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Portrait: à la découverte du Dr Marcel F. Léno, médecin du sport et écrivain poète (Entretien)

Guinéenews a rencontré le Docteur Marcel Faya Leno, médecin spécialisé en médecine du sport, et écrivain-poète. Marcel Faya Leno occupe le poste de chef de département en planification et suivi médical des sportifs au Centre Médico-Sportif Aboubacar Guèye ‘Gooze’ de Conakry.

Né le 25 mai 1958 à Guéckédou, il est le fils de feu Athanasse et de feue Yawa Suzanne Tonguino. Marcel est marié à une femme et père de quatre enfants, dont trois garçons et une fille.

Il a effectué sa scolarité primaire à l’école du Camp Alpha Yaya, son secondaire au collège de Yimbaya, et son lycée au CER du 1er mars. Marcel Faya Leno a obtenu ses deux baccalauréats dans cette école et a été orienté vers la faculté de Biologie de Donka. Pour diverses raisons, notamment un démarrage tardif de ses études, il a été réorienté plus tard à l’Université Gamal Abdel Nasser de Conakry, où il a choisi la médecine générale.

Après sa formation académique, le Docteur Marcel a bénéficié de nombreuses bourses de stages de formation en France (Paris, Nantes…), en Égypte et au Sénégal. Il est également instructeur FIFA depuis 2008.

Fonctionnaire de l’État depuis 2004, le Docteur Marcel exerce au Centre Médico-Sportif de Conakry, qui porte désormais le nom d’un des fondateurs de la médecine sportive en Guinée, le ‘Docteur Aboubacar Guèye Gooze’ (paix à son âme). Il se considère comme l’élève ou le dauphin de feu Aboubacar Guèye Gooze dans le domaine de la médecine sportive.

Dans cette interview, le Docteur Marcel Faya Leno nous parle de la médecine du sport et de sa passion pour l’écriture.

Guinéenews : Médecin du sport, écrivain-poète, Guinéenews s’intéresse à vous pour parler de ces deux casquettes que vous portez. En premier lieu et à l’intention de nos lecteurs, dites-nous ce que c’est la médecine sportive ?

Docteur Marcel Faya Léno : La définition la plus simple et à retenir, c’est la médecine qui s’occupe de l’homme sain en mouvement. Plus en détail, selon Google, cette médecine « est spécialisée dans la prévention, le diagnostic et le traitement des pathologies induites par le sport ou pouvant affecter les performances des sportifs ».

Guinéenews : quelles sont les raisons qui vous ont conduit vers cette spécialité ?

Docteur Marcel Faya Léno : Je vous signale que j’ai été footballeur depuis mon plus jeune âge. J’ai joué à de nombreux postes au football, j’ai été capitaine d’équipe et entraîneur à l’université. J’avais donc une passion pour le football. Mon père, paix à son âme, était également footballeur à l’époque coloniale. J’ai été donc piqué très tôt par le virus du ballon, et pour être encore plus près du football, j’ai finalement décidé de me spécialiser en médecine du sport. En un mot, c’est l’amour pour le football qui m’a conduit vers cette spécialité.

Guinéenews : ailleurs, notamment en France, affirme-t-on que le médecin du sport doit obtenir le Diplôme d’Études Spécialisées Complémentaires (DESC), mis en place depuis 2005. En Guinée, y a-t-il des dispositions académiques qui entrent en ligne de compte pour exercer cette fonction de médecin du sport ?

Docteur Marcel Faya Léno : Pratiquement pas du tout. Nous sommes en train de nous battre, et des négociations sont en cours avec la faculté de médecine de Gamal Abdel Nasser, afin d’instaurer l’option médecine du sport. Bien entendu, il faut d’abord achever son cycle en médecine générale pour faire trois ans de spécialisation en médecine du sport. Actuellement, il y a des médecins qui ont bénéficié de bourses de formation au Sénégal et en Côte d’Ivoire. Il y a aussi des formations en ligne disponibles pour les médecins du sport en place.

Guinéenews : pouvez-vous nous présenter ce centre médico-sportif au sein duquel vous exercez ?

