Sans vraiment pouvoir le faire fidèlement, nous avons transcrit pour vous l’extrait de l’interview du Président Alpha Condé dans lequel il parle de la situation à la Cour Constitutionnelle. Il ressort de ses explications qu’il n’a rien à voir du remplacement de Kèlèfa Sall par Mohamed Lamine Bangoura. Il dit avoir plutôt tout fait pour aider la Cour constitutionnelle. Lisez plutôt sa réponse :
« Je ris quand j’entends ce qu’on raconte. Vous savez que c’est le CNT (Conseil National de Transition) qui a fait la Constitution. Et certains ont fabriqué une Cour constitutionnelle à leur mesure. Certains, pensant que ce sont eux qui seront élus par les magistrats, d’autres par les enseignants et d’autres par les avocats. En France et dans tous les pays francophones, le président de la Cour constitutionnelle est nommé par le Président de l République. Mais qu’est-ce qu’on a dans la Constitution (guinéenne) ? Le président de la République nomme une personne, le président de l’Assemblée nomme une personne, les avocats désignent un, les magistrats désignent un, les enseignants désignent un. Ensuite, les organisations de défense des droits de l’Homme désignent deux. Donc, le Président de la République ne nomme qu’une personne. Ensuite, les gens sont désignés par vote. Donc, le président de la Cour constitutionnelle n’est pas nommé, ni désigné par le Président. C’est un vote en leur sein (des conseillers de la Cour constitutionnelle) qui désigne le président. C’est donc une folie de dire que le président veut enlever ou soutenir […]
Quand les gens voient qu’ils perdent du terrain et qu’ils ne vont pas atteindre les objectifs qu’ils voulaient, ils racontent du n’importe quoi […] Même vous-même, si vous étiez de bons journalistes vous alliez commencer d’abord par voir la Constitution guinéenne. Que dit la Constitution de la Cour constitutionnelle ? Le gouvernement n’a aucun moyen d’influence sur la cour constitutionnelle. Moi, j’ai tout fait pour aider la Cour constitutionnelle. Lorsqu’il y a eu le tirage au sort, et que les autres ont dit qu’il faut que le président (de la Cour) aussi soit soumis au tirage au sort, c’est moi qui ai demandé une consultation à Laurent Fabius en France. J’ai demandé : ‘’ selon notre constitution et la loi organique, est-ce que vous pensez que le président de la Cour aussi doit être soumis au tirage au sort ? ‘’ Après concertations, la cour a répondu : non… Demandez au groupe comment le tirage au sort s’est passé… Lorsque la CENI a voulu changer son président, on ne s’est pas mêlé… Une Constitution, c’est le peuple. Si demain le peuple de Guinée veut changer sa constitution, il y a référendum, la cour constitutionnelle ne peut que constater. Allez voir la Constitution et la loi organique, vous verrez si le Président ou le parlement a un seul moyen de nommer quelqu’un à la Cour. Ceux qui ont fait la Constitution, on les connaît. Tous rêvaient d’être président de la Cour constitutionnelle. C’est la première fois que même les salaires des membres de la Cour sont dans la loi organique. Cela n’existe nulle part ! (Rire).
Il y a séparation de pouvoir en Guinée. Il y a le pouvoir législatif, le pouvoir exécutif et le pouvoir judiciaire. En Côte d’Ivoire, lorsque le président Wodié a été mis en minorité, il a démissionné. Dans tous les pays francophones, le président de la cour constitutionnelle est nommé par le Président. La Guinée est le seul pays où il est élu par ses pairs. Si ses pairs veulent le changer, qu’est-ce que le Président a à voir dans cela.
Ce sur quoi porte le débat au sein de l’opinion, c’est la procédure… Selon moult observateurs et spécialistes du Droit, la procédure aurait été que la Cour suprême se saisisse de l’affaire…
Ce n’est pas vrai ! Lisez la Constitution… C’est de la folie, la Cour suprême n’a rien à voir dedans. Dans un premier temps, six membres de la Cour constitutionnelle ont demandé la révocation du président. A l’époque, je leur ai dit : écoutez, la cour vient d’être installée il y a à peine un an, essayez de trouver une solution. Je les ai reçus tous à un déjeuner. Ils ont dit: voilà les critiques qu’on fait à notre président. Il (Kèlèfa Sall) a dit qu’il va changer. Mounir (Houssein Chérif), un des conseillers a dit : je le connais, il ne changera pas. Moi, je ne me suis pas mêlé. La seule chose que je leur ai dite, c’est d’essayer de trouver une solution… Ce n’est pas vrai, la cour suprême n’a rien à voir dedans. S’il vous plaît, je ne veux pas faire de débat, allez lire la Constitution. Ce ne sont pas des farfelus qui vont aller parler de la Constitution. Vous avez aussi une loi organique. Quand on veut connaître, on va lire la loi organique pour savoir quoi faire quand ça ne va pas. N’importe qui ne peut pas se lever pour faire des commentaires en se disant spécialiste…»