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Production du Fonio au Foutah Djallon : statistiques, défis et perspectives (2eme partie)

Comme annoncé dans l’une de nos précédentes interviews (https://guineenews.org/production-du-fonio-au-foutah-djallon-le-vice-president-de-la-cooperative-a-batons-rompus/), la rédaction locale de votre quotidien électronique Guinéenews basée à Labé s’est intéressée à la production du fonio qui est l’une des cultures les plus prisées en Moyenne Guinée. Si dans la première partie de l’entretien, on a mis la lumière sur la coopérative des producteurs et productrices de fonio, son organisation, son fonctionnement et sa structuration, cette fois-ci on vous propose les statistiques de production, les défis et les perspectives de l’organisation. Boubacar Mobhy Diallo, le vice-président de la coopérative régionale des productrices de fonio, rrvient sur ces aspects ci-haut cités. Lisez !

Guineenews© : quelles sont les statistiques de production du fonio de la coopérative ?

Boubacar : au niveau de la coopérative des producteurs/productrices du fonio, on travaille sur une superficie estimée à 54 hectares avec un rendement estimé entre 800 kilogrammes à 1,2 tonnes à l’hectare. Par ailleurs, il y en a qui peuvent aller au-delà. Maintenant, la production, vous savez comme c’est régionale, nous ne sommes pas allés jusqu’à évaluer toutes les productions.

Guineenews© : comment se fait-il qu’avec toutes ces productions, le fonio est toujours cher chez nous ?

Boubacar : vous savez, il n’y a pas très longtemps qu’on a commencé à appuyer cette production. Avant tout le monde produisait. Mais quand l’ancien régime a voulu appuyer cette production, il a cherché à amener des décortiqueuses et des batteuses au niveau de certains districts. Donc, comme la production locale était transporté dans certains pays voisins dont je me réserve de citer de noms, cette production est transformée là-bas, labélisée et commercialisée au nom de ces pays.

Guineenews© : pourquoi vous ne transformez pas ici en local ?

Boubacar : il n’y a pas de transformation ici. Celle qui est faite sur place est manuelle. Il y a par contre, certaines structures qui font une transformation, une labellisation locale, qu’ils essaient de transporter pour commercialiser. Malheureusement, l’échelle est trop petite et on n’a pas d’abord pu contrôler tout ça.

Guineenews© : et qu’estce qu’il faut pour cerner cela afin qu’on finalise le produit sur place avant toute commercialisation ?

Boubacar : c’est dans ça que OSIWA nous a permis d’avoir une plateforme multifonctionnelle à Koundara. C’était pour contrecarrer l’envoi de cette production du côté de Diawbhée, une localité située à la frontière guinéo-sénégalaise. Il fallait maintenant regrouper les producteurs, acheter les productions, transformer, labéliser maintenant.

Par ailleurs, un autre projet c’est-à-dire le WAPP a installé une autre plateforme à Sannoun. Mais comme jusqu’à maintenant,  l’équipement n’a pas été installé, c’est pourquoi le contrôle de cette production, donc de cette commercialisation nous est difficile et on est trop petit d’abord c’est-à-dire la coopérative est là, elle a ses ambitions mais pour le moment, on n’est pas en mesure de contrôler tout cela car nous venons de naître.

Ici dans champ de fonio

Guineenews© : par ailleurs, comment se fait-il que le fonio qui est une production locale est toujours chère même là où il est produit ?

Boubacar : oui il est toujours cher c’est parce que sa production est difficile, sa transformation est difficile. J’ai dit que tout se fait à la main. Imaginez-vous, vous allez jusqu’à Gadha Woundou pour acheter le fonio. Vous achetez le sac de fonio par exemple à 3 000 GNF. Vous l’embarquez sans parler de l’emballage, vous l’amenez ici à Labé pour le transformer. Cette transformation c’est le mortier et le pilon. Vous êtes obligé de payer cette dame ou ce monsieur qui va vous faire cette transformation.

Donc, pour avoir le kilo net, il faut tout un processus. Il faut le décortiquer, il faut le laver, il faut le sécher, … c’est-à-dire c’est tout un processus. Maintenant, quand tu essayes de revendre ça va te couter très cher. C’est pour cela que très souvent le kilo est vendu à 15 000 GNF, parfois ça va au-delà. Donc ça varie de 10 à 15 000 GNF le kilo net. Mais tu peux trouver le fonio net, décortiqué par les femmes à Gadha Woundou à 5000, 6000 GNF.