Docteur Marcel Faya Léno : ce centre s’occupe de la médecine du sport, de tous les sportifs, de tous les sports confondus (football, basketball, handball, volleyball, judo, karaté…). Il relève de la Direction générale de la médecine sportive, du Ministère de la Jeunesse et des sports. Au sein de ce centre, il y a la médecine générale, un laboratoire, la radiologie, l’échographie, l’imagerie, le scanner… Cependant, nous aurons besoin d’autres sections, qui seront mises en place progressivement, ainsi que d’autres centres médico-sportifs à l’intérieur du pays, surtout que la Guinée est candidate pour l’organisation de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN).

Guinéenews : quel est le rôle d’un médecin du sport et personnellement, quelles sont les tâches qui vous sont dévolues dans ce centre médico-sportif ?

Docteur Marcel Faya Léno : le médecin du sport est un « chef d’orchestre » d’une équipe de sport, car il s’occupe de la santé de tous. Comme on le dit souvent, il faut avoir un esprit sain dans un corps sain. Ce médecin doit être un généraliste, avoir un caractère calme, être ponctuel et surtout être capable d’intervenir dans toutes les situations. Je suis le Chef de département en planification et suivi médical des sportifs.

Guinéenews : quelles sont les catégories de patients que vous recevez et quelles sont les pathologies les plus fréquentes rencontrées dans ce centre ?

Docteur Marcel Faya Léno : heureusement, vous avez été ici avec moi depuis ce matin, et vous avez pu remarquer toute cette activité. Nous recevons ici toutes les catégories de patients. La médecine du sport est une médecine pluridisciplinaire. Un médecin du sport doit être polyvalent. Il doit avoir une connaissance approfondie dans plusieurs domaines, pas seulement un, mais un peu de tout.

Guinéenews : souvent, notamment dans le football et d’autres sports, un temps de repos médical est fixé aux sportifs suite à une blessure. Pouvez-vous nous expliquer comment généralement s’établit cet emploi du temps précis pour le repos médical ?

Docteur Marcel Faya Leno : La durée du repos dépend de la gravité de la blessure, de la lésion enregistrée. Par exemple, en cas de fracture, le temps de repos médical est généralement fixé à 45 jours pour les personnes un peu plus âgées. Cela dépend aussi de l’âge. Pour les plus jeunes, le repos peut durer 3 semaines. La durée du repos dépend également de l’étendue de la blessure et de la personne elle-même, car chaque individu est unique.

Guinéenews : quelles sont les principales difficultés que vous rencontrez au sein de ce centre, tant sur le plan médical que sur le plan logistique ?

Docteur Marcel Faya Leno : Les difficultés sont nombreuses. Beaucoup de gens ne savent pas que la médecine du sport existe. La plupart des dirigeants de clubs sportifs ignorent l’existence de la médecine du sport. Ils ne font appel à nous que lorsqu’ils ont des problèmes. Beaucoup d’entre eux se tournent d’abord vers d’autres établissements de santé qui ne sont pas nécessairement spécialisés en médecine du sport. L’absence de médecins du sport dans les régions de l’intérieur du pays est une autre difficulté rencontrée par les sportifs. Il y a donc un manque total de médecins du sport. En ce qui concerne le suivi des sportifs entre les différentes saisons, il est souvent négligé. Normalement, pour chaque saison, un passeport de l’athlète doit être délivré, et tous les examens liés à la pratique du sport doivent être effectués. Cependant, les dirigeants mettent cela en arrière-plan, ce qui a des conséquences graves. En ce qui concerne le matériel et les équipements, il faut reconnaître qu’il y a une pénurie. Ce sont souvent les médecins eux-mêmes qui s’efforcent de satisfaire leurs patients. Idéalement, un centre médico-sportif devrait être établi dans chaque région naturelle, équipé pour résoudre ces difficultés.

Guinéenews : en Guinée, il est difficile de parler de la médecine sportive sans mentionner le nom de feu Docteur Aboubacar Guèye ‘Gooze’. Quel est votre avis sur l’impact de cet homme sur le sport guinéen, en particulier dans le domaine de la médecine sportive ?

Docteur Marcel Faya Leno : c’est le premier véritable médecin guinéen du sport. Il est le père fondateur de la médecine du sport en Guinée. En plus de sa carrière médicale, il a été un grand joueur de basket-ball de l’équipe nationale, arbitre national et international, et président de clubs. J’ai eu l’occasion de le rencontrer sur le terrain de Coléah, où il exerçait en tant que médecin sportif. Il m’a immédiatement tendu la main et m’a donné l’opportunité d’apprendre à travers des séminaires et des stages de formation. Il m’a choisi et je lui serai éternellement reconnaissant. Qu’il repose en paix, c’était un grand homme et mon mentor, il m’a tout appris dans ce domaine.

