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Pièces de rechange automobile : là aussi, la contrefaçon n’a rien épargné, pas même les organes de sécurité

Pour illustrer notre propos, voici une photo de coupelles de freins fortement abîmées qu’on vient de démonter après un seul roulage du véhicule. Le niveau d’usure de l’une d’elles est symptomatique de la   mauvaise qualité du caoutchouc. Elles s’abîment vite à cause de la texture de celui-ci. Les mécaniciens disent qu’il se déchire facilement et ne peut donc pas résister aux fortes pressions que le besoin de freiner exerce sur elles.

Maître El Hadj, un mécanicien du côté de Enco5, nous en dit plus : « ah ! Les coupelles de maintenant là, nous fatiguent beaucoup. Quand on les monte, neuves, ça ne dure pas et le client revient chez nous, fâché. Au fond, nous on le comprend bien. Au début de ces incidents, il y a longtemps de cela,  le risque pour nous les mécaniciens, était d’être traités d’incompétents et pour le chauffeur, de faire un accident quand son frein cesse de fonctionner dans la circulation. Mais aujourd’hui, tout le monde ou presque a compris qu’il s’agit des coupelles elles-mêmes. Leur caoutchouc est très léger et ne résiste pas à la pression à laquelle elles sont soumises pendant le freinage. Il arrive même qu’elles se déchirent pendant le montage au garage, puisqu’il faut les étirer pour les enfiler sur le piston du maître-cylindre. Si on franchit cette étape sans dégât, il restera toujours une autre plus risquée : celle de savoir comment elles vont se comporter dans le maître-cylindre, en combinaison avec l’hydraulique, un autre produit, objet de contrefaçons, à l’heure actuelle. Et c’est là où on a, quelquefois, des problèmes. Le chauffeur freine et l’une des coupelles se déchire ou toutes les deux à la fois. Dans ce cas, la pédale s’enfonce sous le pied, jusqu’au plancher et la voiture ne s’arrête pas. S’il se trouve que la vitesse est grande, alors il y a accident. »

Notre entretien s’interrompt un moment. Le temps pour notre hôte d’accueillir un client qui a quelques ennuis sur son véhicule. Et la conversation de reprendre, exactement où elle s’était arrêtée. Maître El Hadj de poursuivre : « j’espère que je ne vous ennuie pas avec ces mots techniques qui risquent d’être incompris. En général, les détenteurs de véhicules ne sont pas nombreux à bien connaître la situation qui prévaut dans le domaine de la réparation. Nous avons beaucoup d’autres problèmes qui se greffent à celui-ci et qui compliquent notre travail. Aujourd’hui le marché est envahi par ces pièces de rechange neuves, mais de mauvaise qualité. Leur coût est assez attractif pour piéger ceux qui cherchent du neuf, à petit prix. Mais les gens préfèrent recourir aux occasions ‘’Bruxelles’’ pour se dépanner, malgré qu’elles soient sans garantie, puisque de seconde main.  Ils n’hésitent pas à sauter le pas. Ne dit-on pas qu’entre deux maux, il faut choisir le moindre. »

Et maître El Hadj de conclure, d’un ton persuasif : « wallahi, si vous me demandez mon avis, l’Etat n’a qu’à nous aider à interdire l’importation de ces pièces malfaçon là chez nous. On dit c’est neuf, mais c’est zéro ! Ça gâte les véhicules, ça gâte notre nom, ça fait dépenser les clients et ça cause des accidents ! »

A écouter tout ça, on se dit que notre monde est en perdition. En tout cas, il y a tout lieu d’admettre qu’il a perdu l’essentiel des valeurs qui le rendent si agréable à vivre. Trop de vilenies, trop de méchancetés se sont emparées des cœurs des hommes ! Le paroxysme dans le genre est atteint, quand on sait que quelques-uns d’entre nous sont prêts à fabriquer des choses qui tuent leurs semblables. Sans coup férir, sans même hésiter ou sourciller, un seul instant !

Des preuves pour étayer cette affirmation sont légion. Les adeptes de cette pratique immorale s’emploient à être le plus inventifs possible, pour produire des contrefaçons à exporter vers les pays du tiers-monde, aux frontières encore poreuses. Ils le font, tout en sachant que ces produits contrefaits portent nuisance à leurs acquéreurs et pire, peuvent même leur coûter la vie. Ils n’en ont cure. Aucun scrupule ne les retient. Leur acte est mû par une logique implacable qui est de ne reculer devant rien, pour gagner de l’argent. On parle souvent des médicaments contrefaits qui font des ravages. Hélas, on comprend bien qu’il n’y a pas que cela.

Cette autre forme de préjudices portés aux populations ne s’arrête pas là. Le secteur de l’automobile en est aussi la cible. Elle est encore mal connue et surtout non protégée. Là également, beaucoup de choses sont contrefaites : des carburants aux lubrifiants, en passant par les pièces de rechange et autres accessoires pour automobiles et motocyclettes. Tout y passe. Rien n’échappe aux tentacules des faussaires qui entendent brasser toujours plus large pour amasser plus d’argent et à tout prix.

A titre d’exemple, au lieu de se limiter à la fabrication de contrefaçons de pièces de rechange d’usage courant, ils vont jusqu’à produire, dans la même gamme, des éléments de sécurité qui intègrent le système de freinage. Quel aplomb ! Cela étant, on n’est pas loin de croire à une volonté délibérée de provoquer à distance, des accidents en série dans le pays. Vivement que autorités s’y penchent, pour conjurer la calamité. Pendant qu’il est encore temps !

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