu’à son terme. Quoique cela puisse lui coûter en termes d’efforts et d’énergie.
C’est cette débauche d’énergie à tout-va, qui aurait donné lieu à l’adoption du Document de Programmation Budgétaire Pluriannuelle 2024-2026 par les conseillers du CNT.
Un document qui servira de balise dans la gestion des finances publiques durant la période indiquée. Le pari étant de pouvoir porter le taux de croissance à 7,4% en 2026. Taux qui oscille en ce moment autour de 5%. Même si cette croissance portée par le secteur minier ne serait pas du tout inclusive. De nombreux guinéens ayant du mal à trouver leur pitance quotidienne.
L’autre défi à relever dans ce cadrage budgétaire de grande envergure, sera la réduction du taux d’inflation. En vue de le faire passer aussi de 5,9% en 2024 à 6,0% en 2026.
Le tout assorti d’un élargissement de l’assiette fiscale de 12,2% en 2024 à 13% en 2026.
La mise en musique de cette programmation budgétaire pourrait ainsi générer des recettes devant surpasser les 100 mille milliards de francs guinéens. Avec une synergie des régies financières, dont la douane et les impôts. Qui sont des pourvoyeuses de fonds par excellence, au niveau national.
Ce Document de Programmation Budgétaire Pluriannuelle 2024-2026 (DPBP) pourrait ainsi permettre de rompre avec les tours de passe-passe budgétaires. Avec plus de lisibilité et de transparence dans la gestion des finances publiques. Car sans une gestion au cordeau, le décollage économique vers l’émergence ne sera qu’un leurre.
Faut-il cependant voir dans ces longues enjambées de la junte, à vouloir mettre le curseur sur les budgets de 2025 et 2026, des velléités de confiscation du pouvoir ? La question mérite d’être posée, tant les supputations vont train dans la cité, à propos d’un éventuel glissement de calendrier.
Il revient toutefois à la junte de savoir que vouloir jouer les apprentis sorciers serait jouer avec le feu.