En lieu et place d’une campagne électorale axée sur une confrontation d’idées et de programmes, les Guinéens assistent malheureusement, à leur corps défendant, depuis le 18 septembre, à une guerre d’égos, aux allures de combat de boue, entre un président frappé par l’usure du pouvoir et son principal opposant qui, à force d’avaler des couleuvres, est devenu ombrageux.
Le président de la République, candidat à sa propre succession, a été le premier a donné le ton, dans cette foire d’empoigne, en s’évertuant à envoyer des vannes au gré de ses discours de campagne, à son principal opposant Cellou Dalein Diallo.
C’est à partir de son confort douillet, sous les ors du palais Sékhoutoureya, Covid-19 oblige sans doute, que le candidat du Rpg Arc-ciel, se lance à la pêche des électeurs, par des discours sur visioconférence, dont le caractère clivant et froid vient masquer la vacuité de ses propos, en termes de programmes.
A ces multiples appels au vote ethnique, serinés par le président, dans sa campagne à l’américaine, les opposants au régime opposent une multitude de promesses brisées, en écho aux récentes révoltes enregistrées en Haute Guinée. Fief du parti au pouvoir, où le président et son gouvernement peinent encore à reprendre la main. Malgré le déploiement d’une armada de grosses huiles du système, avec des coffres forts pleins à craquer.
D’où ce recours au réflexe reptilien, en lieu et place d’un débat d’idées. C’est bien là le modus operandi des leaders populistes, prompts à recourir à la fibre patriotique ou ethnique, à la moindre prise de parole sur les estrades.
L’autre fait et non des moindres à relever dans cette campagne, est l’utilisation abusive des moyens humains et matériels de l’Etat par le parti au pouvoir.
On se croirait encore sous le PDG-RDA de Sékou Touré ou le PUP de Lansana Conté, où l’administration publique se confondait au parti au pouvoir.
Dans ce combat inégal, entre un président candidat détenteur des leviers de l’administration publique et des candidats qui ne comptent que sur des moyens du bord, il reviendra tout de même au peuple de trancher le nœud gordien.
Mais en attendant le 18 octobre, date du vote, la situation commence à dégénérer dans certaines régions du pays. C’est le cas de Labé et Dalaba, deux cités de la Moyenne Guinée, où le séjour de campagne du Premier ministre, a tourné en incidents. On déplore un mort et plusieurs interpellations durant ces manifestations sporadiques dont l’origine reste à déterminer.
Même si le gouvernement, la logique du bouc émissaire aidant, a vite fait d’indexer la responsabilité de l’Union des forces démocratiques de guinée (Ufdg). Faisant ainsi porter le chapeau de ces attaques ayant visé le cortège du Premier ministre, dont on a du mal à distinguer, du directeur de campagne du Rpg Arc-en-ciel. Tant les digues sont rompues entre l’administration et le parti au pouvoir.
Une véritable confusion des rôles entre cadres de l’Etat et responsables de parti, qui n’honore pas notre démocratie.
A l’allure où va le train électoral, certains observateurs craignent dorénavant que le syndrome de l’eau empoisonné ne soit remis au goût du jour. Quand on sait qu’à Faranah aussi, un des fiefs du parti au pouvoir, des incidents entre des militants des deux partis de gouvernement se sont soldés par un mort.
En cette période de campagne, il revient aux Guinéens de toutes les obédiences politiques, de savoir raison garder. En évitant surtout de jouer les pantins obéissants, en se sautant à la gorge pour des intérêts partisans.