Moussa Sanoh, chauffeur de profession, âgé d’une quarantaine d’années, père d’une famille de trois enfants dont un garçon est porteur de handicap. Tombé du haut d’un palmier, depuis plus de dix (10) ans, il a perdu l’usage de ses jambes. Muni d’une pioche, d’une pelle et d’une brouette, on l’aperçoit souvent, le long de la route de Gbanhana, en face du Centre de Formation Professionnelle (CFP) de N’Zérékoré, jusqu’à niveau du dépôt de carburant, bouchant méticuleusement les nids de poule, pour permettre la libre circulation des engins.
« Je n’étais pas porteur de handicap. C’est un accident qui m’est arrivé. Je suis tombé du haut d’un palmier. Sinon je suis chauffeur de profession. J’ai choisi cette activité, parce que je suis assis à la maison aujourd’hui, sans travail. Je me suis dit que je ne dois pas rester assis, il faut que j’occupe utilement ma journée. C’est pour cela que je remplis les nids de poules sur la route de Gbanhana ici, parce que c’est mon quartier. Donc je le fais pour moi et pour la population. Avec ça beaucoup de gens vont me connaître, comme ça, le jour où je ne serai pas là, ils vont se souvenir de moi. Certains usagers me donnent des petits jetons parfois. Mais je ne le fais pas à cause de l’argent. C’est devenu une passion pour moi. La mairie n’a rien fait pour moi encore sauf qu’elle m’a donné quelques outils de travail dont, une brouette, une pioche et une pelle, » a-t-il laissé entendre.
Poursuivant ses explications, il dira que : « un jour, un monsieur m’a envoyé un million de francs guinéens. Il a remis la somme à un journaliste qui travaille dans une radio de la place qui est venu me la remettre. Je l’en remercie, du fond du cœur . Je suis là, je continue de travailler avec les enfants. Mes enfants, ceux de mon beau et ceux de mon oncle qui viennent chaque matin à la maison, s’ils n’ont pas cours à l’école. On se dirige ici pour continuer le travail.
Ça fait sept (7) ans que je fais ce travail sur ce tronçon. Les autorités sont là, ils me connaissent mais ils ne m’ont jamais fait de don. Chaque fois, c’est pour me dire : ‘’vas après tu viens’’. Je ne peux pas laisser mon temps de travail, pour ces vas et viens, là », a-t-il regretté, avant de solliciter l’aide des autorités et des personnes de bonne volonté.
Il a conclu en disant : « je veux une petite moto pour ma mobilité. Si je gagne aussi de l’argent, ça me fera plaisir, pour subvenir à mes besoins. »