Guineenews©: donc, c’est surtout les frais supplémentaires qui gonflent le prix.

Boubacar : oui ce sont les frais supplémentaires qui gonflent le prix et encore il est très prisé. (…)

Guineenews© : c’est quoi la qualité de ce fonio que vous qualifiez de très prisé ?

Boubacar : pourquoi les gens veulent beaucoup acheter le fonio du foutah ? C’est pour diverses raisons. D’abord, il est propre. Vous savez il n’y a pas plus dégoûtant que quand tu prends une poignée de fonio, tu le mâches et que tu tombes sur un grain de sable ou quelque chose du genre comme un caillou. ça dérange. Deuxièmement, il est très fin. Donc, il y a toutes ces qualités-là qui font que les gens aiment bien le fonio du Foutah ;

Guineenews©  : c’est ce qui explique son exploitation anarchique ?

Boubacar : oui il est exporté. Voilà pourquoi j’ai dit qu’il y a certains qui le transforment. Ce n’est pas pour faire la promotion des gens mais si nous prenons Mme Boiro qui est une femme transformatrice du fonio qui est dans la zone. Elle achète le fonio avec les moyens de bord et essaye de le transformer et ensuite le revendre. Donc, la coopérative tend vers ça. Mais pour le moment il y a une transformation qui est faite au niveau de certains groupements à Dara-Labé, à Lafou, à Fougou, …

Guineenews© : il faut reconnaître que malgré cette meilleure qualité, la production a du mal à s’accroître, comment renverser cette tendance afin d’être à la hauteur de la demande ?

Boubacar : la coopérative, c’est un des maillons parce que quand même les gens produisent mais pour que cette production soit beaucoup plus considérable, il faut qu’il y ait un appui. Il faut appuyer les producteurs, il faut continuer à les organiser, il faut continuer à les former, (…) parce que je vais vous dire une chose, les producteurs ou les productrices de fonio qui sont en majorité des femmes, ce sont elles, après le maraîchage dans les bas-fonds, parce que vous savez le fonio il est annuel. Il ne se cultive chez nous qu’en saison des pluies. Après la saison des pluies, elles n’ont pas grand-chose à faire parce que le fonio est déjà cultivé et récolté. Donc, il faut faire quelque chose. Elles descendent dans les bas-fonds. Ce sont elles qui font le maraîchage dans les bas-fonds. Après les bas-fonds, elles remontent maintenant pour la culture du fonio. Donc, vous avez vu qu’elles sont toujours dans le système de culture.

Guineenews© : comment faire maintenant pour que la production se fasse sur une plus grande période ?

Boubacar : pour booster cette culture, c’est de les appuyer, c’est appuyer la production. Ce qui ne consiste pas à bamener de la semence parce qu’il y a de la semence locale.

Guineenews© : comment faire alors ?

Boubacar : il faut chercher à moderniser parce que c’est la houe. Elles n’ont pas de charrue. Donc, il faut les trouver des charrues à traction animale dans les zones où on peut utiliser la charrue. Il faut leur trouver des décortiqueuses, au lieu d’utiliser le pilon et le mortier. , donc tu as une décortiqueuse. Il faut trouver une décortiqueuse et des batteuses.

Guineenews© : au-delà de cela, quelles sont les ambitions de la coopérative ?

Boubacar : elles sont énormes. Les ambitions d’abord c’est d’être soutenu davantage. Ainsi, on remercie les projets et l’Etat qui nous viennent en aide. Mais les ambitions, c’est de nous aider à sécuriser le foncier. Si le foncier n’est pas sécurisé c’est un problème. Il faut aussi aider à ce que les femmes bénéficient de la terre.

Les femmes c’est elles qui cultivent parce que les jeunes, bien sûr l’objectif de KIMALAKAN c’est d’attirer les jeunes. Donc, nous aider à sensibiliser les jeunes pour qu’ils adhèrent à la coopérative. Donc, de nous aider à labéliser les productions, d’organiser le marché, de fédérer les énergies, … c’est entre autres les ambitions de la coopérative.

Guineenews© : peut-être un dernier message !

Boubacar : tout ce que je peux ajouter, c’est de remercier les producteurs parce que si vous entendez parler de production, c’est parce qu’il y a des producteurs.

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