La pollution de l’environnement imputée à la société de production d’alumine Friguia, filiale du géant minier russe Rusal, est désormais établie. Comme stipulé dans un rapport conçu par une mission d’experts du laboratoire d’analyses environnementale du ministère de l’Environnement, des eaux et forêts, au terme d’un séjour effectué sur le terrain les 23 et 24 novembre dernier.
Diligentée «de façon inopinée», selon le rapport dont Guineenews a reçu copie, cette mission avait un seul objectif, celui de «l’évaluation du niveau de pollution atmosphérique de la ville de Fria par des activités de RUSAL/FRIGUIA sur l’Environnement et les communautés riveraines suite au dysfonctionnement des équipements d’atténuation de poussières installés sur les fours de calcination de la compagnie.»
D’après le document, une fois que ses propres constats faits, la mission a eu des rencontres d’échanges avec différents responsables de l’administration préfectorale de Fria. Elle a également recueilli le témoignage des populations riveraines. Sans oublier l’administration de Friguia.
Des démarches qui ont permis au laboratoire d’analyses environnementales (LAE) de faire état d’une «usine qui continue de produire avec les trois (3) fours de l’atelier de calcination générateurs de ces poussières» en dépit de «l’émission effective» d’une poudre d’alumine «visible en couche épaisse» sur les végétaux et sur d’autres objets comme les véhicules…
Parmi les entretiens rapportés dans le document, il y a celui particulièrement saisissant avec Dr Mamadouba Camara de l’hôpital préfectoral.
«Je suis personnellement malade depuis trois (3) jours suite à ces envolées de poussières d’alumine à Fria, et toute ma famille se trouve dans les mêmes conditions de méforme physique,» lit-on dans le rapport. Plus grave poursuit-il, «…Tous mes collaborateurs directs de services sont malades aussi à telle enseigne que toutes les interventions chirurgicales sont ajournées depuis trois (3) jours, car la maladie du chirurgien est incompatible avec son intervention. »
Insistant de passage sur le fait que «l’impact des envolées de poussières est une réalité à Fria», le médecin précise que « la toux et les maux d’yeux sont les principaux signes des malaises liés aux envolées de poussières et qui font l’objet de plaintes actuellement des patients qui arrivent à l’hôpital préfectoral. Le registre de consultations médicales en fait foi ».
Un témoignage qui, toujours selon le rapport, corrobore les plaintes reçues des citoyens et des responsables de quartiers, eux-mêmes sur la même longueur d’onde que le secrétaire général en charge des collectivités à la préfecture de Fria.
Aveux de culpabilité et recommandations
Un travail de fond réussi, grâce à une mission qui s’avère efficace, mais en lieu et place de laquelle le directeur général adjoint de la compagnie Friguia, David Camara aurait aimé voir une autre préparée à l’avance, avec le risque d’altération que ce genre de démarche comporterait. Néanmoins, le document ressort que M. Camara a fini par admettre la réalité et que ses aveux expliquent le drame environnemental en cours à Fria.
«Certains équipements de l’usine datent de longtemps et les usines qui les fabriquaient n’existent plus pour la commande de nouveaux équipements de rechange.» confie-t-il. Et de conclure que «…c’est pourquoi RUSAL est obligé de les entretenir et de les mettre à l’essai ». Comme pour confirmer que les questions environnementales y compris celles liées à la santé publique passent après les intérêts de Rusal.
Une vision qui transgresse littéralement les bonnes pratiques mondialement recommandées par le développement minier responsable.
Conséquences: «…l’existence d’un niveau inquiétant de particules de poussières générées par les fours de la compagnie et qui sont inhalées par les populations de cette ville», conclut le rapport.
D’où cette recommandation sans complaisance qui suggère de «…contraindre la compagnie RUSAL/FRIGUIA à trouver le plus rapidement possible les mesures pour corriger tous les impacts négatifs pouvant porter atteinte à l’Environnement et à la Santé humaine». Comme stipulé au Titre 8 du code de l’Environnement du 04 juillet 2019.