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Pour une Guinée unie et prospère la nécessité d’une médiation inclusive est-elle nécessaire ?

Depuis plusieurs décennies, des décisions mal présentées et gérées se transforment en crises politiques en République de Guinée à cause de sa classe politique. Si une solution n’est pas trouvée à ces crises à répétitions la situation va s’aggraver de plus belle car tous les ingrédients sont réunis pour un éclatement que, prédisent quelques observateurs avisés.

Face à cette énigmatique crise politique en Guinée des voix se lèvent pour proposer et entamer une médiation nationale entre l’opposition et le pouvoir.

Des grèves, des arrestations arbitraires, des manifestations qui débouchent à chaque fois sur des affrontements violents entre les manifestants et les forces de l’ordre qui tirent à bout portant sans raison sur des manifestants pacifiques, et entraînant un nombre élevé de victimes. Depuis le carnage du 28 septembre jusqu’à nos jours, aucune enquête sérieuse n’a été diligentée par l’Etat afin de poursuivre les auteurs de ces crimes à répétitions dénonce l’opposition.

Aujourd’hui, il est impératif de poser un diagnostic précis des failles en matière de démocratie, d’État de droit, de gouvernance et de droits humains en Guinée ce qui constituerait une étape essentielle, voire sine qua non à l’amélioration de la situation sociopolitique en Guinée. Pour ce faire, tous les acteurs politiques mouvance et opposition incorpore, d’une part, les organisations de la société civile, et les nouveaux mouvements sociaux-citoyens d’autre part, ne peuvent être exclus de ce processus qui les concernent directement.

Toutes ces crises non résolues ont entraîné une radicalisation des acteurs politiques de tout bord. Il convient donc de calmer les esprits et trouver impérativement une solution à cette crise. Le but prioritaire est de ramener la société civile, l’opposition et la mouvance présidentielle à adhérer à une logique de négociations. Pour ce faire, il faut une volonté manifeste des parties concernées à vouloir trouver ensemble une solution guinéenne « 
win-win ».

Cette assise va restaurer la crise et celle de l’Etat de droit, de la démocratie, des droits de l’homme et de la gouvernance, dont les outils juridiques et les mécanismes de mise en œuvre sont quasi créés mais dysfonctionnement faute d’une volonté politique pour les mettre en œuvre.

L’année 2020 marque un tournant majeur dans l’évolution de la situation du pays. Au plan politique, il y a eu des élections législatives couplées avec un référendum de changement constitutionnel qui furent boycottés par les principales formations politiques pour non-respect de la loi fondamentale de 1990 qui énonce clairement dans son article 27, la limitation inconditionnelle des mandats présidentiels, interdisant au président en exercice depuis 10 ans de briguer une troisième investiture. Cette constitution avait été officiellement adoptée en mai 2010. Cette loi dispose de l’intangibilité de deux mandats non renouvelables pour le Président actuel.

De plus, la pandémie du COVID19 a marqué l’économie du pays qui a subi un brusque et long temps d’arrêt. Ainsi, le tableau est noir, bien noir, sur la situation socio-politique en Guinée.

La volonté manifeste de certains guinéens de bonnes volontés pour une médiation est à saluer et à encourager. Ce qui pourrait conduire à trouver une solution entre les guinéens pour une sortie de crise honorable. Ce pendant je doute fort qu’une médiation guinéenne puisse se résumer à une personnalité unique. Il y a lieu de mobiliser le potentiel de Guinéen non impliqué directement dans la politique guinéenne mais concernés par leurs origines et leurs appartenances pour qu’ils apportent à travers une institution crédible une solution de sortie de crise. De ce point de vue, on pourrait s’inspirer du système helvétique (c’est du compromis que naît le consensus) la tradition suisse du consensus a fait ses preuves et continue de le faire dans la construction de la paix dans le monde.

Pour ce faire, il y a des préalables car la médiation n’est pas chose facile, il faut définir un cadre stratégique d’intervention. L’on ne doute point de la compétence et de l’expertise des volontaires qui se sont proposés pour mener une telle médiation.

Il faut rappeler que la médiation est l’une des formes les plus anciennes de résolution des conflits. Le médiateur à un rôle très complexe, car il est censé aider les deux parties à trouver une solution mutuellement acceptable au différend qui se pose.

