Dans sa campagne qu’il poursuit au pas de charge, en vue de prévenir la porosité de son électorat, le président Alpha Condé, candidat à un troisième mandat controversé, martèle des poncifs dignes des populistes, au gré de ses discours. Aux caricatures de son opposition, dont il se délecte une fois sur les estrades, devant des militants pas du tout convaincus pour la plupart, le candidat du Rpg arc-ciel ajoute désormais des piques à ses pairs de la sous-région, qui selon lui, verraient d’un mauvais œil le décollage économique de la Guinée.
Les discours de campagne d’Alpha Condé trahissent la sérénité de l’homme. A entendre Alpha Condé reprendre les mêmes attaques que celles proférées lors de ses campagnes présidentielles de 2010 et 2015 contre les anciens Premiers ministres de Conté, on sent de la fébrilité chez le candidat. C’est comme si le président craignait de ne pas bénéficier de la prime du sortant.
D’où ce recours au réflexe reptilien des populations. Une tactique populiste visant à monter le populo contre les élites. Dans le cas guinéen, le procédé est mariné d’ethnocentrisme. Une recette qui avait facilité son accession au pouvoir en 2010, alors qu’il avait été laminé lors du premier tour du scrutin par Cellou Dalein Diallo.
Pour ce vote du 18 octobre, Alpha appelle les populations à ne pas se tromper de bulletin. Et à ne voter que pour lui, se présentant comme une sorte deus ex machina, venu sauver la Guinée contre les « voleurs et ennemis de la république ».
Le champion du Rpg surfe aussi dans la même foulée sur la vague d’une sorte de nationalisme à la noix. En disant comme ce fut le cas à Mamou ce mercredi que son pays sera bientôt la deuxième puissance de l’Afrique de l’Ouest, juste après le Nigeria.
Le président en veut pour preuve les nombreuses richesses dont dispose la Guinée.
Et de marteler que « beaucoup ne sont pas contents parce que dans quelques temps la Guinée sera le 2ème pays après le Nigeria. Il y a des présidents qui ont fait 4 ou 5 mandats, on les félicite. Quand j’ai voulu faire le référendum, c’était la guerre contre moi. Mais nous en Guinée on n’a pas peur. Sékou Touré n’a pas eu peur de De Gaulle, il a voté NON. Je n’ai peur que de Dieu. Aujourd’hui mon frère Alhassane Ouattara fait le 3ème mandat, est-ce que nous avons entendu les Blancs les critiquer? Alors nous sommes fiers de notre indépendance. Nous ne prendrons jamais d’ordre chez quelqu’un. Le seul qui peut me donner l’ordre c’est le peuple de Guinée» a t-il fulminé au micro de guineenews.
Ce choix du repli sur soi voire de la vie en autarcie, le président en fait un moyen de contrer les éventuelles critiques qui commencent à fuser sur sa gouvernance. Une gouvernance qui, en dix ans a montré ses limites avec une paupérisation très poussée des populations et de graves violations des droits humains. Sans oublier la corruption endémique et l’insécurité ambiante.
Tout ça mis bout à bout ne pouvait que porter un sérieux coup à l’image du président. C’est pour rétablir cette notoriété entachée que la majorité présidentielle verse dans des attaques en dessous de la ceinture. Une démarche que n’approuve pas du tout une bonne frange de l’opinion.
Pour revenir à ses velléités de se couper du monde, le pouvoir de Conakry a anticipé d’ailleurs en fermant les frontières du pays avec trois de ses voisins, dont la Guinée Bissau, le Sénégal et la Sierra Leone. Sans aucune raison apparente. Cette stratégie du bunker ne pourrait qu’en rajouter à la psychose populaire.