Guinéenews : comment envisagez-vous l’avenir de la médecine du sport en Guinée, alors que cette spécialité continue de progresser sur le plan technique et technologique dans le monde ?

Docteur Marcel Faya Leno : je crois et je suis convaincu que des changements positifs vont survenir. Les nouvelles autorités ont de grandes ambitions pour réussir. J’ai confiance en l’avenir de la médecine du sport en Guinée. Avec l’association de médecine du sport créée, qui compte un nombre important de membres, je crois qu’il y a encore de l’espoir. Nous espérons que l’État prendra en compte toutes nos demandes.

Guinéenews : en plus de votre carrière médicale, vous êtes également un poète. Comment avez-vous réussi à concilier ces deux domaines, la médecine et la poésie ?

Docteur Marcel Faya Leno : J’aime l’écriture et j’ai été inspiré très tôt, pendant la révolution, par ceux qui récitaient des poèmes. J’ai essayé et finalement la passion s’est enflammée. Il n’est pas facile de combiner les deux, car mes responsabilités professionnelles occupent la majeure partie de mon temps. Cependant, je trouve toujours un moment pour exprimer ma passion pour l’écriture.

Guinéenews : de quoi vous inspirez-vous pour écrire, et quels sont les sujets qui stimulent le plus votre plume ?

Docteur Marcel Faya Leno : je m’inspire de la réalité, des événements et de tout ce que je vis. Mes écrits sont influencés par tout ce qui a un impact, positif ou négatif, sur mon état d’esprit.

Guinéenews : Que représente pour vous la poésie, ou l’écriture en général ?

Docteur Marcel Faya Leno : J’apprécie l’écriture, la poésie et les poèmes comme un moyen de sensibiliser, d’éduquer, de m’exprimer. On écrit pour soi-même, mais les lecteurs vous jugent à travers vos mots. L’écriture est sincère, elle vient du cœur.

Guinéenews : Pouvez-vous citer quelques-unes de vos œuvres ?

Docteur Marcel Faya Leno : J’ai écrit beaucoup d’œuvres, mais je ne pourrais vous en citer que quelques-unes qui me viennent à l’esprit, telles que « Le Patriote », « Guinée ma mère », « La Parole », « La Maturité », entre autres.

Guinéenews : vous semblez vous intéresser à un large éventail de domaines, de l’art à la culture en passant par le sport, dans vos écrits. Pouvez-vous expliquer pourquoi vous avez une préférence pour ces sujets ?

Docteur Marcel Faya Léno : c’est exact, et votre observation est pertinente. Je suis très proche du monde artistique, culturel et sportif. C’est pourquoi je rends hommage à ces acteurs, que ce soit de leur vivant ou après leur décès. Vous m’avez suivi et vous savez que je n’ai pas pu rendre hommage à feu Jacob Bangoura, triple champion d’Afrique, pour des raisons que vous connaissez et qui ne dépendent pas de ma volonté.

Guinéenews : quels sont vos projets futurs dans le domaine de l’écriture ?

Docteur Marcel Faya Léno : pour être honnête, je suis assez paresseux en ce qui concerne l’écriture. J’ai eu de précieux contacts à ce sujet, mais mon travail principal occupe la majeure partie de mon temps. Cependant, ma base de données est bien fournie dans ce domaine. Je vois que nous partageons les mêmes passions à travers cette interview, et vous pourriez être à l’avenir une source d’inspiration pour stimuler mes œuvres.

Guinéenews : quels conseils donneriez-vous à un passionné de médecine du sport d’une part, et à un débutant amoureux de l’écriture d’autre part ?

Docteur Marcel Faya Léno : pour ceux qui souhaitent se lancer dans la médecine du sport, je recommande la sagesse, la formation, la patience et la rigueur dans le travail. Pour ceux qui veulent écrire, je conseille la lecture. Vous ne pouvez pas écrire si vous ne lisez pas.

Cet entretien a été réalisé par LY Abdoul pour Guinéenews

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