Il y a une vie après la présidence, dira l’autre, mais en fonction de comment tu quittes le pouvoir. Il y a des chefs d’État africains qui s’accrochent au pouvoir ou sont contraints à le quitter par la fenêtre. Mais il y en a qui savent quand partir et sortir par la grande porte. L’ancien président nigérien, Mahamadou Issoufou, est de cette seconde catégorie. Élu à la tête de son pays en mars 2011, puis réélu pour un second mandat en mars 2016, l’ancien camarade d’Alpha Condé a scrupuleusement respecté la clause limitative de mandat inscrite dans la constitution de son pays. Malgré les appels de certains concitoyens au contraire, vu son bilan socioéconomique positif, il a résisté aux tentations et a passé le bâton à son successeur, l’actuel président Mohamed Bazoum, en février 2021.
Depuis, loin de la paisible retraite qu’on pouvait imaginer pour lui, il ne chôme pas. Comme certains de ses homologues qui ont eu la même sagesse, les institutions africaines et internationales ne cessent de lui confier des missions de haut niveau.
En plus de sa Fondation Issoufou Mahamadou (FIM), il est le médiateur de la CEDEAO dans la crise burkinabè. Comme si cela ne suffisait pas, au mois de mai dernier, le président de la Commission de l’Union africaine et le Secrétaire général des Nations unies l’ont conjointement nommé à la tête d’un Panel Indépendant de Haut Niveau sur la Sécurité et le Développement au Sahel.
Avec le partenariat de la CEDEAO et du G5-Sahel, les quatre organisations ont chargé Issoufou de procéder à une évaluation stratégique indépendante des situations de sécurité, de gouvernance et de développement socio-économique dans la région du Sahel et de proposer des solutions pour dépasser ces défis ou en atténuer les effets. Il se fait appuyer par quatre autres personnalités africaines dont Donald Kaberuka, l’ancien président de la Banque Africaine de Développement (BAD), et Mohamed Ibn Chambas du Ghana.
Le Panel a officiellement été lancé à New York en septembre dernier en marge de l’Assemblée générale des Nations unies, en présence de plusieurs dirigeants de la région et des quatre organisations mandatrices.
Le Panel s’appuie sur le travail technique d’un groupe sélect d’experts indépendants de haut niveau qui vont effectuer les études sur le terrain, mener des enquêtes auprès des mécanismes et organisations impliqués dans la région ainsi que des gouvernements nationaux.
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C’est dans ce cadre que notre compatriote, Dr Issaka Souaré, a été sollicité pour mettre son expertise à contribution, notamment sur le volet « coopération régionale ». Le choix porté sur notre compatriote dans le cadre des travaux de ce Panel n’est pas fortuit.
Dr Souaré est en effet un consultant international, expert de haut niveau sur les questions de gouvernance, de sécurité et de médiation mais aussi d’intégration régionale en Afrique. Enseignant-chercheur au département de science politique à l’Université Général Lansana Conté de Sonfonia, l’on apprend qu’il fait des va-et-vient depuis juillet dernier entre Conakry et Khartoum où il offre des conseils stratégiques en médiation à la mission des Nations unies au Soudan dans les efforts de cette dernière de faciliter le rapprochement entre les autorités de la transition et les acteurs politiques de ce pays.
Dans une interview qu’il a accordée à Guineenews en juin 2016, nos lecteurs ont découvert cet expert de haute facture qui venait de servir trois années à Bamako comme Conseiller spécial du Haut représentant de l’Union africaine pour le Mali et le Sahel. Il venait de joindre l’équipe d’élite de huit conseillers principaux en médiation de l’Unité d’appui à la médiation des Nations unies. Il a servi cinq années consécutives au sein de cette équipe, de 2016 à 2021.
Dans son profile sur le site des Nations unies https://peacemaker.un.org/ node/3438, l’on peut lire qu’il a été déployé, durant son mandat avec cette équipe, en appui au facilitateur de l’UA en République démocratique du Congo en 2016 ; en RCA en appui aux missions des Nations unies (MINUSCA) et de l’UA et au gouvernement centrafricain pour le lancement d’une initiative de dialogue avec les groupes armés en 2017, ainsi que pour soutenir la MONUSCO dans la conception d’une stratégie de médiation pour guider le gouvernement congolais dans les discussions avec le Front de résistance patriotique de l’Ituri (FRPI) en 2019. Il a aussi été déployé́ en soutien à l’Envoyé́ personnel du Secrétaire général pour le Sahara occidental, l’ancien président allemand Horst Köhler, lors des négociations entre le Maroc et le Front Polisario en 2018 et 2019, et au Tchad, en Zambie, au Togo, au Malawi et en République du Congo en appui aux Coordonnateurs résidents du système des Nation unies.
Dr Souaré vient de publier, en ce mois d’octobre 2022, un livre de 368 pages sur la diplomatie guinéenne aux éditions du CODESRIA, préfacé par l’ancien Premier ministre guinéen, Kabiné Komara. Interrogé, l’intéressé nous confirme la dédicace de ce livre au mois de novembre ou décembre à Conakry. Selon le journal nigérien, Niamey Soir, https://www.niameysoir.com/ securite-lancien-chef-detat- issoufou-mahamadou-preside-le- panel-independant-de-haut- niveau-la-securite-et-le- developpement-au-sahel/ le véritable travail du Panel a commencé par une série de réunions à Niamey du 17 au 22 octobre courant. Durant ces rencontres, Dr Souaré et ses collègues ont exposé leur compréhension des termes de référence de leur mission et ont largement échangé avec le président Issoufou et ses collaborateurs dans le Panel pour recueillir leurs orientations supplémentaires.
Le panel est censé livrer ses conclusions et recommandations dans la première moitié de 2023.