Les débats dans le procès en appel du communicant de l’UFDG, Ibrahima Sory Camara, ont pris fin ce lundi devant le juge Magadouba Sow de la Cour d’appel de Conakry. Et l’affaire a été mise en délibéré pour décision être rendue jeudi 25 octobre.
Dans leurs plaidoiries, les avocats du président Alpha Condé ont demandé à la Cour d’appel de confirmer la décision du juge du tribunal de première instance de Mafanco. Celui-ci avait condamné Ibrahima Sory Camara, le 9 avril dernier, à 18 mois de prison et au paiement d’une amende de 2 millions de francs guinéens pour « outrage, injures et diffamation » à l’encontre du d’Alpha Condé. Sur les intérêts civils du chef de l’Etat, les avocats avaient demandé et obtenu la condamnation d’Ibrahima Sory au paiement d’un franc symbolique et à la publication de la décision dans un journal.
Les avocats de la partie civile se sont surtout basés sur le fait qu’Ibrahima Sory Camara a reconnu avoir posté la vidéo sur Facebook. Si le prévenu n’a pas reconnu les propos qu’il tient dans cette vidéo, la partie civile estime que l’existence de la vidéo, ainsi que la présence d’Ibrahima Sory Camara dans cette vidéo, suffisent pour établir sa culpabilité. Au fil des interrogatoires, Ibrahima Sory Camara a aussi dit qu’il regrette ce qui est arrivé. « Nous avons initié cette procédure pour que les Guinéens sachent que tout n’est pas permis dans ce dossier…Nous vous prions, monsieur le président, de confirmer le jugement déféré », a plaidé un des avocats d’Alpha Condé.
Le représentant du ministère public, lui, a sollicité que la décision prononcée en première instance soit infirmée et que le prévenu soit condamné au temps mis. « Le ministère public est très à l’aise quand le prévenu dit qu’il regrette ce qui est arrivé. C’est un grand pas pour nous, parce que ce que nous cherchons c’est le repenti », a dit le procureur, estimant que les 7 mois passés en prison ont amené Ibrahima Sory Camara à se conseiller lui-même.
Pour sa part, la défense a continué à clamer l’innocence de son client. Me Salifou Béavogui a passé en revue différentes communications des communicants du RPG postés sur Facebook dans l’intervalle du 13 au 15 mars dernier. Partant de ces posts des militants du parti au pouvoir, l’avocat de l’UFDG a indiqué que son client n’a fait que reprendre des propos tenus par des communicants du RPG-Arc-en-ciel dont Mamadou Traoré, Lamine Philo Kaba, Mamady Karfamoria… L’avocat a déploré que ceux-ci n’aient jamais été inquiétés. « Quand ils ont été envoyés à la Maison centrale suite à une plainte du Balai Citoyen, ils ont été tous libérés 48 heures après sans aucune forme de procès », a déploré l’avocat qui estime qu’il y a du deux poids deux mesures dans l’affaire de son client. D’ailleurs, l’avocat estime que son client n’a été qu’un lanceur d’alerte par rapport à l’incendie qui « s’est effectivement produit à Madina ». « L’alerte a été lancé dans le cadre d’un débat d’intérêt public. C’était pour sauver Madina. Mon client ne devrait donc pas être jugé pour diffamation », a dit l’avocat qui s’est beaucoup pensé sur plusieurs jurisprudences, notamment françaises, pour démontrer l’inexistence de l’infraction reprochée à son client.
Pour la défense, Ibrahima Sory Camara ne mérite rien d’autre qu’une relaxe pure et simple pour délit non constitué.