Dans sa tournée pour le payement des primes d’incitation aux enseignants suite à un protocole d’accord signé entre l’Etat et une « branche syndicale de l’éducation » par rapport à la crise qui secoue le système éducatif, une mission venue de Conakry a posé ses valises à Lélouma le week-end dernier. Avec pour objectif de payer des primes d’incitation aux enseignants en situation de classe. Seulement, la façon dont ces primes sont payées irrite bon nombre d’enseignants à Lélouma.
Ansouma Diallo, le secrétaire général de l’antenne préfectorale du slecg précise à propos de la démarche: « tout d’abord, je déplore la manière dont ils ont effectué le démarrage de ce payement des primes d’incitation aux enseignants en situation de classe. En tant que secrétaire général préfectoral du SLEEG, je devais y prendre part. Mais ils ont commencé l’activité dans les localités éloignées sans même m’avertir. C’est ce qui d’ailleurs a occasionné des problèmes à Diountou où la mission a été prise en otage. Mais qu’à cela ne tienne. Ces primes, c’est juste un bonus pour ces enseignants-là d’abord. Parce que ces primes-là n’ont pas été négociées avec la personne qui a déclenché la grève. Donc nous, on reste solidaire au général Aboubacar Soumah. Tant qu’il ne déclare pas la levée de la grève, on ne va pas reprendre les cours. Nous avons accepté de prendre ces primes parce-que c’est l’argent de nous tous (…) narre le secrétaire général de l’antenne préfectorale du SLEEG.
Et un peu plus loin de poursuivre en ces termes: » la perception sélective de ces primes n’a fait que galvaniser davantage les enseignants pour la poursuite de la grève. Parce-que, tous les responsables d’établissements de Lélouma sont en situation de classe et aucun responsable n’a perçu ces primes d’incitation. Du proviseur jusqu’au dernier directeur d’école, personne n’a reçu cette prime-là. Et tous sont en situation de classe. Laissez-moi vous dire que ceci n’est qu’une prime d’incitation à la grève. C’est une prime qui ne figure pas sur un bulletin. Et qu’est-ce qui prouve que ça va continuer? En tout cas c’est quelque chose qu’on ne prend même pas en considération », tranche Ansoumana Diallo.
Selon toujours le patron de l’antenne locale du syndicat libre des enseignants et chercheurs de Guinée, c’est un mauvais travail qui a été effectué. « Ce que je déplore encore de plus, c’est de voir des gens considérés comme fictifs ou encore des gens décédés sur la liste de ceux qui doivent bénéficier de ces primes. C’est un mauvais travail que le gouvernement a fait », dénonce Ansoumana Diallo.
Sur la même lancée, un autre membre de l’antenne locale du SLEEG et directeur d’une école de la place soutient: « c’est une situation qui a été dès le départ biaisée. A partir du moment où on a fait une négociation et trouver un accord avec des syndicalistes que moi j’appelle des fantômes. C’est-à-dire qui n’ont fait aucune revendication, qui n’ont pas appelé des enseignants à une grève et qui d’ailleurs n’ont même pas une base. C’est là que tout a été raté. C’est à dire dès le départ. (…). Le problème est que, on vient dans une structure on privilégie les subordonnés et on laisse les chefs. Comment voulez-vous que cette structure fonctionne », s’interroge Thierno Ousmane Diallo, avant de poursuivre: « et ici vous pouvez voire des directeurs qui détiennent même des classes multigrades. Le payement de ces primes d’incitation est une totale déception pour moi », déplore-t-il.
Poursuivant, ce directeur d’école promet de continuer le combat jusqu’à la satisfaction de leurs revendications.
« Ce qui reste clair, nous nous battrons corps et âmes pour être rétabli dans notre droit (…). Nous allons nous constituer. Et même si aujourd’hui la grève venait d’être suspendue, nous, directeurs d’écoles, principaux où proviseurs, nous n’allons pas reprendre le travail tant qu’on n’a pas perçu ces primes-là » menace-t-il avant d’ajouter: « nous ne sommes pas allés en grève pour avoir des primes mais pour une augmentation de salaires. Nous sommes déterminés à poursuivre la grève jusqu’à la satisfaction de nos revendications ».