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Présumées fraudes à la Fonction publique : le dossier recouvert devant le TPI de Kaloum

Six cadres de la Fonction publique ont comparu ce lundi 24 avril 2023, au tribunal de première instance de Kaloum pour “faux en écriture publique et abus de confiance”. Il s’agit de Djelimadia Dioubaté, Djoumé Camara, Ibrahima Fofana, Makan Sidibé, Moussa Keïta et Amadou Soumah. Tous ont été démis de leur fonction et sont poursuivis par l’Agent Judiciaire de l’Etat. Cette affaire daterait de juillet 2022.

À l’ouverture du débat, les six personnes ont nié les faits qui sont retenus contre eux.

Djelimadia Dioubaté, l’un des accusés, est revenu sur les faits : « J’étais au bureau quand j’ai appris que le ministre de la Fonction publique avait déployé des agents chez moi pour une perquisition. Ils ont mis ma maison sens dessus dessous. Ils ont humilié ma famille et moi comme des malpropres. Et au moment où ils fouillaient ma vie privée, je me suis fait arrêter en présence du Ministre. Il a dit mot pour mot : « Arrêtez-les, auditionnez-les, revenez me trouver au bureau pour me faire le point ».

Cela prouve une fois de plus qu’il a abusé de son autorité. Les documents trouvés sur moi ne comportaient aucune signature de ma part et n’avaient rien de suspect. Et même chez moi, aucun document compromettant n’a été trouvé. Ma maison a été fouillée sans mandat de perquisition signé par un juge. Il n’a aucune preuve contre moi, il se base toujours sur des rumeurs pour agir« , a-t-il relaté.

Pour sa part, l’ancien inspecteur général de la Fonction Publique, Djoumè Camara n’a pas hésité un seul instant de défoncer les portes en faisant de grands déballages sur le passé de l’actuel ministre de la Fonction publique, Julien Yombouno.  « Ce que nous avons vécu avec le ministre Julien Yombouno, je n’ai jamais vu un ministre de la République se comporter de la sorte. Ce sont des documents montés de toutes pièces qu’il a essayé d’embarquer tout le monde comme : le parquet, l’agent judiciaire, la DPJ… En 2014, suite au recensement biométrique des fonctionnaires dans le but d’assainir le fichier de la fonction publique, par confiance, j’ai été choisi pour appartenir à la commission de ce recensement. Au cours des travaux, nous avons détecté 1021 personnes qui travaillaient à la fois pour l’État et pour le secteur privé. C’est en ce moment même qu’on a eu à déceler les anciens travailleurs de la SOTELGUI. Dans le même lot, nous avons épinglé 407 autres personnes dont le ministre Julien Yombouno lui-même, qui faisait partie du lot parce qu’il travaillait à l’époque à l’UNICEF Guinée et en même temps il percevait son salaire de fonctionnaire au Ministère de l’éducation. Dès sa nomination en 2021, il s’est tout de suite attaqué à ce dossier et il a cherché à connaître ceux qui ont travaillé là-dessus. Pendant ce temps, j’ai bénéficié d’un décret au ministère. Après ma nomination, il a dit qu’il n’est pas d’abord, que ce n’est pas lui qui m’a proposé et donc qu’il ne peut pas travailler avec moi. C’est pourquoi deux mois plus tard, il a réussi à me remplacer à ce poste. Depuis lors, je n’avais pas de bureau au département. C’est quelqu’un qui est allergique à la contradiction. Quand il décide, il veut que tout le monde s’aligne. Il n’y avait aucune interdiction, aucun texte ne m’interdisait d’entrer dans tel ou tel bureau au ministère là-bas. C’est comme ça qu’on a été arrêté dans ce bureau par le ministre à travers les agents de la DPJ. On a fait 6 jours de garde à vue à la DPJ avant que 4 personnes parmi nous ne soient déférées à la maison centrale et 2 autres placées sous contrôle judiciaire. C’est un acharnement contre moi pour avoir appartenu à cette commission qui a levé le voile sur sa situation à la fonction publique », s’est lâché Djoumè Camara.

Les quatre autres ont donné à peu près les mêmes explications.

De son côté, l’avocat de la défense a posé la question de savoir si, depuis l’enquête préliminaire jusqu’à maintenant, un quelconque document falsifié a été présenté devant lui pour prouver qu’ils ont inséré le nom d’un certain monsieur Diallo dans la Fonction publique. Il a répondu par la négative.

Selon ce dernier, cette affaire n’est qu’un abus de pouvoir, car le plaignant n’a rien contre les accusés pour les incriminer.

Pour sa part, le directeur général adjoint du Service informatique, Ibrahima Fofana, le ministre Julien Yombouno n’est jamais satisfait du travail fourni.

« Il a radié presque tout le monde après notre arrestation. Tout ce que l’on fait n’est jamais assez pour lui. Et le fait de venir nous arrêter dans nos locaux en plein travail, sans préavis ni fondement valable, est inimaginable. Ceci n’est qu’un abus de pouvoir et d’autorité. Ce qui nous est arrivé est du jamais vu. Pour une raison personnelle à lui et que nous ignorons, il nous faisait savoir de mille manières qu’il ne voulait pas de nous là-bas« , a-t-il dit.

Après ce témoignage, le juge d’instruction a posé la question de savoir si l’un d’entre eux était chargé d’inscrire le nom et les matricules des personnes à la Fonction publique ? Il a répondu par la négative. Selon lui, il reçoit une liste déjà scannée et signée et ajouté que son seul rôle est de l’enregistrer dans l’ordinateur. Selon le DGA, il n’avait pas accès à la totalité des fichiers.

C’est sur ce, que le juge d’instruction renvoie le dossier au 8 mai 2023, pour la suite des débats.

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