En dépit du fait de n’avoir toujours pas reçu une convocation en bonne et due forme, le principal opposant guinéen, Cellou Dalein ne reste pas moins visé par une procédure judiciaire. Le ministre de la Sécurité et de la Protection civile l’a fait savoir encore ce vendredi 2 avril. C’était, dans l’émission Sans Concession de Guineenews où il était invité.
C’est très précautionneux que Damantang Albert Camara a abordé le sujet sur les ennuis judiciaires des opposants au régime Condé. Néanmoins, à l’écouter, le pouvoir semble décidé d’aller jusqu’au bout, y compris en ce qui concerne le principal opposant, Cellou Dalein Diallo. Bien que ce dernier n’ait reçu à ce jour aucune notification à cet effet.
« Je sais simplement qu’il y a un comité rogatoire qui englobe un certain nombre d’infractions pour lesquelles le juge a estimé qu’il (Dalein ndlr) peut avoir des renseignements à donner. Et pour cela il ne souhaite pas qu’il s’éloigne du territoire », déclare l’ancien porte-parole du gouvernement.
Avant de mettre fin au débat sur ce sujet, annonçant que « c’est un débat qui aura lieu devant les tribunaux ». Une annonce mise au compte d’une boutade mais qui ne passe pas inaperçue. En tout cas pour qui sait que le président de l’UFDG vit quasi-systématiquement en résidence surveillée depuis la crise issue de la présidentielle dont il s’est déclaré vainqueur, contrairement aux résultats publiés par la CENI, confirmés la cour constitutionnelle.
Le ministre de la Sécurité n’a pas été plus bavard à propos de l’épouse de l’ex-premier ministre. Sa réponse à la question de savoir ce que Mme Dalein a joué comme rôle dans cette crise politique pour lui valoir d’être interdite de voyage, au même titre que son époux, en est la preuve. « Il est au moins égal à celui qu’elle a joué dans la campagne », lâche vaguement Damantang.
Si le ministre de la sécurité a confirmé sans en dire davantage sur les ennuis pour l’instant plus sécuritaires au nom d’une procédure restée jusque-là à la seule discrétion du pouvoir, il s’est laissé aller un peu plus en ce qui concerne les principaux opposants en prison depuis presque 5 mois. Sans les nommés, il s’est permis un lapsus peu anodin. Surtout quand ça vient Damantang qui admet tout de même qu’il n’appartient pas au ministre de la sécurité de prononcer un jugement
« Il y a 5 personnes qui sont dans les liens de culpabilité et qui vont passer en jugement », annonce-t-il, parlant de personnes seulement en détention provisoire, même prolongée. Et d’argumenter plus loin «qu’ils ont principalement été interpellés lors des événements de 2019 – 2020 », tout en précisant « qu’on est encore au stade de l’instruction », et de poursuivre que «c’est fortement lié à tout ce qui s’est passé au moment du référendum, des législatives et de la présidentielle ».
Dans la même lancée, le ministre Damantang déclare que «l’instruction continue et il y a peut être certains éléments qui sont en lien avec d’autres jugements qui concernent d’autres personnes ». Sans dire qui, laissant ainsi libre cours aux interprétations qui ne vont pas manquer. D’autant plus qu’il y a des détenus comme Boubacar Diallo alias »Grenade » et même récemment Almamy Aguibou.
Une sortie qui n’est pas de nature à rassurer ceux qui dénoncent une manipulation de la justice par l’exécutif.