L’eau ne coule plus dans les robinets depuis plusieurs semaines à Kindia. Les populations sont confrontées à une véritable pénurie d’eau. La situation est presque la même dans les trente trois quartiers que compte la commune urbaine. Pour s’approvisionner en eau potable, il faut parcourir des kilomètres avec des bidons sur la tête.
Du côté de la Société des Eaux de Guinée (SEG), on parle de la défectuosité de la station de pompage sur le fleuve Kilissi qui approvisionne la ville. Le premier Responsable de ce service invoque le tarissement dudit fleuve pour justifier cette crise.
Cette pénurie d’eau survient à l’approche du mois Saint de Ramadan. Les femmes font recours aux puits, aux fontaines pour s’approvisionner. Pour faire la lessive, il faut se déplacer sur des distances. C’est le cas de cette dame, Aissata Diallo qui quitte le quartier Koliady pour Sinanya, un autre quartier situé à des kilomètres.
«Je suis venue ici pour faire la lessive. Cela fait trois mois que nous n’avons pas d’eau à la pompe… Nous souffrons beaucoup. Il faut que les autorités nous aident « , a-t-elle lancé.
A Condétta, un quartier périphérique, l’heure est à l’économie d’eau. «Actuellement l’eau se fait rare. Pour l’avoir, il faut se lever très tôt. Et quand on réussit à avoir un bidon, il faut savoir l’utiliser. Il faut que les autorités se réveillent. Sinon nous souffrirons énormément pendant ce mois de Ramadan», s’inquiète Fatoumata Sall.
D’habitude, la crise est isolée. Cette fois-ci, tous les quartiers sont concernés. C’est le cas de Sinanaya qui n’a jamais connu de crise d’eau. « C’est la première fois que notre quartier connait une telle crise. Aujourd’hui, il faut se lever à 5 heures du matin pour avoir 1 ou 2 bidons dans les puits. Si cela continué, ce sera la catastrophe», prévient M’Mahawa Diallo, une ménagère du quartier.
Un étudiant rencontré sur le chemin d’un puits pour le linge n’a pas caché sa déception. « Le moment est critique. Tout le monde a recours au point d’eau qui se trouve à Koukou. Il n’y a pas d’eau dans les quartiers depuis deux mois. Pire, du côté de la SEG, c’est silence radio. Et c’est dommage », regrette Ibrahima Touré, étudiant.
Avoir de l’eau potable aujourd’hui à Kindia, la ville natale du ministre de l’Energie et de l’Hydraulique, Dr Cheick Taliby Sylla, relève du parcours du combattant. Interrogé sur la situation, le directeur régional de la Société des Eaux de Guinée a invoqué les causes de cette situation.
« Nous sommes très préoccupés concernant cette situation. A l’heure où je vous parle, les techniciens sont au niveau de la station de pompage de Kilissi pour faire le dragage afin qu’on puisse avoir un peu d’eau pour la population. Présentement, la station tourne avec une seule pompe et pour donner de l’eau à tout le monde, il faut les deux pompes. Mais le problème, c’est que le fleuve a tari. Ce sont les conséquences de déforestation. La source de Kilissi est complètement dévastée par les paysans. Il faut que les gens arrêtent de couper les arbres au niveau de la source, sinon les prochaines années seront pires», avertit Souleymane Wassan Bah.
La station de pompage dont il s’agit est située à 15 kilomètres du centre-ville sur le site de Kilissi. En attendant, les citoyens de la cité des agrumes font recours aux puits avec des risques.