Il a une double fonction celui de catalyseur (effet constructif de sa présence dans les échanges entre les parties. La seconde fonction est le rôle de facilitateur (facilite l’échange d’informations, favorisant l’entente entre les parties et encourageant l’exploration de solutions créatives). La mission est très exigeante, il faut posséder un certain nombre de compétences pour faciliter de façon efficace la recherche de solutions. Ce sont toujours les parties qui trouvent d’elles-mêmes la solution avec l’aide et la facilitation du médiateur. Toute médiation efficace doit s’adapter aux particularités du conflit, tout en prenant en compte ses causes et sa dynamique, les positions, les intérêts et les opinions des parties, les besoins et les conjonctures.

Nous pouvons définir la médiation comme étant un processus de régulation de conflit, reposant sur la responsabilité et l’autonomie des participants, dans lequel un tiers-impartial, indépendant, neutre, avec la seule autorité que lui reconnaissent les parties en conflit

Toute médiation efficace s’adapte aux particularités du conflit concerné, elle prend en compte les besoins de la société en général et la conjoncture nationale, régionale et internationale. Au terme de cette analyse, force est de constater que la communauté internationale a essayé d’accompagner la Guinée depuis décembre 2008 date de la mort du président M. Lansana Conté. Dès le coup d’Etat conduit par le capitaine Dadis Camara, le représentant spécial du secrétaire général des Nations unies M. Saïd Djinnit avait immédiatement entamé une série de rencontre entre les putschistes et les acteurs politiques pour un retour à l’ordre constitutionnel. Ceci à porter M. Alpha Condé au pouvoir, le 21 décembre 2010.

Cette implication internationale n’a malheureusement pas pu apporter à la Guinée toutes les solutions espérées. C’est pourquoi, il faut saluer et encourager l’initiative positive de certains Guinéens qui veulent s’impliquer dans la recherche d’une solution nationale.


Certains guinéens de la diaspora et à l’intérieur de la Guinée se sont proposés de mener une médiation entre les deux parties. La question qui mérite d’être posée est de savoir les dispositions prises par ses médiateurs autoproclamés pour mener à bien leurs initiatives de médiation, sachant que l’on ne peut pas se déclarer médiateur d’une crise. Il y a des directives à respecter pour une meilleure efficacité d’un tel projet de médiation. Pour une médiation réussie il faut une meilleure préparation, un consentement entre les deux parties d’accepter la médiation, une impartialité et une neutralité. En respectant ses éléments fondamentaux, le médiateur peut espérer accroitre sa chance de succès et faciliter l’obtention d’un climat propice à ladite médiation. Celle-ci ne se résume pas à une série de mission diplomatique ponctuelle, c’est une procédure à la fois souple et structurée. Elle débute à partir du moment où le médiateur prend langue avec toutes les parties en conflit et doit se faire accompagner par des co-médiateurs pour mieux préparer le terrain.

La médiation étant une démarche volontaire qui ne peut être efficace que si les parties en conflit sont consentantes, car sans leur consentement, les chances de réussites de la médiation sont maigres. Il faut que les parties négocient de bonne foi ou s’impliquent réellement. Il est bon de rappeler que le médiateur doit avoir la capacité de mener un processus équilibré, traitant toutes les parties de manière équitable.

Attention aux risques d’une médiation partisane en Guinée au détriment du potentiel de médiation que regorge la Guinée de par le monde.

Selon plusieurs observateurs avisés, le président AC devrait renoncer à sa candidature, annuler le referendum et les législatives du 22 mars 2020 comme suggéré par le
think-tank afrikajom center d’Alioune Tine. Engager impérativement un dialogue national sincère, inclusif sur le processus électoral de manière à obtenir un consensus pour des élections transparentes, libres démocratiques et apaisées. Permettre à toutes les personnes qui souhaitent participer aux élections présidentielles de 2020 de se présenter. Travailler sur le renforcement de la cohésion nationale entre les communautés afin de prévenir les conflits intercommunautaires. Mettre un terme définitif à l’usage excessif des forces de l’ordre qui répriment les manifestants et engager des poursuites contre les auteurs.

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